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65 ans d’Indépendance de la République Démocratique du Congo : Bilan, Défis et Espoirs pour un avenir  meilleur.

Par La Prospérité
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(Par David Menge, Docteur en Histoire des sciences et institutions scientifiques)

Le 30 juin 1960 marque la date anniversaire de l’indépendance de la République Démocratique du Congo (RDC), obtenue à l’issue d’une lutte acharnée, et est également le témoin d’une transition marquée par de nombreuses turbulences. L’impréparation des acteurs politiques dès les premières années d’indépendance a plongé le pays dans de vives tensions, exacerbées par des conflits ethniques et des luttes pour le pouvoir. La crise du Katanga, région riche en minerais, qui a tenté de faire sécession sous l’impulsion de Moïse Tshombe, a profondément fragilisé la stabilité nationale. Par ailleurs, les différends entre le premier président, Joseph Kasa-Vubu, et le premier ministre, Patrice Lumumba, ont également contribué à accentuer cette instabilité.

En 1965, le coup d’État militaire mené par le colonel Mobutu Sese Seko lui a permis de prendre le contrôle du pays, marquant ainsi le début de son long règne qui durera 32 ans. Le Président Mobutu instaure un régime autoritaire, renomme le pays Zaïre en 1971, et consolide sa mainmise sur le pays à travers la centralisation du pouvoir. Une politique d’authenticité, visant à supprimer les influences coloniales, est initiée, mais très vite, le pays sombre dans la corruption et la répression. La guerre froide a également influencé la politique du Zaïre, permettant au président Mobutu de soutenir certains mouvements anti-communistes, tout en bénéficiant d’une aide extérieure pour maintenir son régime en place. Malgré ses richesses naturelles, notamment ses minerais, la situation économique s’est détériorée, et la gouvernance autoritaire a conduit à une crise sociale et économique profonde.

Dans les années 1990, sous la pression de la communauté internationale, Mobutu a annoncé une transition vers le multipartisme. Cependant, les pourparlers politiques menés lors de la Conférence nationale souveraine n’ont pas abouti aux résultats escomptés. La situation s’est aggravée en 1997 avec le déclenchement de la guerre de libération menée par l’AFDL, soutenue par des pays voisins tels que le Rwanda et l’Ouganda. La chute de Mobutu en mai 1997, après plus de trente ans de règne, a permis à Laurent-Désiré Kabila de prendre le pouvoir, établissant ainsi la République démocratique du Congo.

Peu après, en 1998-1999, la RDC a été plongée dans la Première Guerre du Congo, un conflit régional majeur impliquant plusieurs pays, causant des destructions massives, des pertes humaines importantes et une crise humanitaire grave. En 2001, le Président Laurent-Désiré Kabila est assassiné, et Joseph Kabila lui succède. La nouvelle équipe lance un processus de paix, avec les accords de Sun City en 2002, visant à stabiliser le pays et à organiser des élections démocratiques. La RDC sort alors d’une période de conflit intense, mais la situation sécuritaire dans l’Est du pays reste préoccupante.

Les années suivantes ont été marquées par l’adoption de la Constitution de la Troisième République, ainsi que par la tenue d’élections présidentielles en 2006, qui ont conduit à l’élection du Président Joseph Kabila, malgré les affrontements avec son challenger Jean-Bemba, notamment en raison d’accusations d’irrégularités lors du scrutin. En 2011, Joseph Kabila a été réélu, puis, en 2018, Félix Tshisekedi a été élu président, marquant une étape importante vers la stabilité politique. Toutefois, la République démocratique du Congo continue de faire face à de nombreux défis, tels que les conflits dans l’est du pays, les crises humanitaires, la pauvreté, une gouvernance fragile et une instabilité sécuritaire persistante.

Depuis 2019, la RDC traverse une période marquée par des tensions politiques persistantes, notamment suite aux élections de 2018. La pandémie de COVID-19 en 2020 a aggravé les défis sanitaires et économiques. Les années suivantes ont vu des efforts pour renforcer la stabilité, lutter contre l’insécurité dans l’Est, attirer des investissements dans le secteur minier, et poursuivre la reconstruction économique. En 2024, le président Félix Tshisekedi a été réélu, témoignant de la confiance renouvelée de la population. Toutefois, les défis liés à la paix, à la gouvernance et au développement restent importants. Au début de l’année 2025, l’Est du pays a été le théâtre d’affrontements entre l’armée régulière et l’armée rwandaise, appuyée par ses supplétifs du M23/AFC. Un territoire immense du Nord et du Sud Kivu est occupé par cette armée étrangère, avec la prise de deux villes emblématiques : Goma et Bukavu.

Pour trouver un équilibre géopolitique régional, les États-Unis et le Qatar jouent les médiateurs dans les pourparlers entre la RDC et le Rwanda. Un accord semble avoir été trouvé, et la signature des deux parties est prévue pour le 27 juin 2025, reconnaissant la souveraineté des frontières issues de la colonisation, le retrait de l’armée rwandaise, ainsi que la démobilisation des groupes armés.

Pour conclure, les 65 ans d’indépendance de la RDC ont été marqués par des crises politiques récurrentes, la résistance sociale des acteurs politiques au changement, ainsi que par la non-application des lois, ce qui a fragilisé la République et freiné tout processus de développement. Cette situation s’est traduite par une pauvreté accrue, un déficit d’infrastructures dignes d’une nation souveraine, et l’incapacité à disposer d’une armée nationale moderne capable de garantir l’intégrité territoriale.

La faiblesse de l’armée congolaise permet à de petits pays, comme le Rwanda, de s’introduire dans notre territoire et d’y occuper des zones qu’ils exploitent à leur avantage, parfois avec la complicité de certains de nos compatriotes. Il est temps de considérer cet anniversaire comme une occasion de méditation. Réfléchissons ensemble, faisons une introspection profonde afin que chacun, en âme et conscience, s’interroge sur son engagement en politique.

Aujourd’hui, la République Démocratique du Congo dispose d’un potentiel exceptionnel, notamment grâce à ses vastes ressources naturelles et à une jeunesse dynamique et enthousiaste, qui constitue une force vive pour le développement du pays. Cependant, pour transformer ce potentiel en réalité concrète, il est impératif de renforcer la stabilité politique, d’assurer une gouvernance transparente et responsable, et de promouvoir une société civile intègre. La prise en compte des défis actuels, ainsi que la gravité des enjeux auxquels le pays est confronté, doivent guider nos actions afin de bâtir un avenir plus sûr et prospère.

Célébrer cet anniversaire constitue une occasion précieuse pour faire le bilan des progrès réalisés, tout en identifiant les défis encore à relever. C’est également le moment de réfléchir collectivement aux stratégies nécessaires pour construire un avenir meilleur pour tous les Congolais, fondé sur la justice, l’équité et le développement durable. Bien que le chemin soit encore long, l’espoir d’un avenir plus stable, équitable et prospère demeure vivant, porté par le patriotisme, la détermination et l’engagement de l’ensemble des acteurs.

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