Alors que l’Accord de paix signé à Washington entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, sous la médiation des États-Unis, continue de susciter réactions et interrogations, Maître Dahlia, femme politique et présidente de la Fondation Aequitas, a livré une lecture critique de la position congolaise. Invitée ce jeudi 10 juillet sur les ondes de CCTV, elle n’a pas mâché ses mots.
Selon elle, l’accord aurait pu être une opportunité pour la RDC de reprendre le contrôle du récit diplomatique souvent imposé par Kigali. « Cet accord aurait pu être une occasion stratégique pour la ministre Thérèse Kayikwamba et son équipe de renverser le narratif rwandais, notamment sur la question des FDLR. Malheureusement, notre diplomatie a manqué cette opportunité en s’alignant sur un récit qui nous dépeint non pas comme des victimes, mais comme des agresseurs. », a-t-elle laissé entendre.
Elle ajoute : « En diplomatie, la partie qui impose son narratif remporte la bataille politique. Aujourd’hui, on nous parle de désarmement des groupes armés et de levée défensive rwandaise, et nous adhérons. »
Revenant sur un précédent, elle rappelle : « En 2004, la tripartite RDC-Rwanda-Ouganda sous l’égide des États-Unis avait déjà permis au Rwanda d’entrer sur notre sol pour traquer les FDLR. En 2025, nous revivons exactement le même schéma, avec ce discours sur les FDLR comme menace, selon l’imaginaire de Paul Kagame. Or, cela fait 30 ans que nous payons le prix fort : des millions de morts, des femmes violées, des villages détruits, et nos minerais pillés. »
Maître Dahlia a également exprimé ses inquiétudes face à certaines déclarations de la ministre d’État : « Lorsqu’elle affirme que la RDC va sensibiliser le FDLR, elle donne implicitement raison au Rwanda, comme pour dire que nous savons où les trouver, et que nous allons discuter avec eux. Cela accrédite l’idée que nous les soutenons, alors qu’en réalité, il ne s’agit pas des FDLR », dit-elle
Et de conclure : « Pas une seule fois, nous n’avons entendu une balle tirée par les FDLR vers le Rwanda à partir du sol congolais. En revanche, depuis 30 ans, ce sont nos terres qui sont violées, nos populations massacrées, nos femmes brutalisées. Alors, parler encore des FDLR aujourd’hui, c’est insulter la mémoire de nos morts qui attendent justice. »
À travers cette sortie, Maître Dahlia appelle à une diplomatie plus lucide, plus ferme et centrée sur les véritables souffrances du peuple congolais.
Israël Mboma