(Par Mingiedi Mbala N’zeteke Charlie Jephthé, Activiste, Penseur et Notable de Madimba).
Le 5 juillet 2024, je posais enfin mes pieds sur le sol de mes ancêtres après plus d’une décennie d’exil en Afrique du Sud, le pays de tata Madiba. Ce retour, que j’attendais depuis si longtemps, fut à la fois un soulagement et un choc. Soulagement, parce que je retrouvais ma terre natale ; choc, parce que je découvrais l’ampleur du vide que l’exil avait laissé dans ma vie. Aujourd’hui, une année après, je ressens le besoin de rendre témoignage, d’ouvrir mon cœur et de dire ce que signifie réellement le prix de l’engagement pour la mère patrie.
Car la vérité est simple : défendre son pays, c’est aussi accepter de tout perdre. J’ai perdu beaucoup et aujourd’hui j’ai accepté de repartir de zéro dans la vie. Pendant ces longues années d’exil forcé, j’ai dû mener une vie de prudence permanente, chaque sortie publique pouvant m’exposer à une arrestation, une extradition ou même à l’élimination physique. Dans ce type d’exil, où le pays d’accueil collabore souvent avec le régime que vous combattez, on ne vit pas vraiment : on survit. Et dans cette survie, on finit par perdre l’amour, l’amitié, le respect de ses propres enfants. Aujourd’hui, je me bats encore pour renouer une vraie relation avec eux. Voilà le prix silencieux que j’ai payé, comme tant d’autres, pour avoir choisi de défendre la dignité de ma terre et de mon peuple.
Mais au milieu de ce désert, je n’étais pas totalement seul. Je tiens à le dire avec force : mes frères et amis du Grand Katanga, en particulier ceux de ma ville chérie Kolwezi, ne m’ont jamais abandonné. Alors que d’autres s’éloignaient, eux sont restés fidèles. Un petit groupe, discret mais constant, m’a soutenu financièrement et moralement, pendant mon exil et même après mon retour. Grâce à eux, j’ai pu me relancer, pour ne pas dire renaître de mes cendres. À vous, mes frères de Kolwezi, je dis merci du fond du cœur. Vous avez prouvé que la vraie fraternité existe encore.
Durant cet exil, j’ai aussi rencontré de belles âmes, qui sont devenues comme les membres de ma propre famille. Je pense ici à Ndona Me Belinda Luntadila et à son cher époux, pour tout ce qu’ils ont fait en faveur de ma famille restreinte ; mais aussi à l’association Bana Kintambo de Johannesburg, dont l’assistance a été précieuse dans les moments difficiles. À vous, je vous adresse mes salutations distinguées et ma reconnaissance éternelle. À mes amis combattants-résistants de partout dans le monde, compagnons de route, je dis aussi merci. Il est certes vrai que nous pleurons aujourd’hui notre consœur de lutte Yoyou Mutumosi (celle que j’appelais affectueusement ma jumelle parallèle) mais sachez que je porte dans mon cœur tout ce que nous avons accompli ensemble pour l’amour de notre seul et unique pays que le Dieu Créateur nous a donné.
Et puis il y a la douleur intime, celle qui marque à jamais. J’avais déjà perdu mon père, mais la mort de ma chère mère en mai 2019 m’avait brisé totalement. Depuis mon retour, je n’ai pas encore eu le courage ni la force d’aller m’incliner devant sa tombe. Je pense que le temps est venu de le faire, après notre récent périple avec Sa Majesté Joseph Mukungubila dans le Grand Katanga donc dans le Congo profond. Ce geste sera pour moi à la fois un acte de recueillement et de réconciliation intérieure.
Une année après mon retour, je garde la conviction que chaque sacrifice n’aura pas été vain. L’exil m’a appris la patience, la résistance, et surtout la certitude que notre combat est juste. Aujourd’hui, j’élève ma voix pour lancer un appel solennel : il est temps que prenne fin l’occupation étrangère qui dure dans notre pays depuis plus de trois décennies. Notre peuple mérite d’être libre, et notre nation doit retrouver toute sa dignité d’État souverain.
Vive le Congo libre et digne!
Par Mingiedi Mbala N’zeteke Charlie Jephthé
Activiste, Penseur et Notable de Madimba.