Le Fond National de Réparation des Victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, FONAREV en sigle, a, par la voix de son Directeur Général Patrick Fata Makunga, pris part active aux échanges en marge de la 80ème Assemblée Générale des Nations Unies qui s’est tenue à New York du 22 au 29 septembre 2025, en vue de porter son plaidoyer devant des personnalités importantes pour la reconnaissance du génocide congolais.
Engagé dans la dynamique de redevabilité, Patrick Fata a répondu aux questions de Christian Lusakweno, le jeudi 25 septembre 2025 à New York, dans l’émission Face à face.
Bilan de l’évolution du plaidoyer
De Genève à New York, le FONAREV ne cesse de porter la voix des victimes survivantes et mortes dans les conflits sanglants qui menacent la partie orientale du pays depuis plus de trente ans. Fort de l’engagement et la détermination des autorités de cette institution publique, les résultats sont prometteurs et encourageant pour la poursuite du plaidoyer à l’international.
«Des débuts déjà très encourageants au regard de ce que nous avons comme retour sur terrain, à Genève ou à New York, sur ce plaidoyer que nous avons commencé sur le plan international. Les résultats déjà obtenus jusque-là sur les deux premières étapes sont très encourageants et nous motivent à continuer par la suite », a-t-il rassuré.
Une visibilité à large spectre à travers «une exposition qui a été faite sur place, à New York», pour une reconnaissance du génocide commis en République Démocratique du Congo.
«Reconnaissance, seul but poursuivi !»
La sensibilisation devrait in fine aboutir à la reconnaissance, laquelle doit passer par plusieurs aspects, a indiqué le DG du FONAREV.
«Le reconnaitre passe par plusieurs aspects. Je pense que la finalité dans la reconnaissance, c’est d’avoir des déclarations, des jugements au niveau des Cours internationales. Mais cela est précédée par la sensibilisation, cette sensibilisation que nous faisons tous azimuts en faite. Il ne s’agit pas de faire des réunions où nous réunissons des personnalités et même la diaspora, mais aussi sur d’autres expressions visuelles, comme l’art, où nous pouvons attirer des gens aujourd’hui à regarder, apprendre l’histoire du Congo et prendre cause pour ces victimes pour qui nous portons la voix au niveau du FONAREV ».
Et de renchérir : «Cette exposition vise à inviter les participants à être les porte-voix des victimes pour la reconnaissance du génocide congolais afin de rétablir la vérité et d’indemniser les victimes».
L’exemple des conflits Ukrainien ou palestinien pousse le Congo à intensifier son plaidoyer pour que même dans les capitales occidentales qu’on y trouve des populations qui se lèvent pour demander justice en faveur des victimes du génocide congolais.
«On voit pour d’autres conflits, pour ne citer que ceux-là, que ça soit le conflit ukrainien ou le conflit palestinien, nous avons vu actuellement, dans les capitales occidentales, les locaux et les nationaux se lever pour parler de cette cause-là parce qu’ils sont au courant de ce qui se passe. Mais cela n’a jamais été le cas pour la République Démocratique du Congo. Ce qu’on a eu comme mobilisation jusque-là c’était pour de la diaspora. Mais nous devons aller plus loin si nous voulons que le monde prenne la cause pour nous il ne s’agit pas que des politiques mais aussi des citoyens qui habitent dans ces pays-là afin qu’ils apprennent ce qui se passe au Congo depuis plus de trente ans aujourd’hui », a-t-il plaidé.
« Changement de paradigme »
Une campagne de sensibilisation intense qui vise à pousser les différents décideurs du monde à changer de paradigme au sujet de ce qui se passe au Congo.
« Nous sommes dans les environnements politiques. Et le politique est contrôlé par les électeurs. Donc, aujourd’hui, il est important que les citoyens comprennent ce qui se passe pour qu’ils deviennent nos ambassadeurs, nos avocats à travers les différentes personnalités afin de leurs dire regardez différemment ce qui se passe au Congo et que cela ne peut plus continuer », a déclaré le DG de FONAREV.
Dans le cadre de l’exécution de la feuille de route validée pour la sensibilisation de la reconnaissance du Genocost, une campagne au sens beaucoup plus large est envisagée dans le but d’élargir son champ d’action du plaidoyer pour une reconnaissance effective du génocide congolais sur la sphère internationale.
« Nous sommes dans le cadre de l’exécution de la feuille de route validée pour la sensibilisation et la reconnaissance Genocost que nous avons validé ensemble avec la CEVOC en début de l’année. Cette feuille de route a commencé par une table ronde qui s’est tenue à Kinshasa en avril et qui portait sur l’appropriation nationale et la reconnaissance internationale du génocide, qui a été suivi d’un colloque international qui a accueilli des scientifiques de tout bord qui sont venus étudier en profondeur ce massacre que nous qualifions nous de génocide perpétré sur le sol congolais. Après ça, il y a eu la journée de commémoration instaurée par la loi. Pour la première fois, un mémorial a été destiné à ces victimes-là. Et la suite de cette campagne était de la porter au niveau de l’international. C’était symbolique d’être à Genève, en marge de la 60ème session du conseil des droits de l’homme, et aujourd’hui, à New York parce que ce sont des entités où la question des droits de l’homme sont abordées. La campagne ne se termine pas là, elle ne fait que commencer. Plusieurs autres étapes sont prévues et plusieurs autres canaux de communication, de sensibilisation vont être déployés pour sensibiliser et continuer ce plaidoyer », a-t-il indiqué.
Des résolutions pour une prise de conscience nationale
Par appropriation national, il convient de rappeler que la table ronde d’avril dernier à Kinshasa avait pour un des objectifs de commencer à sensibiliser les congolais à prendre conscience de ce qui se passe au pays depuis trente avant de porter le plaidoyer à l’international. Ainsi, plusieurs résolutions ont été prises entre autres, l’intégration dans le programme scolaire de la question du génocide. Car, estime Patrick Fata, « il est important pour les enfants que quand ils grandissent qu’ils comprennent ces histoires. Il y a aussi beaucoup de congolais qui se laissent prendre au jeu de l’ennemi, et il est important que les générations qui viennent l’apprennent déjà plus tôt pour qu’elles ne tombent pas dans les mêmes pièges ».
Des mots qui rassurent les congolais qui estiment que le FONAREV est plus visible sur l’échiquier international qu’à l’interne car, plusieurs autres initiatives sont prévues, notamment une sensibilisation efficace au niveau des universités.
Il sied de noter que la campagne menée par le FONAREV est d’abord pour ces milliers de victimes, morts que survivants, depuis plus de trente ans afin que le monde les reconnaisse et que justice leur soit rendue. Elle ne vise donc aucune communauté, aucun pays, tel que mentionné par le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi dans son allocution à la 80ème Assemblée Générale de l’ONU qui s’est tenue à New York. La RDC est donc en quête de la reconnaissance. Une reconnaissance qui doit être diplomatique, en convainquant les Etats d’être en faveur des victimes, et judiciaire en faveur du combat qui est déjà engagé qu’importe le timing que cela pourrait prendre en fonction du challenge porté par les autorités du pays.
César Nkangulu