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Archevêque Métropolitain de Lubumbashi, Mgr Fulgence Muteba Mugalu : ‘‘L’itinéraire du vivre ensemble et la fraternité constructive sont une exigence et un espoir pour le Katanga et la RDC’’

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‘‘…Il me semble important que nous réalisions que lorsqu’un pays béni comme le nôtre, disposant des potentialités économiques et des multiples ressources naturelles, que l’on exploite de la manière qu’on sait, est piégé par des tensions sociales, les divisions de toutes sortes, il devient un appât pour les pêcheurs en eau trouble. Dans ce sens, l’itinéraire du vivre ensemble et la fraternité constructive sont une exigence et un espoir pour le Katanga et la République Démocratique du Congo. Efforçons-nous de tirer les leçons de nos échecs et armons-nous de l’audace pour avancer ! Pour finir, je vous remercie tous et toutes de votre présence à ces assises’’, a déclaré l’Archevêque métropolitain de Lubumbashi lors des assises consacrées au vivre ensemble en vue d’une fraternité constructive au-delà de nos différences tenues dans la capitale cuprifère.   

Discours de clôture du colloque sur le vivre ensemble tenu à Lubumbashi du 16 au 18 juin 2022

Frères et sœurs bien-aimés, Chers participants, Nous voici parvenus au terme de nos assises, consacrées au vivre ensemble en vue d’une fraternité constructive au-delà de nos différences. Dans une sérénité globale, ponctuée parfois de hausses de tons, ce qui est normal entre frères et sœurs, nous avons prouvé que, malgré nos différences, que nous exaspérons assez souvent, il est possible de nous asseoir et de parler, sans haine ni passion, mais dans la vérité et dans le respect mutuel. Le moment que nous avons passé ensemble et l’atmosphère qui y a régné démontrent suffisamment que le vivre ensemble est, ici chez nous, non seulement possible, mais indispensable pour tous. Aussi, je vous présente mes félicitations les plus chaleureuses. J’éprouve une grande fierté pour vous, et ce pour trois motifs : Primo, en répondant généreusement à l’invitation de l’Archidiocèse de Lubumbashi, vous avez prouvé aux yeux de tout observateur, du reste de la RD Congo et du monde entier, que ce qui unit les hommes et les femmes partageant un même espace vital est plus fort, plus noble et plus important que ce qui les divise parfois.

Et ce qui unit, peut-être davantage consolidé, si bien entendu chacun s’y met en prouvant sa bonne foi. Oui, en venant ici, vous avez démontré, de manière éclatante, qu’il est, ici, possible de façonner une autre manière de vivre ; il est possible de jeter les bases d’une société où chacun s’efforce, dans la mesure du possible, de promouvoir la paix et les valeurs de tolérance, de compréhension mutuelle, d’acceptation de l’autre, de cohésion. Secundo, ma fierté pour vous est liée à la retenue, à la tolérance et à l’esprit d’écoute et de partage dont vous avez fait preuve pendant ces trois jours de travail en commun. De mon point de vue, sans être parfaites, nos discussions ont été franches, de haut niveau, pleines de bonne foi et de bon sens. J’ai senti un effort partagé de construire une société de paix et d’entente entre communautés vivant ici, dans le dépassement de soi, pour le bien de tous et toutes. Par-dessus tout, je me réjouis de votre volonté manifeste de vivre ensemble en privilégiant les valeurs humaines et éthiques qui fondent une fraternité constructive dans la différence. Tertio, vous m’avez donné les preuves que, dans notre société, malgré des expériences négatives de cohabitation et les heurts passagers du passé tout comme du présent, il n’est pas vain, aujourd’hui, de parler de la fraternité constructive. Cette fraternité n’est pas chimérique, encore moins impossible. Elle est bel et bien possible, si nous nous engageons courageusement à prendre le chemin du vivre ensemble, en transformant nos différences culturelles et idéologiques en richesses et en opportunités pour grandir ensemble. Il nous est important d’investir nos énergies non pas dans ce qui sépare les humains dans une société, mais dans ce qui construit, édifie et nous rapproche les uns et les autres.

De fait, le vivre ensemble nécessite de chacun et chacune de nous, une conversion profonde qui n’est pas hors de notre portée, mais qui demande juste que nous puissions nous remettre en cause, sortions de nos prisons intérieures, de nos préjugés, de notre orgueil, pour considérer les autres comme des frères et sœurs à aimer, à aider, à comprendre, à rassurer pour que nous marchions ensemble vers le progrès. Après vous avoir exprimé ma fierté pour vous, je voudrais souligner notre responsabilité commune au terme de ce colloque. La cohésion sociale, la paix, le bien commun, ici chez nous, comme partout ailleurs en République Démocratique du Congo, n’ont pas de prix ou plutôt ont un prix inestimable, bien au-dessus de ce qu’on peut imaginer. Il nous faut y travailler tous et y contribuer positivement.

