Les élus nationaux et sénateurs de l’Ituri montent au créneau. Ils expriment leur étonnement et leur indignation après la correspondance adressée, le 29 octobre 2025, par la société Orientale Road and Construction (ORC) au Ministre des Infrastructures et Travaux Publics, par laquelle cette entreprise s’oppose à la signature d’un contrat de partenariat public-privé entre le Gouvernement central et la société Good News Africa pour la modernisation de la RN27, sur le tronçon Komanda-Bunia-Glodi long de 265 kilomètres.
Pour les parlementaires, cette prise de position de l’ORC est d’autant surprenante que, depuis la concession obtenue du Gouvernement provincial de l’Ituri pour les travaux sur le tronçon Bunia-Glodi (185 kilomètres), aucune amélioration notable n’a été observée. Malgré la perception régulière de fonds publics alloués par le FONER, la route demeure dans un état de dégradation avancée, au point de couper le trafic et d’isoler de vastes zones agricoles et économiques de la province.
Les élus soulignent que les populations censées bénéficier de ces travaux n’ont jamais aperçu sur le terrain le moindre engin, équipement ou personnel technique de l’ORC. Ils jugent incompatible que la société évoque une prétendue satisfaction des usagers alors que le trafic routier est totalement interrompu depuis plusieurs mois, parfois des années.
Les parlementaires démentent catégoriquement les allégations contenues dans la lettre de l’ORC et dénoncent une tentative manifeste de manipulation de l’opinion, destinée à maintenir une jouissance indue des ressources de l’État. Ils rappellent que la RN27 est une route d’intérêt national, relevant de la compétence du Gouvernement central à travers le Ministère des Infrastructures et Travaux Publics. La province n’avait, dans un cadre transitoire, qu’un mandat limité pour des travaux de maintenance ponctuelle. Une telle délégation ne constitue en aucun cas un droit permanent, ni un obstacle à une initiative nationale de modernisation.
Les élus rappellent également que le troisième alinéa de l’article 9 du contrat liant l’ORC à la province prévoit explicitement que les travaux réalisés et certifiés par celle-ci doivent être remboursés en cas d’intervention du Gouvernement central ou d’un bailleur bilatéral. Il ne peut donc être question de chevauchement de contrats ni de supercherie institutionnelle, comme le prétend l’ORC. Selon les parlementaires, le véritable abus réside dans le fait de percevoir annuellement 1,860 million de dollars pendant trois ans sans qu’aucun travail concret ne soit exécuté, abandonnant les usagers de la RN27 à leur sort.
Route stratégique, la RN27 constitue l’épine dorsale de l’économie iturienne. Elle relie la province à l’Ouganda, au Kenya et à la Tanzanie via les ports de Mombasa et de Dar-es-Salaam, et assure la jonction avec la RN4 vers le Nord-Kivu et la Tshopo. Sa modernisation s’inscrit donc dans une vision plus large de désenclavement, d’intégration régionale et de relance économique nationale.
Pour les parlementaires de l’Ituri, toute entrave à sa réhabilitation revient à freiner le développement économique, la mobilité des personnes et des biens ainsi que la consolidation de la paix dans une province déjà éprouvée. Au regard de l’absence de résultats concrets, de la perception injustifiée des fonds par l’ORC et des clauses contractuelles autorisant la reprise du projet par le Gouvernement central, les élus soutiennent pleinement la modernisation du tronçon Kavon par la société Good News Africa dans le cadre d’un partenariat d’intérêt provincial, au bénéfice de la population et de l’économie nationale.
John Ngoyi