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RDC- Diplomatie : Stéphane Muadi Van déplore « le silence coupable » de la Belgique face à la guerre de l’Est

Par La Prospérité
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Le président du Mouvement Réformateur Congolais (MRC), Stéphane Muadi Van, a vivement critiqué l’attitude de la Belgique qu’il accuse de rester « silencieuse » face à la crise sécuritaire persistante dans l’Est de la Rd Congo. Lors d’une podcast le samedi 15 novembre après la signature d’un nouvel accord avec M23 AFC, l’analyste politique congolais a exprimé sa « profonde déception » quant au manque d’implication de Bruxelles, pourtant ancienne puissance coloniale du pays.

Selon lui, la Belgique aurait dû jouer un rôle de premier plan dans les initiatives de médiation régionale, plutôt que de laisser la place à des acteurs extérieurs comme Doha.

« Doha ne connaît ni l’origine du conflit congolais, ni la complexité de nos frontières. La Belgique, en revanche, possède cette connaissance historique. Elle pouvait et devait  intervenir pour faciliter une véritable médiation », souligne-t-il, faisant référence au rôle du Qatar dans les récentes démarches diplomatiques en Afrique centrale.

Un contraste avec l’engagement belge en faveur de l’Ukraine

Stéphane Muadi Van pointe un déséquilibre flagrant entre l’engagement de la Belgique en faveur de l’Ukraine et son silence face à la situation congolaise. Depuis 2022, Bruxelles a multiplié les actions diplomatiques, humanitaires et militaires pour soutenir Kiev, tandis que son implication dans le dossier congolais reste « limitée à des déclarations de principe », estime-t-il.

« La Belgique ne peut pas détourner le regard pendant que des Congolais meurent chaque jour à Goma, à Beni ou à Bunia », affirme-t-il.

« Quand il s’agit de l’Afrique, les droits humains deviennent soudainement optionnels. »

Pour le président du MRC, cette position crée un malaise moral autant que diplomatique. Il accuse Bruxelles d’adopter une « diplomatie sélective », davantage fondée sur l’émotion que sur un principe de justice internationale.

Une absence remarquée dans les efforts de médiation

Alors que Washington, Doha ou encore Luanda multiplient les propositions de dialogue entre Kinshasa et Kigali, la Belgique reste en retrait. Cette réserve interroge d’autant plus que Bruxelles abrite plusieurs institutions clés de l’Union européenne et conserve des liens historiques et linguistiques avec la RDC.

Des experts interrogés évoquent plusieurs explications possibles : une forme de culpabilité postcoloniale freinant toute démarche proactive ; une diplomatie européenne prioritairement tournée vers l’Ukraine et le Moyen-Orient ; et la crainte de s’impliquer dans un conflit perçu comme complexe et volatile.

Pour Stéphane Muadi Van, cette attitude constitue une « faute morale ».

« Quand une ancienne puissance coloniale choisit le silence face à un génocide larvé, elle devient complice par omission », insiste-t-il.

Les chiffres publiés récemment par l’OCHA rappellent l’ampleur du drame : plus de 10 millions de personnes tuées ou déplacées depuis le début des violences. Plus de 150 groupes armés continuent de sévir dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, avec des violations massives des droits humains régulièrement documentées.

Malgré cette réalité, aucune initiative diplomatique majeure n’a été lancée par Bruxelles au cours des derniers mois.

Un appel à refonder le partenariat belgo-congolais

Muadi Van affirme ne pas chercher la confrontation, mais plaide pour un changement en profondeur des relations entre les deux pays. Il appelle la Belgique à assumer pleinement ses responsabilités historiques et à revenir à une coopération « juste et équilibrée ».

« Si la Belgique avait abordé la crise congolaise avec la même énergie qu’en Ukraine, certaines tragédies auraient pu être évitées. Il n’est pas trop tard pour agir », estime-t-il.

Pour lui, la RDC n’a pas besoin de « compassion de façade », mais d’un partenariat basé sur la dignité, la réciprocité et des engagements concrets.

En avril dernier, Stéphane Muadi Van avait adressé une correspondance au ministre belge des Affaires étrangères et au Premier ministre pour les inviter à engager un dialogue structuré avec Kinshasa. Le ministre s’est rendu dans la capitale congolaise, mais selon Muadi Van, cette visite n’a débouché sur « aucune avancée significative ».

Alors que les combats s’intensifient autour de Goma et que des milliers de civils continuent d’être déplacés chaque semaine, il estime que la Belgique doit clarifier sa position.

Et de conclure par une interrogation lourde de sens :

« La Belgique choisira-t-elle la solidarité historique ou la complicité par le silence ? »

Bosco Kiaka

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