La condamnation de l’ancien Premier Ministre Matata par la Cour constitutionnelle a été à la base de l’émoi au sein des états-majors des partis politiques. Les commentaires sont allés dans le sens le plus divers. Il sied de rappeler que cette condamnation est un coup d’éclat pour la justice congolaise.
De nombreux cas de détournement ont émaillé l’avènement de Tshisekedi au pouvoir. Aucun responsable n’a été inquiété. Des arrestations avec pompe, ont fini par la relaxation des auteurs. Des projets qui ont été à la base de tous les espoirs ont fait flop. Il s’agit notamment des 100 jours, Tshilejelu, la Francophonie ou encore le PDLT 145… cités dans des enquêtes de détournement sans que les auteurs en répondent.
Qu’à cela ne tienne, la défense de l’honorable Matata qui a été le premier à réagir à la condamnation de son client, a qualifié ce procès de parodie de justice. Pour Me Laurent Onyemba, avocat de Matata, il dénonce une décision « inique » et « déconnectée de la vérité du dossier » avant d’estimer que son client n’a pas été jugé selon les règles de droit. “On a assisté à la fabrication de chiffres et de faits qui ne cadrent pas avec le droit. Il s’agit d’un procès politique. Tous les principes d’un procès équitable ont été violés”, a-t-il déclaré.
En attendant, l’opposition se déchaine. Tout en réaffirmant son soutien à Matata, le couple PPRD, Patrick Kanga et Francine Muyumba, proches de l’ancien président Joseph Kabila, ont déclaré que les grands défis sont pour les grands hommes. On sait tous où se situe le Palais de justice, mais la véritable justice est celle de Dieu. Et de poursuivre : « Nos encouragements à Maman Hortense, femme de foi et de prière, ainsi qu’à toute la famille Mapon Matata.”
Olivier Kamitatu, le directeur de cabinet du leader de Ensemble pour la République, Moïse Katumbi, n’a pas ménagé le pouvoir. Il a indiqué : “Au fil de ses décisions iniques, la Cour constitutionnelle s’est transformée en véritable laquais de la dictature. Elle vient encore de poignarder le droit. Non bis in idem piétiné, immunités parlementaires bafouées, revirement cousu de fil blanc : ce verdict scélérat, forgé pour abattre un rival, empeste la justice prostituée aux services avant d’appeler l’opposition à se ranger derrière Matata, qualifiant cela d’« impératif ».
C’est une première en RDC qu’un ancien chef de gouvernement soit condamné pour des faits commis dans l’exercice de ses fonctions. Dans un pays longtemps miné par l’impunité, cette décision fait figure de jurisprudence historique, mais non sans controverse.
Dans cette affaire du détournement de plusieurs millions de dollars du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo a écopé de dix ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics. Il était jugé aux côtés de Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, ex-gouverneur de la Banque centrale du Congo, et de Christo Grobler, homme d’affaires sud-africain et dirigeant de la société Africom qui ont été condamnés de cinq ans de travaux forcés.
La Pros.