La République démocratique du Congo a vécu, fin novembre 2025, un moment inédit avec la visite de Felipe Paullier, Sous-Secrétaire général des Nations Unies pour la jeunesse. Dès son arrivée à Kinshasa, le ton était donné : écouter, comprendre et dialoguer avec la jeunesse congolaise pour bâtir des passerelles vers un avenir inclusif et durable.
Au Musée national, le mini-dialogue intergénérationnel a réuni des jeunes venus de Kinshasa, des provinces et même du niveau régional, aux côtés de personnalités clés comme la Ministre de la Jeunesse et de l’Éveil patriotique, Grâce Kutino, la Conseillère spéciale du Chef de l’État, Chantal Yelu, et le Coordonnateur résident du Système des Nations Unies, Bruno Lemarquis. Cette rencontre, organisée par le Gouvernement à travers le Conseil national de la jeunesse, a permis de mettre sur la table les aspirations, les frustrations et les recommandations des jeunes.
Bruno Lemarquis a ouvert le débat en saluant l’engagement des parties prenantes et en rappelant l’urgence d’impliquer les jeunes dans tous les domaines, y compris les processus internationaux.
« Investir dans la jeunesse, c’est assurer le développement durable », a-t-il affirmé, réitérant l’appui du Système des Nations Unies pour renforcer leur participation aux décisions.
La Conseillère du Président a reconnu la légitimité des frustrations liées à l’exclusion des jeunes et a appelé à des solutions concrètes pour leur intégration dans l’action gouvernementale. Grâce Kutino, pour sa part, a mis en avant des avancées majeures : la création du Secrétariat technique national 2250, la validation du Plan d’action national et le renforcement des plateformes multisectorielles. Elle a annoncé la tenue prochaine d’un marché des opportunités pour offrir aux jeunes un espace d’expression et d’échange sur les opportunités d’exploitation de leurs potentiels, en vue de leur autonomisation.
Felipe Paullier, quant à lui, a rappelé que sa mission consistait avant tout à écouter et à comprendre les réalités vécues par la jeunesse congolaise.
« Le monde s’oriente vers le changement porté par la jeunesse », a-t-il déclaré, réaffirmant l’engagement de l’ONU à soutenir le gouvernement pour que les jeunes soient entendus et représentés.
Il a aussi mis à profit sa visite pour échanger avec de jeunes parlementaires pour comprendre leurs priorités et renforcer leur rôle dans l’inclusion des jeunes. Sa rencontre avec des acteurs du secteur privé a porté sur comment promouvoir des partenariats économiques et des modèles de dialogue public-privé. En articulant ces deux démarches, Paullier a souligné la complémentarité entre volonté politique et dynamisme entrepreneurial, indispensables pour créer des emplois, stimuler l’innovation et accélérer la transformation durable du pays.
‘’Les jeunes n’ont pas besoin de la compassion, mais des opportunités’’, a souligné le Sous-Secrétaire Général en charge de la jeunesse, lors du dîner avec le secteur privé.
Après Kinshasa, la visite s’est poursuivie dans le Haut-Katanga, où Paullier a découvert des initiatives concrètes qui changent des vies. À Kipushi, il a rencontré Rachel, l’une des plus de 150 jeunes filles réinsérées grâce à un projet de l’UNICEF visant la formation professionnelle des filles sorties des mines. Devenue couturière, Rachel encadre aujourd’hui d’autres jeunes filles, illustrant la puissance de l’autonomisation.
À Lubumbashi, Paullier s’est rendu au Centre d’Excellence de l’INPP, soutenu par l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI), où plus de 1 400 jeunes (15% des femmes) sont formés à la maintenance des engins lourds et des véhicules commerciaux grâce au Projet d’Appui à la Formation et à l’Emploi Qualifié (PAFEQ), en partenariat avec Volvo, Epiroc et SMT. Cette initiative incarne la synergie entre les Nations Unies et le secteur privé pour créer des opportunités d’emploi durable.
La visite s’est également enrichie d’un dialogue avec les jeunes du Haut-Katanga autour de la paix, de la cohésion sociale et de l’inclusion. Les participants ont insisté sur la nécessité de former des Ambassadeurs de la Paix, de créer des centres d’autonomisation et d’inclure systématiquement les jeunes dans les politiques publiques. Paullier a écouté attentivement leurs préoccupations, notamment la lutte contre les discours de haine, la protection des personnes vulnérables et la préservation de l’environnement dans un contexte marqué par l’activité minière.
Au fil des échanges, un constat s’impose : la RDC dispose d’une jeunesse engagée, créative et capable de transformer le pays. Mais les défis restent nombreux : accès limité aux financements, manque de structures d’accompagnement entrepreneurial, faible culture de l’entrepreneuriat. Les jeunes ont formulé des recommandations fortes, allant de la matérialisation de l’accompagnement institutionnel à la mise en place d’une politique incitative pour l’entrepreneuriat.
Cette visite marque une étape décisive dans la collaboration entre la jeunesse congolaise, le gouvernement et les Nations Unies. Elle a permis de faire entendre la voix des jeunes, de partager leurs priorités et de réaffirmer l’engagement des institutions nationales et internationales à travailler avec eux pour bâtir une RDC plus inclusive, plus stable et tournée vers l’avenir.
Comme l’a souligné Felipe Paullier :
« Ce n’est pas seulement une rencontre, c’est le début d’un processus pour que la jeunesse soit au cœur des décisions qui façonnent son avenir ».