La République Démocratique du Congo se trouve à un tournant stratégique de son histoire avec la mise en place du partenariat minier entre la RDC et les Etats-Unis. Ce partenariat suscite beaucoup d’espoir, mais aussi de nombreux défis.
Lors de son discours à l’Assemblée Générale des Nations Unies, le Président Félix Tshisekedi a rappelé l’importance d’anticiper la préparation de notre main-d’œuvre nationale. Pourtant, certains signaux doivent alerter nos autorités et nous pousser à plus de vigilance.
Les pièges dune lecture naïve
1. Les investisseurs privés américains ne sont pas le gouvernement américain.
Trop souvent, nos autorités s’adressent à Washington comme si elles négociaient d’Etat à Etat, alors qu’en réalité ce sont les compagnies privées qui mènent le jeu. Il faut donc renforcer la place du secteur privé congolais face aux compagnies américaines, faute de quoi l’Etat restera spectateur.
2. Les fractures politiques aux Etats-Unis influencent ce deal
La chaîne CNN, proche des démocrates, ne cache pas son scepticisme. Beaucoup d’élus démocrates n’apporteront jamais un soutien franc à ce partenariat car leurs électeurs sont hostiles. Les autorités congolaises doivent comprendre que les politiciens américains répondent d’abord à leurs constituants, et non à nous.
3. Les contradictions des alliés
Nous voyons déjà certains acteurs comme Boulos Massad adapter leur langage pour soutenir le Rwanda, au détriment du Congo. Cela montre qu’aucun partenaire étranger n’a de loyauté envers nous : leurs positions fluctuent en fonction de leurs intérêts stratégiques.
Les erreurs à éviter
Croire que le lobbying américain est neutre : chaque cabinet a une orientation politique (démocrate, républicaine, libérale, etc.).
S’imaginer que nos interlocuteurs n’ont pas d’agenda caché : aux Etats-Unis, la CIA et les réseaux de renseignement disposent déjà d’informations détaillées sur nos dirigeants, alors que nous venons les rencontrer les mains vides, sans background sérieux sur eux.
Confondre communication et diplomate : une apparition sur CNN ne garantit pas un soutien, c’est souvent un test ou un piège médiatique.
Ce qu’il faut faire
1. Mobiliser notre diaspora qualifiée : pourquoi importer des formateurs étrangers alors que la diaspora congolaise possède déjà l’expertise dans tous les domaines stratégiques ?
2. Créer un vivier d’entrepreneurs congolais prêts à rencontrer les investisseurs américains. Où est la FEC (Fédération des Entreprises du Congo) dans ce processus ? L’absence du secteur privé congolais est un handicap majeur.
3. Renforcer la souveraineté économique : l’Etat congolais doit éviter de se contenter d’un rôle passif. Il doit structurer, accompagner et, si nécessaire, investir directement dans certaines joint-ventures.
Conclusion
Le Congo ne doit pas aborder ce partenariat avec naïveté. Ce deal peut être une opportunité historique, mais seulement si nous venons préparés, unis, et conscients des réalités politiques américaines.
Il en va de notre souveraineté, de notre crédibilité, et surtout de l’avenir de notre jeunesse.