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Dialogue national : pourquoi ni déballage, ni partage du Pouvoir ?

Par La Prospérité
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Au stade actuel, ce qui est déjà acquis, c’est que le Dialogue de la Refondation de la RDC se tiendra. D’où nécessité pour les parties prenantes de s’y préparer sérieusement…

Dans la livraison du 23 octobre 2025, le titre « Dialogue national : ni déballage, ni partage du Pouvoir ! Seulement REFONDATION du Congo » a été brièvement expliqué. « Ni déballage en raison de l’expérience négative de la CNS (Conférence Nationale Souveraine). Ni partage du pouvoir en raison de l’expérience tout aussi négative de la cogestion institutionnelle successivement en 2006 et en 2018 », avons-nous écrit. De quelles expériences est-il cependant question ? TENTATIVE DE RÉPONSE ! en nous appuyant sur des faits politiques indéniables…

« ON NE BRÛLE PAS LA MAISON AVANT D’AVOIR DÉMÉNAGÉ »

La Conférence Nationale Souveraine est née pratiquement d’une césarienne, si on peut utiliser ce terme médical, c’est-à-dire dans la douleur.

N’en voulant pas car considérant que le Zaïre n’avait pas dans son entendement une crise politique au 24 avril 1990, Mobutu avait opté pour une Conférence constitutionnelle.

Des pressions en interne et en externe avaient finalement eu raison de sa résistance. Malheureusement, de l’ouverture manquée du 31 juillet 1991 à la clôture musclée du 6 décembre 1992, la CNS avait laissé le sensationnel l’emporter sur le rationnel.

Le sensationnel, c’était le fameux déballage ayant enrichi la terminologie politique zaïroise avec le mot « boa » et l’expression « éventrer le boa ».

Il eut tellement de surenchère autour du déballage que le président du Bureau de la CNS, un certain Laurent Monsengwo – à l’époque Monseigneur – lança la phrase « prophétique » : _ »On ne brûle pas la maison avant d’avoir déménagé ».

Ainsi, des crimes politiques (dont des assassinats) et économiques (dont des biens mal acquis) avaient ravalé au second plan l’important travail de relecture de l’Histoire du pays et de mise en place d’un Nouvel ordre institutionnel doté d’une Nouvelle Constitution ; l’objectif d’alors étant la naissance de la III° République.

On retiendra le fait que non seulement les rapports des Commissions « Assassinats politiques » et « Biens Mal Acquis » ne furent pas débattus en plénière, mais en plus l’essentiel ne s’appliqua point non plus.

Fermant de force fin 1992 la CNS, le maréchal Mobutu lui substitua en mars 1993 le Conclave Politique de Kinshasa (CPK) qui ne fut, en réalité, qu’un subtil stratagème pour créer le dédoublement de l’ordre institutionnel et susciter, au finish, la 3ème voie « ni CNS, ni CPK ! » en 1994.

Tous les deux de l’Udps mais se vouant un mépris réciproque, Etienne Tshisekedi (pour la Conférence nationale souveraine) et Faustin Birindwa (pour le Conclave politique de Kinshasa) furent neutralisés au profit de Léon Kengo de l’Udi (Union des Démocrates Indépendants), le « favori » des Belges.

PERSONNE NE VOULAIT ASSUMER LA RESPONSABILITÉ DU BILAN DE LA COGESTION

Faut-il encore rappeler que le partage du pouvoir avait très mal commencé au travers des Accords du Palais de Marbre 1 en septembre 1991.

Nommé pour la 2ème fois Premier ministre (la première fois, c’était en juillet 1991), Etienne Tshisekedi avait carrément éconduit les candidats proposés par ses pairs de l’Udps Marcel Lihau, Frédéric Kibassa, Vincent Mbwankiem et Faustin Birindwa, de même que ceux proposés par les partenaires de l’Union sacrée dont Joseph Ileo pour le Pdsc et Jean de Dieu Nguz pour le Pri.

Nommé à son tour Premier ministre dans le cadre des Accords du Palais de Marbre 2, Nguz en fera autant en novembre 1991 en écartant l’Udps de son Gouvernement.

Première conséquence : le partage du pouvoir ne réussira ni à la CNS avec pour Premier ministre encore Etienne Tshisekedi, ni au CPK avec pour Premier ministre Faustin Birindwa, ni à la 3ème voie avec pour Premier ministre Léon Kengo.

Après la parenthèse Laurent-Désiré Kabila entre 1997 et 2001, le pays va renouer avec les Dialogues pour partage du pouvoir.

C’est le cas emblématique du Dialogue intercongolais tenu d’octobre 2001 à avril 2003. Emblématique en ce qu’il a accouché de la célébrissime formule « 1+4 » (1 Président de la République et 4 Vice-Présidents issus des composantes Rcd, Mlc, Opposition politique et Pprd).

