Dans l’interview qu’il a accordée à Radio Vatican, le Père provincial des Jésuites de la Province d’Afrique centrale (ACE), Rigobert Kyungu, revient sur les défis pastoraux, éducatifs et écologiques qui marquent la vie-mission jésuite en République démocratique du Congo et en Angola. Une présence engagée au service de la justice, de la paix et de la sauvegarde de la maison commune.
«La Province d’Afrique centrale comprend deux pays: la République démocratique du Congo et l’Angola», explique-t-il en rappelant les liens historiques et culturels profonds qui lient ces deux pays. «Dans le temps, le royaume Kongo réunissait une bonne partie de l’Angola, de la RDC et même du Congo-Brazzaville».
Dès l’entame, le Père Kyungu évoque les grands défis dans les deux pays qui forment sa Province, qui sont surtout liés au contexte sociopolitique: «Ce sont des pays marqués par l’instabilité, qui crée à son tour une fragilité socio-économique». Face à cette situation, la Compagnie de Jésus se veut proche du peuple: «Nous travaillons avec toute l’Église pour demander plus de justice, afin que le peuple soit accompagné dans la dignité».
L’éducation, pilier de la mission jésuite
Fidèles à la tradition de saint Ignace, le Père provincial explique que l’éducation demeure un axe central de la mission jésuite dans l’ACE. «Nous avons des collèges et une université, et partout nous rencontrons des anciens élèves bien formés», souligne-t-il, renchérissant qu’en Angola, un nouveau collège est en construction, symbole d’un engagement renouvelé envers la jeunesse. «Nous sommes en train de construire un collège à Banza Kongo, dans la province du Zaïre. C’est un projet très attendu, et nous espérons ouvrir les cours dès la prochaine année scolaire».
La mission éducative, précise-t-il, inclut une attention particulière à la jeunesse vulnérable: «Nous insistons sur l’éducation des jeunes filles et des pauvres».
L’ACE est également engagée dans l’enseignement supérieur, avec l’Université Loyola du Congo, à Kinshasa, une jeune université certes, mais déjà riche d’une longue tradition: «Elle a célébré ses dix ans l’an dernier, mais ses racines remontent plus loin, avec la faculté de philosophie fondée il y a 76 ans», rappelle le Père provincial indiquant que l’institution s’élargit avec de nouvelles facultés de sciences, de technologies et d’économie. Les Jésuites, souligne-t-il, participent aussi à l’enseignement dans d’autres universités catholiques et publiques du pays, ainsi qu’en Angola.
Dialogue et ouverture: l’œcuménisme plutôt que la rivalité
L’ACE est une Province majoritairement chrétienne, le dialogue interreligieux prend une forme spécifique. «Chez nous, le dialogue se vit surtout entre confessions chrétiennes», explique-t-il en faisant observer que les Jésuites collaborent avec des protestants, des évangéliques ou des musulmans, notamment dans les écoles et centres de formation, mais sans en faire «un apostolat principal».
Sauvegarder la maison commune: un devoir spirituel et social
Les Jésuites œuvrent à travers le Réseau pour le Bassin du Congo (REBAC), instrument spécifique de coordination écologique. Et le bassin du Congo, comme tel, constitue un «poumon écologique de la planète». Cela appelle à une prise de conscience de la responsabilité collective à «veiller à ne pas vider notre forêt équatoriale et à protéger les eaux du fleuve Congo», avertit-il.
Mais la mission ne s’arrête pas à la forêt: «La maison commune, c’est aussi l’assainissement de nos villes. Nos milieux sont souvent très sales; il faut éduquer la population à prendre soin de son environnement».
Des vocations nombreuses et prometteuses
Malgré les défis, la Province d’Afrique centrale se réjouit d’un dynamisme vocationnel. «Nous rendons grâce à Dieu. Chaque année, une vingtaine de jeunes entrent au noviciat de Kisantu, moitié congolais, moitié angolais», indique le père provincial qui insiste tout de même sur le critère de la qualité: «Ce n’est pas la quantité qui importe, mais la qualité de la formation». Encourageant les Jésuites a être chacun à son niveau promoteur de vocation, il souligne l’importance de «montrer aux jeunes que cela vaut la peine de consacrer sa vie à une cause noble».
Un avenir confié à Dieu
Quant à la question de savoir comment il voit l’avenir de l’ACE, le Père Kyungu estime que «l’avenir est entre les mains de Dieu. C’est Dieu qui guide son Église et inspire les vocations. Si nous restons à l’écoute de son Esprit, Il nous conduira là où Il veut».
Et de conclure sur une note d’espérance: «Je vois un avenir plein d’espérance. Dieu continuera à appeler et à inspirer les chemins pour sa plus grande gloire».
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