Une étude réalisée par le Comité International de la Croix-Rouge, durant la période d’avril à mai 2025, révèle des chiffres extrêmement alarmants sur la situation humanitaire au Nord et Sud-Kivu, dans l’Est de la RDC. Selon cette étude, portée sur un échantillon de 109 centres de santé, l’intensification des conflits armés observée, depuis le début de l’année courante, a eu un impact négatif sur le système sanitaire congolais, particulièrement dans les zones affectées par les exactions de la guerre d’agression rwandaise, causant ainsi des dégâts immenses et fragilisant la qualité de la prise en charge médicale. Au cours d’une conférence de presse tenue hier, mardi 17 juin 2025, au siège même de l’Organisation, à la Gombe, Jean-Nicolas Paquet-Rouleau, Chef de la délégation adjoint en charge des opérations du Comité International de la Croix-Rouge, s’est appesanti sur les différentes données statistiques recueillies par ses équipes durant la période d’évaluation dans les deux principales provinces de l’Est du territoire national.
Selon ce responsable, plus de 70% de structures de santé évaluées souffrent de rupture des stocks de médicaments suite à la perturbation infligée aux voies d’acheminement des intrants médicaux et d’autres produits essentiels. Jean-Nicolas Paquet-Rouleau a plaidé, par la même occasion, pour que des mesures palliatives soient prises d’urgence, aussi bien par les parties engagées au conflit que par les partenaires financiers, en vue de soutenir efficacement le secteur de la santé en RDC et préserver les vies des populations. Dans sa communication du jour, il a également rappelé la nécessité du respect du Droit international humanitaire.
Tableau lourd des conséquences enregistrées
‘’L’étude révèle aujourd’hui un système de santé qui est à bout de souffle dans les Kivu. Les centres de santé peinent à traiter des pathologies courantes comme le paludisme, les infections respiratoires, les diarrhées. Plus de 70% de structures de santé évaluées souffrent de rupture des stocks de médicaments, même les anti douleurs comme le Paracétamol, l’Ibuprofène viennent à manquer. Les stocks se vident notamment du fait des pillages depuis l’intensification du conflit. La perturbation du circuit d’acheminement des médicaments ou à cause de la réduction des financements de leurs partenaires humanitaires. Au premier trimestre de 2025, la majorité des établissements médicaux ont noté une diminution de la moitié du nombre de consultations chez les enfants de moins de 5 ans, comparée à la même période en 2024. On a observé une augmentation de plus de 4 fois le nombre de mort-nés dans les structures sur lesquelles ont porté cette évaluation. Le nombre de consultations en santé mentale et soutien psychosocial pour les victimes des violences et pour les victimes des violences sexuelles a été multiplié par 7. Ce sont des chiffres alarmants qui interviennent dans un contexte de coupe humanitaire. Vous n’êtes pas sans savoir que la RDC est parmi les pays les plus touchés par ces coupes. Le budget pour l’aide humanitaire devait passer de 1,4 milliard à près de 500 millions USD pour 2025. Cela arrive au même moment que l’Est traverse une crise majeure de son système de santé’’, a démontré le Chef des opérations du CICR, devant les hommes et femmes des médias.
Et d’insister : ‘’Nous avons donc deux messages importants à véhiculer. Le premier s’adresse aux parties au conflit. Il est impératif qu’elles renforcent les mesures déjà prises, qu’elles fassent tout ce qui est de leur pouvoir pour fournir des soins de santé aux malades, aux blessés, conformément au Droit international humanitaire, mais aussi de protéger les malades, les blessés, les personnes hors de combats, les infrastructures de santé et, dans la mesure du possible, faciliter l’accès aux soins de santé à la population. Le deuxième message est aux pays donateurs. Dans un contexte de réduction de leurs financements, nous leur demandons de prendre en compte, d’être sensibles à l’accroissement significatif des besoins humanitaires à l’Est de la RDC et à la nécessité de concentrer leurs fonds là où les priorités sont le plus importantes et envers les organisations qui parviennent à faire la différence. Au Gouvernement, qu’il renforce ses efforts à maintenir un système de santé qui puisse répondre aux besoins de toute la population. En tant qu’intermédiaire neutre, le CICR est disposé à offrir son expertise, son expérience et sa pertinence opérationnelle afin de trouver des solutions pratiques’’.
Le CICR engagé pour le bien-être des congolais
A la lumière des précisions fournies à la presse, la CICR a réalisé un travail de soutien considérable dans les zones déchirées par l’insécurité dans l’Est en termes des soins en faveur des blessés par arme et d’appui logistique aux structures médicales. ‘’Plus de 2900 blessés par arme ont été traités dans les hôpitaux soutenus par le CICR au Nord-Kivu et Sud-Kivu, près de 7000 interventions chirurgicales ont été effectuées pour soigner les blessés ; 3 hôpitaux ont été soutenus de façon régulière ; 3 projets chirurgicaux d’urgence ont été déployés ; 15 structures de santé ont été appuyés en intrants médicaux ; près de 33800 personnes ont bénéficié d’un soutien en soins de santé mentale et psychosociale ; 440 personnes victimes de violences sexuelles ont été soulagées ; 261 personnes ont été formées aux gestes de premier secours ; plus de 450 fauteuils roulants et autres appareils d’aide à la mobilité ont été livrés ; 13 tentes ont été installées ; 63070m3 d’eau potable ont été livrés ; 27250 litres de carburant ont été donnés ; 1 générateur électrique de 330 KVA a été donné à l’hôpital provincial général de référence de Bukavu’’.
Pour rappel, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) est une organisation neutre, impartiale et indépendante dont le mandat, strictement humanitaire, découle des Conventions de Genève de 1949. Il porte assistance aux personnes touchées par un conflit armé ou d’autres situations de violence partout dans le monde, mettant tout en œuvre pour améliorer leur sort et protéger leur vie, leur dignité, très souvent en collaboration avec ses partenaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
GM