Alain Kaninda, DG de l’ARCA, lors de son intervention

Photo de famille entre la Direction Générale de l’ARCA et les représentations de sociétés d’assurances en RDC
Le secteur des assurances en République Démocratique du Congo poursuit sa mutation. Présentant l’état du marché pour les exercices 2022 et 2023 lors d’une conférence de presse tenue ce samedi 27 décembre 2025, au salon Lubumbashi du Pullman Grand Hôtel, Alain Kaninda Ngalula, Directeur Général de l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances (ARCA), a confirmé des perspectives ambitieuses appelant à un changement d’échelle. Selon ses prévisions, la taille du marché, estimée aujourd’hui à environ 600 millions USD à horizon 2026, pourrait atteindre une fourchette comprise entre 1 et 5 milliards USD d’ici 2030, à mesure que se consolident les bases structurelles et prudentielles du secteur. Cette projection marque l’entrée dans une nouvelle phase de construction, où la régulation, la solvabilité et l’élargissement de la base assurée deviennent les leviers centraux.
Une croissance de +66 % depuis 2018
Les données présentées confirment que le marché congolais connaît une progression continue. Depuis 2018, le secteur affiche une croissance cumulée de +66 %, complétée par une hausse de +16 % en 2024 et +13 % en 2023 pour l’activité Non-vie.
Cette dynamique est portée par une professionnalisation progressive des opérateurs, l’encadrement réglementaire des activités et la montée d’un environnement juridique davantage aligné sur les standards internationaux. Pour l’ARCA, cette transformation constitue le premier pilier d’une expansion durable.
Compétitivité et répartition
Le marché reste marqué par une concentration autour de quelques acteurs dominants, sans pour autant exclure l’arrivée de nouveaux opérateurs. Dans les assurances Non-vie, RAWSUR (35 %) conserve sa position de leader, suivie de SFA (22 %) et SONAS (18 %), tandis que le reste du marché représente 25 %.
Dans les assurances Vie, RAWSUR Life détient 62 %, devant ACTIVA Vie (26 %) et AFRISSUR (12 %). Cette configuration démontre une compétitivité de plus en plus structurée, appelée à évoluer avec l’entrée d’opérateurs ciblant des niches spécialisées.
Solvabilité et discipline financière
La solidité financière des compagnies représente l’axe central de la projection vers un marché à cinq milliards. Dans les assurances Non-vie, les actifs admis progressent de +13 % en 2023 et +18 % en 2024, alors que les engagements réglementés évoluent de +40 % à +13 % sur ces mêmes années.
Dans les assurances Vie, les actifs admis bondissent de +29 % en 2023 à +40 % en 2024, tandis que les engagements réglementés passent de +94 % à +124 %.
Cette montée en discipline technique révèle un renforcement de la stabilité prudentielle, indispensable à la confiance des assurés et à l’entrée d’investisseurs spécialisés.
Expansion territoriale et pénétration économique
La structure géographique des primes confirme la place de la capitale comme premier centre assurantiel du pays. Kinshasa concentre 67 % des primes Non-vie et 90 % des primes Vie, suivie du Haut-Katanga (19 % Non-vie, 2 % Vie), du Lualaba (7 % Non-vie) et du Nord-Kivu (3 % Vie).
Le reste du territoire varie entre 5 % et 7 %, ce qui traduit un marché encore urbain et métropolitain. L’ARCA identifie ici un pilier stratégique : l’élargissement effectif de la couverture au-delà des zones économiques majeures.
Contribution fiscale : un envol de +10 000 % depuis 2018
Autre indicateur majeur : la contribution fiscale du secteur d’assurance a progressé de +10 000 % depuis 2018. Pour les autorités de régulation, cette évolution reflète à la fois la structuration du marché, la mise en conformité des flux et la croissance des assiettes imposables.
Ce résultat place l’assurance parmi les secteurs les plus contributifs à la mobilisation des recettes publiques, en soutien au financement interne de l’Etat.
Stratégie de développement
A court et moyen terme, l’ARCA articule sa projection autour d’une stratégie de développement axée sur cinq piliers, à savoir la sensibilisation et la vulgarisation, la digitalisation et le développement des canaux innovants, le contrôle permanent et la poursuite de l’implémentation de la Supervision basé sur les risques, le contrôle des assurances obligatoires et la lutte contre l’évasion des primes, et enfin le développement de l’assurance vie et des assurances inclusives
Pour le DG Kaninda, la trajectoire n’est pas seulement financière : elle est structurelle, technique, culturelle et institutionnelle. C’est sur ce socle que repose la possibilité d’un marché devant atteindre, d’ici 2030, 5 milliards USD.
John Ngoyi