Le leader de l’Ecidé (Engagement pour la citoyenneté et le développement) qui séjourne en France après sa tournée américaine, est revenu sur les prochaines élections en RDC. Sur les antennes de Rfi et France 24, Martin Fayulu n’exclut pas le report qui, selon l’avis d’experts, il est impossible d’avoir des élections correctes et impartiales dans les délais, c’est-à-dire, avant le 31 décembre 2023.
Après s’être porté candidat à la magistrature suprême, il pose deux conditions. Premièrement, que l’actuel président Félix Tshisekedi quitte le pouvoir dans les délais constitutionnels, c’est-à-dire, au plus tard le 23 janvier 2024. Deuxièmement, que le président de transition (le président du Sénat, selon la loi), qui lui succédera, organise les élections présidentielle et législatives dans un délai maximum de quatre mois, c’est-à-dire avant le 23 mai 2024, comme le prévoit la loi en cas d’empêchement présidentiel.
Par ailleurs, ce leader de Lamuka qui continue de revendiquer la victoire à la présidentielle de 2018 avec 62% des voix, se dit confiant dans la victoire finale, car il pense que les Congolais sont exaspérés par le «régime corrompu» de Félix Tshisekedi, qui, selon lui, «a dilapidé l’argent public en donnant 21 000 dollars par mois à chaque député au lieu d’équiper l’armée face aux agresseurs rwandais».
Répondant à la question de savoir à quelles conditions les prochaines élections seront-elles transparentes, Fayulu n’y va pas par quatre chemins. «A condition que l’Union sacrée de Félix Tshisekedi, le FCC de Joseph Kabila, sa coalition politique Lamuka et la société civile se réunissent autour d’une table pour revoir la loi électorale et réexaminer la composition de la CENI et de la Cour constitutionnelle».
Pour terminer, Martin Fayulu réclame que le Congo rompe ses relations diplomatiques avec le Rwanda et dénonce le projet de déploiement dans son pays d’une force militaire des pays de la Communauté d’Afrique de l’Est. «Le Congo n’est pas dans l’Afrique de l’Est, il est dans l’Afrique centrale», affirme-t-il.
Convergences parallèles entre l’UDPS et l’Ecidé
Les secrétaires généraux de l’UDPS et de l’Ecidé sont d’accord sur le principe des élections crédibles, transparentes et apaisées. Pour relever ce défi, la formation politique de Martin Fayulu pense qu’il est indispensable de dégager un consensus entre les parties prenantes au processus électoral sur les réformes à mener. Le secrétaire général de l’ECiDé, Devos Kitoko a laissé entendre que même à 5 mois des élections, un compromis doit être trouvé afin de permettre aux Congolais de choisir librement leurs dirigeants.
«Le concept de boycott des élections ne fait pas partie du vocabulaire de l’ECiDé, nous n’allons pas boycotter les élections, nous irons aux élections, mais nous ne participerons pas à n’importe quelle élection. La revendication principale de notre combat politique qui est le consensus entre parties prenantes autour des réformes électorales est une exigence absolue avant les élections. Nous allons continuer à faire pression et nous avons la ferme conviction que tôt ou tard, comme l’ont fait nos frères africains de la Côte d’Ivoire, même à 5 mois avant les élections, nous trouverons un compromis pour que le processus électoral soit crédible, transparent, impartial et apaisé », a-t-il dit.
Tandis qu’à l’UDPS, on rejette toute idée de dialogue ayant pour but de retarder la tenue des élections. Convaincu de la réélection du président Félix Tshisekedi, le secrétaire général de l’UDPS exhorte les partisans de Fayulu à se tranquilliser.
«Nous allons partir aux élections, nous ne voulons pas qu’on s’arrête en cours de route. Ils ont fait le tour du monde en train de propager que: Tshisekedi était impopulaire, s’il y a élection aujourd’hui, il va perdre. C’était leur chanson. Que les amis se tranquillisent. Nous, l’UDPS, sommes disposés pour aller aux élections. Ça sera des élections apaisées et pas agitées comme ils pensent. Le dialogue est un cadre par excellence que tout homme politique sérieux ne peut pas refuser, mais nous ne voulons pas le fameux dialogue pour retarder la tenue des élections », a réagi Augustin Kabuya.
Les élections sont constitutionnellement prévues en 2023. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) ne cesse de rassurer que ce délai sera respecté. Cependant, l’opposition continue d’exiger la recomposition de la plénière de la centrale électorale, la modification de la loi électorale et la recomposition de la Cour constitutionnelle.
Emma Muntu