Dans cette RDC sous la fièvre de la campagne électorale où il s’observe des actes d’intolérance, dérapages et bassesses dans le chef des candidats et de leurs sympathisants, le Député national Claudel Lubaya, fidèle à sa réputation d’homme éclectique attaché aux valeurs et au franc-parler remarquable, convie les uns et les autres à ‘’ Élever le débat’’, et à ‘’ éviter la dérive’’. Ce, à travers son message ‘’ Elever le débat, éviter la dérive’’ qu’il a signé le 29 novembre dernier. Claudel Lubaya a été alerté par le constat que plutôt que de chercher à racoler les électeurs en leur présentant leurs programmes, à la place, les candidats préfèrent s’affronter dans les joutes verbales sans rapport avec les vrais problèmes auxquels est confrontée notre société’’. Pour lui, la campagne électorale se veut, en réalité, un intense moment d’éducation civique et de confrontation d’idées pour permettre au souverain primaire d’opérer son choix sur la gouvernance du pays durant les cinq années à venir. De ce fait, les insultes, invectives, la démagogie, l’incitation à la haine, à la discrimination et toutes autres dérives n’ont pas de place dans une campagne pour des élections que l’on veut apaisées. Découvrez ici-bas ce message. Dans les temps obscurs, il faut avoir les idées claires, ainsi s’exprimaient récemment dans une tribune, deux anciens premiers ministres français. De même, en temps de campagne électorale, il faut avoir des idées claires, des projets précis, des programmes lisibles. 10 jours après l’ouverture de la campagne électorale, les Congolais vont-ils enfin pouvoir entendre un de ces jours le programme de chaque candidat, présenté de manière claire et concise ? Il va de soi qu’avant de désigner en toute connaissance de cause ses représentants, le citoyen a besoin de s’approprier les projets de société susceptibles d’éclairer son choix. A place, les candidats préfèrent s’affronter dans les joutes verbales sans rapport avec les vrais problèmes auxquels est confrontée notre société. En réalité, la campagne électorale se veut un intense moment d’éducation civique et de confrontation d’idées pour permettre au souverain primaire d’opérer son choix sur la gouvernance du pays durant les cinq années à venir. De ce fait, les insultes, invectives, la démagogie, l’incitation à la haine, à la discrimination et toutes autres dérives n’ont pas de place dans une campagne pour des élections que l’on veut apaisées. Or, on assiste avec désolation, à un alignement systématique d’invectives partisanes, d’attaques xénophobes et identitaires qui accentuent la fracturation de notre société en même temps qu’ils mettent en péril notre vivre ensemble. Tel qu’elle se déroule depuis son lancement le 19 novembre, la campagne électorale inquiète davantage qu’elle ne rassure. Il y a plus de chaleur que de lumière si bien qu’hier, la Ville de Kindu a enregistré ses premières victimes, dont un mort et des blessés. Les dérives oratoires se multiplient, sur fond d’incitation à la haine et à la discrimination. Ce qui est regrettable, c’est de voir que même le Président de la République, candidat à sa propre succession, se prête allègrement et sans égard à son statut constitutionnel de garant de la Nation, au même jeu dangereux des attaques. Pourtant, aux termes de l’article 69 de la Constitution, « Le Président de la République est le Chef de l’État. Il représente la nation et il est le symbole de l’unité nationale. Il veille au respect de la Constitution ». En briguant un second mandat, le Président de la République, bien que candidat, reste pleinement investi de sa charge constitutionnelle, laquelle le positionne au centre de l’action publique pour la sauvegarde de l’unité de la Nation et la concorde nationale. A ce titre, il ne peut nullement s’autoriser, pour quelque raison que ce soit, fût-il à la faveur d’une campagne électorale, à recourir au discours identitaire au point d’en devenir le porte-étendard. Il dérive. La question du vivre ensemble en RDC doit interpeller nos consciences, au premier rang, celle du Président de la République. Bâtie sur une base pluri ethnique, la société congolaise est multiple, une et indivisible. Elle subit depuis des décennies, un brassage au quotidien que