(Par Omer Nsongo die Lema)
Espérons que ses rédacteurs ne seront pas catégorisés « congolais de mauvaise qualité » distillant le « poison rwandais »…
Fleuron, aux côtés du quotidien « Le Phare », de ce que fut la très redoutée « Presse Rouge » sous Mobutu à partir du 24 avril 1990, sous Laurent-Désiré Kabila du 17 mai au 16 janvier et sous Joseph Kabila du 18 janvier 2001 au 24 janvier 2019, devenu trihebdomadaire sous Félix Tshisekedi, le journal fondé par Modeste Mutinga a jeté le 19 novembre dernier un gros pavé dans la mare avec la manchette « Dialogue national inclusif : l’ultime voie pour Tshisekedi ». En voici le chapeau : « Alors que l’accord-cadre signé à Doha entre le gouvernement congolais et l’AFC-M23 devait ouvrir la voie à une désescalade progressive, la réalité sur le terrain rappelle que la paix durable dans l’est de la RDC demeure un horizon lointain. Les violences persistantes, les déplacements massifs de populations et la fragilité sécuritaire alimentent les inquiétudes. Face à cette situation, des voix de plus en plus fortes s’élèvent : Martin Fayulu, François Lumumba, ainsi que plusieurs leaders politiques, sociaux et religieux exhortent le président Félix Tshisekedi à convoquer un dialogue national inclusif. À leurs yeux, cette initiative constitue la seule option capable de désamorcer les tensions, de prévenir le spectre de la balkanisation, un risque qu’ils jugent réel, et de préserver l’unité nationale. Sans ce dialogue, affirment-ils, la paix restera un slogan vide, incapable de transformer la souffrance des populations en véritable apaisement » …
Les lignes sont en train de bouger
En effet, au regard de sa ligne éditoriale réputée pro-Pouvoir, « Le Potentiel » est dans une posture d’opposition à l’égard du binôme « CENCO-ECC » accusé à tort ou à raison de véhiculer et d’inoculer le « poison rwandais », c’est-à-dire tout ce qui est de nature à promouvoir la thèse du Dialogue national pour la résolution de la crise d’abord sécuritaire qui prévaut à l’Est du pays.
Certes, dans sa livraison du 19 novembre, le journal semble passer le message de Martin Fayulu initialement prévu le 17 novembre mais renvoyé au 18 novembre à cause du retour triomphal des Léopards en provenance de Rabat. Mais, ce message est bien passé dans la mesure où il y est fait observer que « Depuis plusieurs semaines, de nombreuses voix s’élèvent, celles de l’opposition, d’acteurs politiques indépendants, de leaders religieux, de la société civile, pour rappeler l’évidence : le Congo ne peut plus se reconstruire en s’appuyant uniquement sur des accords extérieurs » et que « Parmi ces voix, celle de Martin Fayulu résonne avec une rare intensité. L’opposant, rejoint par des personnalités telles que François Lumumba, insiste sur la nécessité de renouer avec un dialogue interne authentique, débarrassé des faux-semblants, pensé et conduit par les Congolais eux-mêmes ».
Trois jours plus tard, soit le 22 novembre 2025, RFI a eu pour invités Afrique Mgr Donatien Nshole de la CENCO et Révérend Eric Nsenga de l’ECC. Le chapeau est ainsi rendu : « En RDC, voilà bientôt 10 mois que, face à la guerre à l’Est, l’Église catholique et les églises protestantes réclament un dialogue national inclusif. Mais le président Tshisekedi fait la sourde oreille. Est-ce à dire que le projet tombe à l’eau ? Pour les catholiques, Mgr Donatien Nsholé est le secrétaire général de la Cenco, la Conférence épiscopale nationale du Congo. Et pour les protestants, le Révérend Eric Nsenga est le secrétaire général de l’ECC, l’Église du Christ au Congo. De passage à Paris, tous deux répondent aux questions de Patient Ligodi et de Christophe Boisbouvier ».
