(Par Eric Kamba, Analyste Politique)
Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2019, le président Félix Tshisekedi marque un changement notable dans la trajectoire politique, sociale et économique de la République Démocratique du Congo (RDC). À travers une série de réformes ambitieuses, il s’attache à redresser un pays longtemps fragilisé par des crises successives, des conflits et une gouvernance déficiente.
Une justice renforcée et un État de droit en marche
Sur le plan institutionnel, Félix Tshisekedi a placé la justice et l’État de droit au cœur de ses priorités. Le renforcement de l’indépendance judiciaire, la lutte contre la corruption, symbolisée notamment par le procès de personnalités proches du pouvoir, et la promotion des libertés fondamentales témoignent d’une volonté de rupture avec les pratiques passées. La presse, libérée de certaines entraves, joue désormais un rôle plus actif dans la vie publique.
La RDC retrouve sa place sur la scène internationale
Diplomatiquement, la RDC retrouve une place plus affirmée sur la scène internationale. Le pays renforce ses relations avec les grandes puissances tout en jouant un rôle clé dans la région des Grands Lacs. La coopération avec les voisins comme l’Angola, l’Ouganda ou le Rwanda, bien que complexe, progresse vers la paix et la stabilité.
Progrès sociaux : éducation, santé et emploi au cœur des priorités
Les avancées sociales sont palpables, avec la gratuité de l’enseignement primaire, des efforts accrus pour améliorer le système de santé et des politiques visant à réduire le chômage, en particulier chez les jeunes.
Une meilleure gouvernance du secteur minier
Infrastructures stratégiques et intégration régionale
Le mandat de Félix Tshisekedi se distingue également par une relance ambitieuse des infrastructures, levier essentiel de croissance et de stabilité. Outre le projet du corridor de Lobito, la RDC s’inscrit dans plusieurs initiatives visant à améliorer la connectivité régionale, fluidifier le commerce transfrontalier et désenclaver les zones riches en ressources.
Parmi ces projets figurent la réhabilitation du chemin de fer Kinshasa-Matadi, l’extension du port de Banana, le développement de zones économiques spéciales et les travaux sur les corridors routiers Est-Ouest. Ces initiatives traduisent une volonté de positionner la RDC comme un hub logistique majeur au cœur de l’Afrique, tout en stimulant la transformation locale des ressources et l’emploi.
Un autre projet structurant qui témoigne de la vision régionale du président Tshisekedi est le corridor de Lobito, un axe ferroviaire stratégique reliant le sud de la RDC au port atlantique d’Angola. Ce corridor vise à désenclaver les provinces minières du Katanga, à accélérer l’exportation des ressources et à renforcer l’intégration régionale. Il symbolise l’ambition du chef de l’État de transformer les infrastructures du pays en leviers de développement économique et géopolitique.
Encadré spécial : « Minerais contre sécurité » – Un partenariat stratégique RDC-USA
Dans le cadre de sa politique de relance diplomatique et économique, le président Félix Tshisekedi finalise un accord stratégique avec les États-Unis, connu sous l’appellation informelle de « minerais contre sécurité ». Ce partenariat inédit prévoit un soutien accru des États-Unis à la sécurité et à la stabilisation de l’Est du Congo, en contrepartie d’un accès garanti aux minerais critiques congolais — notamment le cobalt et le lithium, essentiels aux industries technologiques et à la transition énergétique mondiale. Cette coopération marque une nouvelle ère dans les relations entre la RDC et les grandes puissances, renforçant la souveraineté congolaise tout en sécurisant ses ressources.
Le secteur minier, pilier de l’économie congolaise, est également soumis à une meilleure gouvernance pour garantir transparence et durabilité. Dans cette optique, un accord stratégique en cours de finalisation entre la RDC et les États-Unis, souvent qualifié de « minerais contre sécurité », s’annonce comme l’un des actes diplomatiques et économiques majeurs du mandat Tshisekedi. Ce deal prévoit un appui sécuritaire accru des États-Unis dans la région en échange d’un accès privilégié aux minerais critiques comme le cobalt et le lithium, essentiels à la transition énergétique mondiale. Cette initiative renforce la position géostratégique de la RDC tout en assurant un meilleur encadrement de l’exploitation minière.
Des défis persistants mais un espoir renouvelé
Sécurité dans l’Est : une priorité présidentielle
Depuis le début de son mandat, Félix Tshisekedi a placé la pacification de l’Est du pays au sommet de son agenda sécuritaire. Il a multiplié les initiatives diplomatiques pour renforcer la coopération avec les pays voisins, tout en soutenant l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Cette mesure, bien que controversée, visait à redonner le contrôle des zones affectées aux forces armées congolaises.
Par ailleurs, le président a encouragé une présence accrue des forces régionales à travers la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), tout en poursuivant les discussions au sein de l’Union africaine pour une approche coordonnée face aux groupes armés. Le déploiement progressif des FARDC avec le soutien technique de partenaires internationaux témoigne d’une volonté de restaurer l’autorité de l’État dans les zones en crise.
Le partenariat stratégique avec les États-Unis, via le deal « minerais contre sécurité », s’inscrit aussi dans cette logique, en assurant un appui logistique et sécuritaire renforcé dans les régions minières affectées par l’instabilité. Cette approche multidimensionnelle — militaire, diplomatique et économique — illustre un engagement ferme du chef de l’État pour ramener la paix durable dans l’Est du Congo.
Malgré ces progrès, de nombreux défis subsistent, notamment en matière de sécurité dans l’Est, de gouvernance locale et de réduction des inégalités. Toutefois, le mandat de Félix Tshisekedi incarne une nouvelle dynamique, porteuse d’espoir pour un Congo plus stable, démocratique et prospère.
Ce tournant historique mérite une attention soutenue, tant il conditionne l’avenir d’un pays stratégique pour l’Afrique et le monde.