Invité de l’émission Top 7 sur la Radio Top Congo le samedi 4 octobre 2025, Ferdinand Kambere, Secrétaire permanent adjoint du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie, « PPRD », de l’ancien président Joseph Kabila, a brossé l’actualité sur la condamnation du Sénateur à vie et ancien président de la RDC, autorité morale de ce parti renvoyé à l’opposition à la suite de la passation démocratique de pouvoir après les élections de décembre 2018 consacrant son successeur Félix Tshisekedi, Président de la République.
Pour Ferdinand Kambere, la justice congolaise qui a prononcé cette condamnation n’inspire aucune confiance du fait qu’elle soit qualifiée d’inexistante par le pouvoir de Kinshasa.
« Dans un pays où Félix Tshisekedi a lui-même déclaré haut et fort qu’il n’y a rien à voler car le pays n’existe plus, qui peut accepter le droit qui a été dit ? Ce dernier ne convient pas d’être qualifiée de justice étant donné que même les ambassades et les organisations internationales ont condamné ce prononcé de la Haute Cour militaire », a fustigé ce haut cadre du PPRD.
Et de renchérir :
« L’ancien Chef de l’Etat Joseph Kabila est condamné à la peine de mort aujourd’hui juste parce qu’il a donné son point de vue sur la situation sécuritaire aussi dégradante qui prévaut dans la l’Est du pays ».
Appel au dialogue
Alors que les confessions religieuses se sont constituées en « église au milieu du village » invitant les acteurs politiques de toute frange à une table ronde pour un dialogue national inclusif afin de solutionner cette crise qui sévit la partie orientale du pays, Ferdinand Kambere, joint sa voix à cet appel des pasteurs des églises du Congo afin d’inviter le pouvoir de Félix Tshisekedi de considérer que la solution ne viendra ni de l’Orient, ni de l’Occident mais qu’elle viendrait des congolais eux-mêmes à travers ce dialogue.
« Que Félix Tshisekedi arrête de rêver. La solution à cette crise ne viendra pas de l’Amérique, ni de la France, ni de l’Orient, encore moins de l’Occident. Elle sortira des congolais eux-mêmes. Ils doivent se mettre autour d’une table pour discuter des vrais problèmes. C’est de là que viendra la solution face à cette crise dans le pays. Même Massad Boulos l’a publiquement déclaré à New York en lui demandant de discuter à l’interne car c’est de là que le pays sortira de cette crise », a-t-il exhorté.
« Un simple reflet de la haine »
Pour Kambere, cette condamnation n’est que « le reflet de la haine » que le Président Tshisekedi porte vis-à-vis de son prédécesseur.
« Lui-même a signé des accords avec le Rwanda qu’il n’a jamais révélé sur la place publique, également avec le M23. Et même avec l’Ouganda avec qui il a signé des accords de mutualisation de force, les territoires qui sont censés être sécurisés par les forces armés ougandaises sont sous-contrôle des rebelles de l’AFC/M23 et ils tuent et massacrent les populations. Mais il n’a jamais parlé de ça », a-t-il déploré d’un ton regrettable.
« Un crime de guerre »
« Pour nous, cette condamnation constitue un crime de guerre. D’autant plus que notre pays a adhéré en 2002 au Statut de Rome et, en 2015, cela a été promulgué dans nos lois qu’en temps de guerre, si un pouvoir utilise cette guerre pour faire passer ses opposants comme ses ennemis qui doivent être sacrifiés sur l’autel de la justice dans des procès qui ne leurs laissent pas la possibilité de se défendre et qui riment à des condamnations fortuites, cela est considéré comme un crime de guerre au même titre que tous les autres crimes », a déclaré Ferdinand Kambere.
Selon lui, Joseph Kabila ne peut plus recourir aux juridictions nationales même si cet arrêt se trouve encore au premier degré et que le condamné a droit à faire appel. « Il lui reviendra de faire recours aux instances juridiques internationales ».
« Joseph Kabila est à Goma »
L’arrestation immédiate du sénateur à vie tel qu’indiqué dans le verdict constitue un obstacle pour la justice congolaise en vue de porter la main sur le condamné à la peine de mort. Elle est donc peu probable pour l’heure.
Cependant, selon Ferdinand Kambere, l’ancien Chef de l’Etat Joseph Kabila se trouverait à Goma, dans la province du Nord-Kivu, zone sous occupation des rebelles du M23. Goma, territoire contrôlé par les M23, soutenus par le Rwanda, depuis fin janvier 2025. L’exécution de cette peine paraît peu plausible à ce jour tant que cette zone demeurera inviolable par le pouvoir de Kinshasa.
Joseph Kabila, parrain du M23 ?
Ferdinand Kambere n’entend pas comprendre que l’ancien président de la République accusé par la justice congolaise d’être le patron des rebelles du M23 dans l’Est du pays ne soit pas invité aux pourparlers de Doha, discussions engagés entre le gouvernement de Kinshasa et la coalition de l’AFC/M23 directement. Pour le Secrétaire permanent adjoint du PPRD, cette exclusion serait, dans ce cas, un frein considérable pour une paix véritable recherchée à Doha, sous la médiation du Qatar.
Il sied de rappeler que les avocats de la République avaient demandé la comparution des témoins avant le prononcé du verdict par la Haute Cour militaire. Un exercice qui, malheureusement, n’a pas eu lieu. Cette non-comparution constitue, selon cet opposant, une absence d’éléments légaux pour une condamnation judiciaire efficace et solide que sa famille politique ainsi que tous les congolais, dixit Kambere, doivent considérés.
La Pros.