personne ne saurait remettre en cause. Exhumer des thématiques infectieuses portant sur l’identité est un jeu dangereux, contraire à l’idéal socio-démocrate dont se réclame le parti présidentiel. Contrairement au thème de campagne jadis cher à l’UDPS, son parti, à savoir « Le peuple d’abord » dans toutes ses déclinaisons possibles, notre Président a visiblement fait le choix d’infuser au sein de l’opinion un concept aussi dangereux que clivant à savoir « vote contre » ce qui l’appelle « le candidat des étrangers, au service des étrangers ». Le Président de la République emprunte ainsi crument à Staline et aux bolchéviques, leur argumentaire toxique sur « l’ennemi intérieur, agent des étrangers » utilisé autrefois par les partis communistes pour justifier la terreur intérieure et la violence contre les oppositions, particulièrement dans le milieu des années 1930 en URSS stalinienne, ou durant la Révolution culturelle dans la Chine maoïste. Pareil discours venant de sa part est une dérive intolérable. Outre qu’il entretient un climat de suspicion pernicieux, il risque d’ébranler les fondements démocratiques de notre état et en définitive, de porter atteinte à l’unité et à la concorde nationale. En agissant ainsi, le Chef de l’État viole délibérément les articles 63, alinéa 3 : « Toute autorité nationale, provinciale, locale et coutumière a le devoir de sauvegarder l’unité de la République et l’intégrité de son territoire, sous peine de haute trahison » ; 66, alinéa 1 : « Tout Congolais a le devoir de respecter et de traiter ses concitoyens sans discrimination aucune et d’entretenir avec eux des relations qui permettent de sauvegarder, de promouvoir et de renforcer l’unité nationale, le respect et la tolérance réciproques » et 69, alinéa 1 rappelé ci-dessus. A la lumière de ces dispositions constitutionnelles, le Président de la République ne peut donc pas, sous aucun prétexte, y compris la campagne électorale, sortir du cadre légal pour tenir des propos de nature à diviser et enflammer le pays. L’homme, disait Albert Camus, ça s’empêche l’irréparable. Et dans son cas, un Chef de l’État, ça s’empêche les propos incendiaires. Au lieu de se perdre dans des tares dénoncées ci-dessus, le Président candidat Félix Tshisekedi ferait œuvre utile de se concentrer sur l’essentiel. Il a pourtant, après cinq ans de mandat, un bilan à défendre et une vision à clarifier. Proclamé élu le 30 décembre 2018 sur la base du programme « le peuple d’abord », il gagnerait en confiance en en présentant les acquis, les différents ouvrages et actions réalisées, province par province, dans le cadre dudit programme. Il en est de même pour les autres projets, notamment 100 Jours, Tshilejelu, Kin Bopeto, Kin Zéro Trou, PDL-145, Programme présidentiel accéléré de lutte contre la pauvreté, etc. Ce qu’il ne fait pas, du moins jusque-là. Aussi, l’Union sacrée ayant été créée au motif de « matérialiser sa vision pour un Congo uni, fort et prospère », devrait-elle aussi aider le candidat Félix Tshisekedi en déclinant par les détails, les éléments constitutifs de cette vision tant vantée afin que les citoyens puissent se l’approprier. Ce serait logique. C’est cela, à mon humble avis, qui devrait constituer le véritable marqueur de sa campagne. En tout état de cause, à l’occasion de la campagne en cours, il n’est pas de l’intérêt du Chef de l’État de ramener ses propres frustrations accumulées de ses démêlés avec son « frère », le Président Paul Kagame du Rwanda. Exploiter les tensions actuelles entre le Rwanda et la RDC à des fins électorales en indexant ses adversaires qu’il présente comme « candidat des étrangers » est contre-productif, lui-même ayant été, dans un passé récent, très proche du président rwandais. Dans tous les cas, la crise entre la RDC et le Rwanda n’est pas son affaire personnelle. Loin s’en faut. Elle n’est pas non plus éternelle et encore moins, insoluble. J’en ai la certitude. Il s’agit d’une affaire d’État, qui se traite entre États, par des hommes d’État, de fois sous la médiation des autres États. De ce fait, elle n’appelle aucune émotion, aucun état d’âme, aucune théâtralisation non plus. Sous le soleil, nul n’est irremplaçable. Les hommes passent, les pays leur survivent.