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Joseph Kabila : Anatomie d’une Trahison Politique et du Déclin d’une Elite qui Refuse la République

Par La Prospérité
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(Par Jean Aimé Mbiya Bondo Shabanza, Vice-président fédéral et Représentant adjoint de la fédération de l’UDPS Tshisekedi aux États-Unis d’Amérique).

Introduction – Une Nation Blessée par ses Dirigeants

La République Démocratique du Congo vit depuis des décennies dans une tension permanente entre un potentiel immense et une réalité tragiquement stagnante. Ses ressources colossales, son poids géopolitique et la résilience exceptionnelle de son peuple auraient dû le hisser au rang des nations émergentes. Pourtant, le pays s’enlise dans une crise politique et économique qui n’est plus le fruit du hasard, mais le résultat direct d’une gouvernance dévoyée. À chaque tournant de l’histoire nationale, l’espoir collectif semble avoir été méthodiquement étouffé par des dirigeants qui ont préféré la préservation de leurs privilèges à l’intérêt général.

Depuis l’indépendance, le Congo évolue dans un cycle récurrent de frustrations politiques, d’illusions déçues et d’occasions manquées. Les institutions, au lieu d’être les fondations de la stabilité et du progrès, ont été utilisées comme instruments de contrôle, de manipulation et parfois de prédation. C’est dans ce décor déjà fragilisé qu’est apparue la figure de Joseph Kabila : un jeune président arrivé dans un pays meurtri par la guerre, porteur d’un certain espoir, mais sous lequel la promesse de renouveau s’est transformée en un long engrenage de dérives autoritaires et de manœuvres clandestines destinées à confisquer durablement le pouvoir.

Ce qui aurait pu être un tournant historique a finalement révélé, une fois de plus, les mécanismes d’une culture politique dominée par l’opacité, la ruse institutionnelle et la méfiance envers la démocratie. Le peuple congolais, habitué malgré lui à survivre dans la douleur, a vu son rêve d’une gouvernance responsable s’évanouir au rythme des reports électoraux, des répressions ciblées et des arrangements politiques opaques. Ces pratiques n’ont pas seulement trahi un mandat — elles ont fracturé la confiance civique et affaibli les piliers mêmes de la République.

Face à ce constat, cette tribune n’entend ni arrondir les angles ni se satisfaire d’explications faciles. Elle vise à interroger, avec lucidité et fermeté, le rôle des dirigeants et des élites qui ont contribué au blocage du pays ; à passer au crible la trajectoire d’un régime qui a piégé l’avenir collectif ; et à rappeler, avec la vigueur qu’impose l’urgence, la nécessité d’une refondation nationale profonde. Car le Congo n’a plus le luxe de continuer sur cette voie. L’heure est venue pour la nation de se regarder en face — et de choisir enfin le chemin de sa propre renaissance.

La Trahison de Kabila – Un Espoir Transformé en Désillusion

Joseph Kabila est arrivé au pouvoir dans un contexte tragique mais porteur d’un immense espoir. Nombreux voyaient en lui le visage d’un renouveau possible : celui d’un dirigeant jeune, plus pragmatique, capable de tourner la page de la guerre. Mais cet espoir s’est rapidement éteint. À mesure que les années passaient, le pouvoir s’est refermé sur lui-même et l’autoritarisme est devenu la norme.

La réforme constitutionnelle de 2011, facilitant la prolongation de son mandat, a marqué un tournant décisif : celui d’un président prêt à manipuler les règles du jeu pour prolonger son règne. Le non-respect des délais électoraux et la répression violente des manifestations ont confirmé que les intérêts personnels primaient clairement sur les obligations républicaines.
Kabila n’a pas seulement trahi un contrat moral ; il a miné la confiance du peuple congolais dans la possibilité même d’une alternance pacifique.

Les Conséquences Socio-économiques d’une Trahison Nationale

Cette dérive politique n’a pas été sans effet sur la vie quotidienne des Congolais. En détournant les institutions de leurs missions et en plongeant le pays dans une instabilité permanente, le régime a ralenti le développement et compromis l’avenir. Les infrastructures ont continué de se délabrer, les secteurs sociaux ont été sacrifiés, et les richesses du pays — pourtant immenses — ont profité à une minorité bien connectée.

