(Par Eric Kamba, Géostratège et Analyste des relations internationales)
Depuis plusieurs mois, le débat autour du partenariat stratégique entre la République démocratique du Congo (RDC) et les Etats-Unis, communément appelé « minerais contre sécurité », semble tourner en rond. Ce projet, censé inaugurer une ère de coopération équilibrée – offrant à Washington un accès régulé aux minerais stratégiques du Congo (cobalt, lithium, coltan) en échange d’un appui sécuritaire et diplomatique pour stabiliser l’Est – demeure au point mort.
Un accord toujours suspendu : à quand la signature effective ?
La question n’est plus de savoir si le principe de l’accord est pertinent, mais quand et comment il sera réellement signé. Après tant de réunions, d’annonces et de déclarations, le peuple congolais attend des actes concrets. Or, tout indique que la signature reste suspendue à des zones d’ombre diplomatiques, à des influences étrangères et à des conditions qui échappent à la transparence. Il est donc légitime de demander : que bloque réellement la conclusion de cet accord ?
Un texte à revoir, pas à réinventer
Le principe fondamental de ce partenariat doit demeurer identique à celui convenu initialement : même texte, mêmes clauses, mêmes garanties. Aucun ajout, effacement ou reformulation ne doit intervenir dans le dos du Congo. La moindre modification substantielle sans validation officielle constituerait une trahison politique et juridique. Le peuple congolais exige que l’accord final soit celui approuvé, mot pour mot, par les instances légitimes du pays.
Zéro surprise, zéro infiltration
Les précédentes négociations ont montré à quel point des infiltrations discrètes et des « glissements diplomatiques » pouvaient transformer un accord équilibré en marché de dupes. Des pressions extérieures, souvent motivées par la volonté de préserver certains intérêts régionaux, ont déjà tenté d’imposer des conditions contraires à la souveraineté du Congo. Ce type de duplicité ne doit plus jamais se reproduire. Aucun document ne peut être signé tant que chaque mot, chaque virgule, chaque engagement n’a pas été validé par une équipe souveraine et indépendante.
Transparence totale sur les nouvelles évolutions
Si, entre-temps, la situation géopolitique a évolué ou si de nouveaux paramètres ont été introduits – qu’ils soient économiques, militaires ou diplomatiques – ils doivent être rendus publics. Rien ne doit être caché, dissimulé ou imposé sous le couvert de la « confidentialité diplomatique ». Toute modification, même minime, doit être examinée au grand jour, débattue et approuvée par le gouvernement congolais et ses représentants légitimes.
Une nouvelle équipe congolaise pour un nouvel examen
Face à la complexité et à la sensibilité de ce dossier, le gouvernement congolais doit mettre en place une nouvelle équipe d’experts chargée de relire et d’évaluer, ligne par ligne, la version finale du texte avant toute signature. Cette équipe devra inclure des géostratèges, juristes, économistes et diplomates indépendants, capables de détecter les moindres dérives ou manipulations. Nous nous portons candidats pour participer à cette mission patriotique, afin de garantir que le Congo signe un accord clair, équitable et conforme à ses intérêts nationaux.
Conclusion : le Congo doit signer, mais en pleine connaissance de cause
La RDC ne peut pas se permettre de signer un document qu’elle ne maîtrise pas entièrement. Oui, le partenariat avec les États-Unis est stratégique. Oui, la coopération internationale est nécessaire. Mais elle ne doit pas se faire au prix de la souveraineté nationale ni de la dignité du peuple congolais.
Le véritable progrès ne réside pas dans la hâte de conclure, mais dans la rigueur avec laquelle on protège l’avenir du pays. Le Congo n’a plus besoin d’accords précipités ; il a besoin d’engagements clairs, assumés et justes.
Eric Kamba, Géostratège
Analyste des relations internationales
Auteur de La Grande Usurpation et Le Pouvoir caché de la diplomatie informelle