(Par Jonas Tshiombela, Avocat du Peuple)
À l’orée des fêtes de fin d’année, alors que beaucoup s’accordent une pause, que les consciences se reposent et que les silences deviennent confortables, nous avons fait le choix inverse : celui de la parole, de la vérité et de l’engagement. Cette année encore, notre pays a saigné. La République Démocratique du Congo a pleuré ses morts, déplacé ses enfants, violé ses femmes, abandonné sa jeunesse et vu sa souveraineté piétinée. Face à cette réalité brutale, se taire aurait été une trahison. Écrire, dénoncer, alerter, interpeller : voilà pourquoi nos tribunes n’ont jamais cessé. Nous avons parlé quand d’autres négociaient le silence.
Nous avons dénoncé quand certains bénissaient l’inacceptable. Nous avons résisté quand l’injustice se normalisait. Nos tribunes, nos prises de position et nos interpellations publiques n’ont jamais été dictées par la haine, le calcul politique ou la provocation gratuite. Elles ont toujours été et demeurent un acte de foi civique, un prolongement de l’Évangile vécu dans l’espace public : dire la vérité au pouvoir, défendre les sans-voix, refuser l’oppression, protéger la dignité humaine.
Oui, nous avons dérangé. Oui, nous avons choqué. Oui, nous avons été critiqués, attaqués, parfois caricaturés. Mais l’histoire n’avance jamais avec les applaudissements des privilégiés. Elle avance avec la ténacité de celles et ceux qui refusent l’injustice, même au prix de l’impopularité, même au prix de l’isolement. À toutes celles et tous ceux qui nous ont lus, partagés, encouragés, soutenus moralement, spirituellement ou intellectuellement : merci. Votre confiance nous a rappelé que la parole libre n’est jamais vaine et que le peuple congolais n’est pas indifférent à son propre destin. À ceux qui ne nous ont pas appréciés, à ceux qui se sont sentis heurtés, dérangés ou bousculés par notre ton, notre fermeté ou notre radicalité morale : nous demandons pardon. Non pas pour avoir défendu la justice, mais si parfois la forme a blessé là où elle devait éveiller et convaincre. Et à tous ceux qui nous ont offensés, attaqués injustement, calomniés ou méprisés : nous pardonnons. Parce que la lutte pour la justice ne peut être menée avec un cœur chargé de rancœur. Parce que le pardon demeure une force révolutionnaire que l’oppression ne comprend pas. En cette fin d’année, nous affirmons avec clarté et responsabilité : Notre engagement civique ne prend pas de vacances. Notre plume ne sera jamais au service du mensonge. Notre conscience ne sera jamais louée au plus offrant. Noël nous rappelle qu’une lumière peut naître dans la nuit la plus profonde. La nouvelle année nous oblige à rester debout, vigilants et solidaires.
Nous continuerons à dénoncer l’occupation, l’injustice, la corruption, les compromissions et les faux discours religieux ou politiques qui bénissent la souffrance du peuple. Nous continuerons à croire qu’un Congo juste, libre et digne est possible non par miracle, mais par l’engagement citoyen, la vérité et le courage collectif. Peuple congolais, rien ne passera sans le peuple. Et tant qu’il restera une injustice à combattre, nous écrirons, nous parlerons et nous résisterons. Bonnes fêtes de fin de l’année.
Fait à Kinshasa, 20 Décembre 2025.