L’incertitude politique, alimentée par les manœuvres autour du maintien de Kabila au pouvoir, a découragé les investisseurs, gelé des projets structurants et limité la croissance économique. La jeunesse, privée d’opportunités, s’est retrouvée dans un désespoir silencieux fait d’exil, de chômage ou de précarité. Le coût réel de cette trahison est colossal : il se mesure en années perdues, en vies brisées et en potentiel national dilapidé.

La Responsabilité des Élites – Une Culture Politique du Sabotage

Si Joseph Kabila a incarné une dérive, il n’en a jamais été le seul responsable. La crise congolaise puise sa source dans une élite politique défaillante, qui a préféré la prédation à la construction, la loyauté clanique à l’engagement républicain. Les institutions, au lieu d’être des remparts, ont été instrumentalisées pour consolider des réseaux d’influence et bloquer toute réforme susceptible de menacer les intérêts établis.

Cette culture de sabotage, plus dangereuse qu’un conflit armé, a créé un État paralysé, incapable d’assurer les services les plus élémentaires. La politique s’est transformée en bataille pour l’accès aux ressources, au détriment du progrès national. Tant que cette élite n’est pas confrontée à une exigence ferme de redevabilité, la RDC demeurera prisonnière d’un cycle autodestructeur.

L’Urgence d’une Refondation Nationale et Institutionnelle

Devant l’ampleur des dégâts, la RDC ne peut plus se contenter de réformes cosmétiques. Ce qui s’impose aujourd’hui, c’est une refondation profonde — institutionnelle, culturelle et morale.
La Constitution doit être sanctuarisée, la justice affranchie de toute ingérence, le Parlement réhabilité dans son rôle de contrôle. Les Congolais doivent exiger une gouvernance fondée sur l’intégrité, la transparence et la responsabilité.

Cette renaissance ne pourra s’appuyer que sur une nouvelle génération de leaders : compétents, intègres, patriotes. Une jeunesse consciente, une société civile structurée et une presse libre doivent en être les piliers. Le Congo n’a pas seulement besoin d’un bon gouvernement ; il a besoin d’un changement de paradigme.

Conclusion – Le Moment de Vérité

La République Démocratique du Congo est arrivée à un carrefour historique où chaque hésitation a un coût humain, économique et politique. Le pays ne peut plus se permettre de tourner en rond, encore moins de reculer. Trop d’années ont été sacrifiées au profit de calculs individuels, d’élites inconsistantes et d’une gouvernance oscillant entre improvisation et prédation. Les Congolais ont payé le prix fort : pauvreté endémique, insécurité persistante, institutions fragilisées, jeunesse désorientée. L’indulgence, longtemps utilisée comme refuge ou comme stratégie d’attente, a désormais atteint ses limites. L’heure est au courage collectif.

Le premier acte de ce sursaut exige une vérité brute : la RDC ne manque ni de richesses ni de talent, mais de dirigeants capables de tenir la barre avec dignité, transparence et sens de l’État. La nation n’a pas besoin de nouveaux chefs qui répètent les erreurs du passé, encore moins de figures qui confondent le pouvoir avec un droit héréditaire ou un outil de chantage. Elle a besoin de bâtisseurs — de femmes et d’hommes capables de transformer l’autorité en responsabilité, la fonction en service, et la vision en action. Dans un pays meurtri par les ambitions démesurées, affirmer cette exigence n’est pas un luxe : c’est une condition de survie.

Ce renouveau implique également une rupture radicale avec les pratiques politiques qui ont miné la confiance publique. Servir l’État ne peut plus être perçu comme un privilège réservé à une caste, mais comme un devoir sacré auquel on se prépare, que l’on exerce avec rigueur, et pour lequel on doit rendre des comptes. La culture de l’impunité, qui a permis à tant de responsables d’agir hors de tout contrôle, doit céder la place à une nouvelle ère où les institutions valent plus que les individus qui les occupent. Une nation ne se construit pas sur la ruse, mais sur la justice et la cohérence.

La trahison a trop duré. Le Congo ne se relèvera que si ses dirigeants prennent enfin la mesure de leurs responsabilités — et si le peuple refuse désormais de se contenter de discours creux. Le changement n’est pas une incantation : c’est un engagement quotidien, un choix politique et un acte de courage. Le pays mérite mieux que la stagnation qu’on lui a imposée. Il mérite un renouveau immédiat, profond et irréversible. L’histoire offrira peut-être une dernière chance. Encore faut-il que la nation la saisisse avec détermination, avant qu’il ne soit trop tard.

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