A cet effet, ce colloque sur le vivre ensemble nous confie une responsabilité historique que nous ne saurions esquiver : œuvrer pour ces valeurs inestimables qui font de nous des citoyens consciencieux, des patriotes convaincus et convaincants, fiers d’être Katangais et au Katanga, fiers d’être Congolais. Ce que l’Eglise Famille de Dieu qui est à Lubumbashi attend de chacun et chacune de nous, c’est d’être, dans vos milieux respectifs, des ambassadeurs du vivre ensemble et des missionnaires de la fraternité constructive. Quelle que soit la gravité qu’elle cache, la crise de fraternité qui caractérise notre société n’est pas une fatalité. Elle ne nous condamne pas à la voir s’aggraver davantage et ne nous oblige pas à rester attentistes, encore moins indifférents. Il nous faut l’affronter et la combattre, avec les armes des valeurs humaines et éthiques auxquelles nous croyons, en faire un projet commun qui nous tienne à cœur. Le théologien français Pierre-André Liégié a noté ceci il y a quelques années : « Le phénomène communautaire accompagne ainsi l’histoire humaine en sa profondeur d’humanité, malgré sa discontinuité, ses morts et ses renaissances. L’histoire resurgit, semble-t-il de façon privilégiée, dans les moments de crise de la société, dans les périodes de changement, lorsque du nouveau se cherche ».

Aujourd’hui plus que jamais, il nous faut saisir la balle au bond. Laissez-moi vous dire ceci : les affrontements ethniques, l’enfermement tribal, les affrontements idéologiques, la violence entre militants de partis politiques, l’intolérance, la violence verbale, la stigmatisation et autres maux qui rongent notre société sont des culs de sacs qui ne nous mènent nulle part. Au contraire, ils nuisent à notre société, nous plongent chaque jour dans la misère, retardent le développement, sinon le combattent carrément, affaiblissent son économie, polluent inutilement l’atmosphère sociale, et, en définitive, découragent et chassent les investisseurs. Tout bien considérés, ces fléaux sociaux nous attirent plus de malheur que de bien. Avec audace, il faut nous décider à y mettre fin. Sans être une solution providentielle, la voie du vivre ensemble est plus agréable, en tout cas plus efficace que ces hostilités de trop. Je vous invite donc à le considérer comme notre projet commun, à répandre le plus possible. Et parce que vous y croyez, comme beaucoup d’autres comme nous tous ici réunis, faites-en un mode de vie partout, en famille, dans les écoles, dans les partis politiques, dans les associations socioculturelles, bref dans toute notre société. Sans vous demander votre avis, je vous investis ambassadeurs du vivre ensemble et missionnaires de la fraternité constructive dans les différences ! 1 Pierre-André LIEGE, L’être-ensemble des chrétiens, Paris, Le Centurion, 1975, p. 16. 3 | Page

Mon insistance peut vous surprendre. Mais je parle ainsi parce que j’ai deux convictions qui méritent d’être partagées sans peine. D’une part, en parcourant lucidement notre histoire, je réalise que nous sommes aujourd’hui à l’heure des choix décisifs. Si nous ne nous engageons pas maintenant pour la cohésion sociale, la paix, le consensus à tous les niveaux, demain ce sera trop tard. Sachons que l’exclusion, d’où qu’elle vienne, le mépris des autres, les frustrations accumulées, qu’elles soient politiques ou non, portent les germes de la violence qui n’aide guère notre pays à avancer. Hélas, pour donner la chance à notre démocratie, au développement durable de notre pays, il nous faut sortir de notre orgueil et de nos égoïsmes pour aller, humblement, vers les autres, nos semblables, les étrangers qui partagent la vie avec nous, pour engager un dialogue constructif à travers le vivre ensemble. Il est utile de les faire participer à la construction de notre nation. Pareille démarche est d’autant plus urgente que notre fraternité est, comme on l’a souligné tout au long de ce colloque, fragile, dans le sens le plus fort du mot. Le contraire est une illusion qui risque de nous coûter cher et, de la sorte, compromettre non seulement notre présent, mais aussi le bonheur des générations futures. D’autre part, il me semble important que nous réalisions que lorsqu’un pays béni comme le nôtre, disposant des potentialités économiques et des multiples ressources naturelles, que l’on exploite de la manière qu’on sait, est piégé par des tensions sociales, les divisions de toutes sortes, il devient un appât pour les pêcheurs en eau trouble. Dans ce sens, l’itinéraire du vivre ensemble et la fraternité constructive sont une exigence et un espoir pour le Katanga et la République Démocratique du Congo. Efforçons-nous de tirer les leçons de nos échecs et armons-nous de l’audace pour avancer ! Pour finir, je vous remercie tous et toutes de votre présence à ces assises. Citer chacun ou chacune de vous est un risque d’en oublier certains ou certaines. Acceptez, je vous en prie, ma vive reconnaissance, d’avoir honoré l’Archidiocèse de Lubumbashi en passant ces moments mémorables avec nous. Députés nationaux et provinciaux, ministres, acteurs politiques, maires de villes et bourgmestres, militants de partis politiques, leaders communautaires, animateurs de la société civile et des associations socioculturelles, jeunes, artistes, techniciens de la cuisine, agents de l’ordre, expatriés, hommes et femmes des médias, héros dans l’ombre, soyez tous et toutes chaleureusement remerciés. Mes remerciements vont tout droit à mes collègues des confessions religieuses, aux membres du secrétariat technique, à mes collaborateurs de la curie diocésaine, aux curés doyens, ainsi qu’à tous les religieux et les religieuses. Je dis un merci spécial à nos deux co-modérateurs. Ils ont été fantastiques. En votre nom, je réitère ma gratitude à Monseigneur Donatien NSHOLE pour sa présence, qui nous honore et nous encourage sur le chemin du vivre ensemble. J’exprime ma vive gratitude à tous ceux et celles qui nous ont soutenus financièrement. Que Dieu vous comble d’abondantes bénédictions. Je vous remercie. Lubumbashi, le 18 juin 2022.

Fulgence MUTEBA MUGALU, Archevêque Métropolitain de Lubumbashi.

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