Dans une communication officielle du Conseil National de Suivi de l’Accord et du Processus Électoral (CNSA), signée par son président, Joseph Olenghankoy Mukundji, au terme de sa réunion hebdomadaire du 18 novembre 2025, cette organisation d’appui à la démocratie s’est réunie pour discuter de « l’aspiration du peuple à une paix durable ». Après avoir observé une minute de silence pour les victimes de l’éboulement minier à Kolwezi et d’attaques terroristes (ADF NALU) à Lubero, le CNSA a réagi à la signature de l’Accord cadre de Doha entre le gouvernement de la RDC et le groupe armé AFC/M23.
Saluant cet accord comme une étape vers la paix, le Conseil a, par ailleurs, exprimé de vives inquiétudes quant à la continuité des combats malgré le cessez-le-feu, et le non-respect des engagements. Pour le CNSA, une paix véritable et durable doit inclure des solutions aux problèmes politiques, institutionnels et de gouvernance. Et, l’accord de Doha est jugé inadéquat pour traiter ces questions plus larges. Ainsi, il trouve en cela la nécessité d’une solution politique globale par l’organisation d’un dialogue national inclusif.
Ci-dessous, l’intégralité de son communiqué final.
COMMUNIQUE DU CNSA N°…/CNSA/2025 du 18 novembre 2025
Vu la Résolution 2348 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, adoptée à sa 7910ᵉ séance le 31 mars 2017, prenant acte de la création du CNSA ;
Conformément à la Loi organique n° 18/023 du 13 novembre 2018 et aux chapitres V et VI de l’Accord politique global et inclusif du 31 décembre 2016 ;
Le Conseil National de Suivi de l’Accord et du Processus Électoral, en sigle CNSA, s’est réuni le mardi 18 novembre 2025 en session ordinaire hebdomadaire dans la salle des réunions, sise Immeuble du Cinquantenaire, avenue Isiro n°28, Commune de la Gombe, sous la présidence de Monsieur Joseph Olenghankoy Mukundji, son Président.
Un seul point était inscrit à l’ordre du jour, à savoir :
Intérioriser l’aspiration du peuple à une paix durable.
Le Président du CNSA a fait précéder les débats de la plénière de ce jour par une minute de silence en mémoire de plusieurs dizaines de morts que la Nation a pleurées ce week-end dans le tragique éboulement dans le site minier de Kalondo, carrière de Mulondo au Sud-est de Kolwezi ainsi que dans les attaques barbares de terroristes ADF NALU à BYAMBE dans le Territoire de Lubero.
Le CNSA a appris avec intérêt la signature d’un Accord cadre à Doha entre le Gouvernement de la République et l’AFC/M23, en vue de relancer les négociations de fond devant déboucher sur un accord de paix global et définitif mettant fin à la guerre qui sévit dans la partie orientale de notre pays et aux souffrances indicibles subies par la population.
Le CNSA constate, cependant, qu’il n’a pas été pris la mesure exacte des dangers qui s’accumulent devant notre peuple et la République elle-même en tant qu’Etat par la prolongation de cette situation, étant entendu qu’en dépit de l’accord intermédiaire concernant un cessez-le-feu, des combats se poursuivent sur de nombreuses lignes de front. C’est la raison pour laquelle le CNSA en appelle à la conscience et au patriotisme des parties signataires de l’accord cadre de Doha de tout mettre en œuvre afin de respecter leurs engagements.
Dans le cadre de ces négociations, le CNSA insiste sur l’obligation de scrupuleusement respecter la personnalité nationale et internationale de la République, à travers sa souveraineté, son indépendance politique et l’intégrité de son territoire, ainsi que le respect des principes fondamentaux de notre Constitution touchant les droits fondamentaux auxquels tiennent tous les Congolais.
Le CNSA ne peut s’empêcher d’encourager tous les Congolais de bonne volonté à la vigilance face aux pêcheurs en eaux troubles qui profitent de la guerre en attisant un climat qui ne favorise pas l’aboutissement rapide et heureux du processus, ce qui ne fait que retarder la fin de la guerre et prolonger les souffrances de tous genres.
Le CNSA constate, cependant, face à l’évolution des choses jusqu’à présent, que cette perspective de paix risque de se limiter à la seule « paix militaire », qui ne concerneraient que les armées, et rappelle qu’une telle paix n’est pas de nature à répondre aux réalités de la crise multiforme de notre pays.
Le CNSA estime que la vraie paix devra également concerner les aspects politiques et de gouvernance dans l’ensemble du pays.
Cela est d’autant plus vrai que l’importance de ces sujets voudrait qu’ils fassent l’objet d’un consensus national impliquant toutes les composantes de notre société ; le cadre de Doha n’est pas, à l’évidence, celui indiqué pour ces questions non militaires et qui touchent à la vie politico-institutionnelle et à la gouvernance de toute la Nation.
C’est pourquoi, la paix globale, la seule durable, ne saurait être atteinte sans la formation de ce consensus national sur ces questions générales dans un dialogue global incluant tous les acteurs représentant toutes les franges de la communauté nationale, réunissant les représentants de toutes les forces politiques et sociales, aussi bien de la majorité gouvernante que de l’opposition et de la société civile. Seul un tel consensus est de nature à rassurer tout le monde, dans un élan d’enthousiasme patriotique galvanisé par la communion vécue au cours de l’exercice de catharsis que constituera le Dialogue National Inclusif, avec un renouvellement vécu par chacun de la ferme volonté de reconstruire ensemble la cohésion et l’unité nationales.
Dans cette conviction, le CNSA appelle tout le monde, recommandant cela particulièrement aux institutions de la République, à se laisser guider par le désir ardent, vital et existentiel que ressent comme besoin le peuple qui souffre, d’intérioriser ce besoin pour favoriser dans toutes les actions l’avènement de la paix à laquelle aspire un peuple qui ne compte avec bonne foi et confiance que sur ses institutions.
Que l’Eternel Dieu nous guide.
Commencée à 11 heures 05 minutes, la séance plénière a pris fin 20 heures 48 minutes.