Le principe de base était la cogestion, c-à-d la coresponsabilité.

Seulement voilà : aux élections de 2006, les Vice-Présidents de la République Azarias Ruberwa pour la composante Rcd, Jean-Pierre Bemba pour la composante Mlc et Zahidi Arthur Ngoma pour la composante Opposition politique ainsi que les ministres issus des entités Rcd-Kml (Antipas Mbusa Nyamwisi) et Rcd-N (Roger Lumbala) vont tous se transformer en candidats concurrents à Joseph Kabila ; aucun d’eux ne voulant assumer la responsabilité du bilan de la cogestion 2003-2006.

C’est comme si en 2028, les sociétaires de l’Usn comme Judith Sumwinua, Jean-Pierre Bemba et Modeste Bahati briguaient la magistrature suprême contre un candidat de l’Udps puisque refusant de se reconnaître dans le bilan de Tshisekedi !

Deuxième conséquence : tous les fora ultérieurs (concertations nationales en 2013, Dialogue de la Cité de l’Union africaine et Négociations du Centre interdiocésain catholique de Kinshasa en 2016, Consultation présidentielle de 2020 et Consultations nationales en 2025) vont se justifier aussi pour le partage du pouvoir.

Dans cette logique, le Dialogue préconisé actuellement se condamne déjà au partage du pouvoir.

AUTANT PARLER D’UN SCHÉMA HERCULEEN

Que faire alors ? Les Congolais ont le choix entre, d’un côté, tenir un Dialogue avec ou sans déballage ni partage du pouvoir et, de l’autre, ne pas le tenir, de façon à laisser Félix Tshisekedi achever son mandat en 2028.

Le pragmatisme s’impose à partir de la capacité de répondre à cette question : est-ce que le régime actuel dispose-t-il de suffisamment d’autorité pour entreprendre seul, et en plus dans les deux ans et demi à venir, les réformes imposées par la Refondation de la République Démocratique du Congo ? Ou plutôt pour les anti-Dialogue, ces réformes n’ont qu’à attendre après 2028 !

Mettons-nous d’emblée d’accord sur le fait dans un pays où ce qui est à construire est de loin important par rapport à ce qui est à reconstruire, la refondation préconisée ne doit pas être du replâtrage.

Juste un exemple : l’assainissement de l’espace politique comprend l’élaboration d’une nouvelle Constitution (à soumettre au référendum), la régularisation de la double nationalité (Diaspora), l’équation « tribu/terre » (une véritable quadrature du cercle), la certification du tracé frontalier avec les 9 États voisins, la réduction du nombre de partis et regroupements politiques (de 910 à 3, voire 2), la dépolitisation de la Société civile, etc.

Quand on va ajouter l’assainissement des espaces sécuritaire (par exemple la neutralisation des Adf-Nalu et le rapatriement des éleveurs Mbororo), judiciaire, économique, social et culturel, on réalise le poids des tâches annoncées.

Autant parler d’un schéma herculéen.

Il est à craindre que les anti-Dialogue n’aient pas la perception réelle de ces enjeux.

BEAUCOUP DE SANG POURRAIT ABREUVER ENCORE LE SOL CONGOLAIS DU KIVU

Or, à les analyser froidement, ces enjeux doivent bénéficier d’un consensus qui soit le plus large possible, consensus qui ne peut être obtenu que d’un Dialogue.

Il revient à l’intelligence et à la sagesse escomptées du leadership congolais – tous domaines confondus – de réfléchir à la suite du processus, à savoir la gestion de l’après-Forum.

Au stade actuel, ce qui est déjà acquis, c’est que le Dialogue de la Refondation de la RDC se tiendra !

L’un des signaux forts est la « normalisation en cours » de l’existence de « Sauvons la RDC ».

Le vendredi 24 octobre 2025, ce bloc constitué à Nairobi a fait sa sortie officielle à Kinshasa. Ceux qui attendaient des autorités une interdiction de la manifestation et l’interpellation des organisateurs ont dû avaler leurs langues.

D’ici au 13 novembre 2025 – date de signature par les Présidents Tshisekedi et Kagame de l’Accord de paix RDC-Rwanda paraphé le 27 juin dernier à Washington par les ministres congolais et rwandais des Affaires étrangères (selon Africa Intelligence dans une dépêche du 24 octobre dernier) – beaucoup d’eau va couler sous le pont. Euphémisme pour dire beaucoup de sang pourrait encore abreuver le sol congolais du Kivu…

PROCHAINEMENT. Belligérants : tuez, pillez autant que possible d’ici au 13 novembre 2025 pour faire valoir le rapport des forces !

Omer Nsongo die Lema

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