S’appuyant sur l’accord-cadre de Doha signé le 15 septembre, le prélat catholique y trouve une raison de plus pour des retrouvailles entre Congolais. « Plus le temps passe, plus l’AFC-M23 consolide leur présence et s’enracine dans l’administration de ce pays, plus ce sera difficile de le déboulonner », prévient-il.
A la lumière de ces deux prestations, il est clair que les lignes sont en train de bouger.
De quoi forcer l’admiration pour cet acte de courage…
Dans la livraison du mardi 18 novembre 2025 intitulée « Alerte : Doha consacre l’enlisement. De quoi rappeler l’Accord de Lusaka de 1999 », nous prévenions dans « BALISSES » le Pouvoir que l’AFC-M23 trouvait justement son compte dans l’enlisement, autant d’ailleurs que les multinationales et les pays impliqués dans l’exploitation des minerais du sang.
« Avec des moyens financiers et matériels pouvant lui permettre de ‘ménager sa monture’ – moyens émanant des forces visibles et non-visibles qui gravitent autour des ressources naturelles du Kivu et de l’Ituri – la ‘rébellion’ se sait en capacité de tenir le coup jusqu’en 2028_», écrivions-nous en ajoutant à l’attention du régime UDPS/USN : « …ce serait de sa part une bavure que de vouloir résoudre le problème par l’usure dans le chef de l’opposition armée » car, sauf miracle, « on ne voit pas le profil qu’il tirerait de l’enlisement pour une guerre qui va entrer bientôt dans sa quatrième année ».
Dans l’une de ses réponses à RFI à propos de l’enlisement du Dialogue national, Mgr Donatien Nshole fait montre d’une sagesse qu’on ne trouve que dans des personnes formées pour la patience et la tolérance. A Christophe Boisbouvier qui relève le rejet de l’initiative du Dialogue par le Président de la République, le prélat exclut cette interprétation en rappelant la mission confiée par Félix Tshisekedi à son directeur de cabinet pour harmoniser les points de vue des confessions religieuses catégorisées Pro et Anti. D’où la feuille de route adoptée le 25 août 2025 par les confessions religieuses membres de la CENCO, de l’ECC et de la CIN.
Dans leur déclaration commune, elles ont affirmé avoir « ressenti l’ultime nécessité de réunir les fils et les filles du pays dans un dialogue national et inclusif, afin de trouver des solutions holistiques et pérennes aux causes profondes des conflits armés ».
C’est dans la conclusion, sous l’intertitre « Le Congo n’a plus le luxe d’attendre », que
« Le Potentiel » effectue en exploit sa prise de finition. « Le Congo est à la croisée des chemins. L’histoire a placé le pays devant un choix décisif : continuer à s’en remettre aux accords extérieurs et aux arrangements temporaires, ou engager un processus interne de reconstruction politique afin de prévenir l’effondrement progressif de l’unité nationale », écrit-il, soulignant de façon aussi claire que nette : « Les appels à un dialogue inclusif ne sont ni des caprices d’opposants ni des calculs politiques. Ils expriment un sentiment profond, partagé par une partie croissante de la population : celui qu’aucun avenir stable ne pourra se construire sans réunir les Congolais autour de la même table ».
Et d’affirmer : « Plus le temps passe, plus le coût de l’inaction augmente », avant de s’interroger de façon audacieuse : « Et si la véritable question n’était plus : faut-il un dialogue ? Mais plutôt : combien de temps le Congo peut-il survivre sans ce dialogue ? ».
Oui, pour une prise de finition, « Le Potentiel » a fait du « CM Punk », le meilleur actuellement dans le monde du catch.
De quoi forcer l’admiration pour cet acte de courage ! De quoi aussi susciter des inquiétudes par rapport au traitement pouvant être infligé à ce média par les extrémistes de la Fatshisphère.
Ils viennent de mettre en garde l’un des * »médias opposants »* en la personne d’Alain Bolodjwa de la manière la plus abjecte qui soit : le rappel de la cause de l’exil d’un certain Franck Diongo !
Omer Nsongo die Lema
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