Le ton est donné et il est ferme. Le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, Jacquemain Shabani Lukoo, a réuni, le mercredi 5 novembre 2025, à Kinshasa, l’ensemble des membres des bureaux des Assemblées Provinciales ainsi que les Gouverneurs et Vice-Gouverneurs de province. L’ordre du jour, d’une importance capitale : la stabilité des institutions provinciales, un impératif pour la cohésion nationale et le développement, particulièrement dans le contexte de guerre que connaît le pays.
Agissant sur instructions directes du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, le Patron de la Territoriale a dressé un tableau sombre de la situation actuelle dans les provinces. Dans son allocution, le VPM Shabani a interpellé sans détour les autorités provinciales sur les maux qui rongent la gouvernance locale : des tensions permanentes, des motions de défiance et des pétitions à répétition qui, non seulement créent un climat politique délétère, mais surtout paralysent l’action publique et freinent l’élan de développement attendu par les populations.
La stabilité avant tout
Rappelant la communication du Chef de l’État lors de la 44ème réunion du Conseil des ministres du 23 mai 2025, Jacquemain Shabani a réaffirmé la détermination de la plus Haute Autorité du pays à mettre un terme à ce cycle d’instabilité. « Ces instabilités ont lourdement pesé sur le bon fonctionnement des institutions provinciales, entraînant d’importants retards dans la mise en œuvre des politiques publiques et freinant l’élan de développement administratif et socio-économique escompté. Là où la stabilité institutionnelle devait servir de socle à la cohésion nationale et au progrès, elle s’est retrouvée compromise au détriment des conditions de vie de nos concitoyens », a-t-il cité, relayant la pensée présidentielle.
Le VPM a déploré que les engagements pris par le passé pour un fonctionnement harmonieux n’aient pas été respectés. « Nous assistons à un enchaînement des pétitions visant les membres des bureaux ou encore des motions visant les gouverneurs de province, ce, dans certains cas, en violation du principe de droit de réponse de la personne incriminée », a-t-il martelé.
Des instructions claires pour une trêve institutionnelle
Face à cette situation, et considérant l’effort de guerre contre l’agression rwandaise sous le couvert du M23/AFC, le Gouvernement a communiqué des directives non négociables.
1. Pour les Assemblées provinciales : Les membres des bureaux sont désormais tenus de conduire leurs assemblées plénières respectives à adopter, sans délai et en toute responsabilité, une résolution suspendant l’examen des pétitions et des motions de défiance pendant toute la durée de la période de guerre. L’objectif est de concentrer toutes les énergies sur la cohésion nationale et le soutien à l’effort de guerre.
2. Pour les Exécutifs provinciaux : Les Gouverneurs, de leur côté, sont appelés à une gestion orthodoxe, transparente et concertée des ressources de la province. Cette gestion doit se faire en collaboration étroite avec les Assemblées provinciales, particulièrement sur les grandes questions d’intérêt majeur, afin de restaurer la confiance et de garantir que les deniers publics servent exclusivement au bien-être des citoyens et au développement.
Pour s’assurer que ce message soit bien reçu, le Vice-Premier Ministre a conclu son propos par un avertissement solennel. Il a souligné que le Gouvernement central n’hésiterait pas à prendre des mesures fortes pour garantir la stabilité des provinces. Plus explicitement, il a évoqué la possibilité de recourir aux prérogatives constitutionnelles conférées au pouvoir central par les articles 197 et 198 de la Constitution.
Pour rappel, ces articles permettent au Gouvernement de la République de se substituer aux autorités provinciales en cas de crise persistante, de violation grave de la Constitution ou des lois, ou lorsque le fonctionnement régulier des institutions provinciales est compromis. C’est dire que la fin de la récréation a bel et bien sonné.
Nathan Mundele