Avec 105 kilomètres de routes achevés en quinze mois, un volume inédit pour une administration provinciale récente, Kinshasa connaît l’un des rythmes de chantiers les plus soutenus de son histoire récente. Dans une capitale longtemps marquée par l’abandon des infrastructures, la réalisation de ces axes routiers, associée à la relance des programmes de curage et d’assainissement, constitue l’ossature du bilan que revendique aujourd’hui le Gouverneur Daniel Bumba. Cette progression visible intervient dans un contexte de fortes attentes citoyennes, où les critiques s’accumulent au même rythme que les travaux, et où la pression sociale se mêle aux urgences d’une ville en expansion rapide.
Résultats mesurables
L’impatience des habitants, nourrie par plus de vingt ans de déficits structurels dans la voirie, le drainage et la salubrité, contraste avec l’approche que défend le gouverneur : une méthode « rigoureuse », tournée vers des solutions durables plutôt que vers des interventions superficielles.
Multipliant les descentes sur le terrain et la remise en activité de chantiers longtemps abandonnés, Daniel Bumba revendique une stratégie inscrite dans le temps long, soutenue par un bilan chiffré qu’il juge « concret » et difficilement contestable. Dans cette tension entre urgence sociale et reconstruction progressive se joue désormais l’avenir de la capitale : celui d’une ville qui, à défaut de se transformer du jour au lendemain, affiche pour la première fois depuis longtemps des résultats mesurables sur le terrain.
Les critiques croissantes adressées à la gouvernance de la capitale traduisent moins un rejet des réformes en cours qu’une attente colossale de la population. À Kinshasa, l’espoir d’une métamorphose rapide est alimenté par un constat simple : pendant de longues années, peu de travaux de fond ont été engagés. Les interventions successives relevaient plus souvent du « maquillage » urbain que de l’investissement durable.
Cette frustration explique la demande, parfois irréaliste, d’un changement immédiat. Or la capitale vit aujourd’hui les conséquences cumulées d’une gestion chaotique, bien avant que Daniel Bumba n’en prenne la tête. La question fondamentale demeure : quelle politique de drainage, de voirie, d’urbanisme ou de salubrité a réellement été menée ces dix, quinze ou vingt dernières années ? Et, surtout, les travaux engagés visaient-ils la pérennité ou servaient-ils à couvrir des détournements en cascade ?
« Je suis là pour changer cette ville » : la méthode Bumba
Au micro de Top Congo FM, le samedi 29 novembre 2025, le Gouverneur Daniel Bumba a livré une réponse ferme à ceux qui doutent de sa stratégie. « Je connais l’arène politique et je connais ma méthodologie de travail. Je suis là pour changer cette ville. Nous sommes là pour réaliser ce qu’il y a à faire. J’ai un mandat de cinq ans », a-t-il affirmé, rappelant qu’il entend s’inscrire dans le long terme.
Pour lui, la priorité n’est pas d’ajouter une couche de peinture « cosmétique » sur des infrastructures fragiles, mais d’inscrire Kinshasa dans une logique de durabilité. « Mon vœu est que Kinshasa soit une ville où il fasse beau vivre. Voilà pourquoi je mise sur des solutions structurelles et non pas cosmétiques », insiste-t-il.
Selon le gouverneur, les études menées et les « schémas en béton » proposés doivent permettre d’assurer une longévité réelle aux ouvrages construits.
Des résultats quantifiables, malgré des moyens limités
Le Gouverneur revendique un bilan concret. Depuis son entrée en fonction, environ 120 kilomètres de routes ont été livrés, dont 105 kilomètres finalisés en 2025. Une performance notable, souligne-t-il, pour une administration provinciale évoluant avec des ressources financières « extrêmement limitées ».
« Nous faisons plus avec moins d’argent. 450 millions avaient été donnés au gouvernement provincial précédent sans solution palpable », rappelle Daniel Bumba. Il souligne au passage qu’aucune équipe provinciale avant lui n’avait pu réaliser un tel volume de voirie sans le soutien massif du gouvernement central.
Un effort soutenu d’assainissement, encore loin d’être achevé
Au cœur des doléances des Kinois figure aussi l’assainissement urbain, miné depuis des décennies par l’envasement des caniveaux et l’absence de maintenance. Selon le gouverneur, près de 79 % des opérations de curage programmées dans les principales rivières urbaines ont été menées à bien. La Yolo, la Lukunga, la Gombe ou Bitshaku Tshaku ont été dégagées, accélérant l’écoulement des eaux et limitant les inondations.
Certaines zones, toutefois, résistent. L’esplanade devant l’Hôtel de Ville reste l’un des points les plus sensibles. « Tous les ouvrages d’évacuation des eaux sont obstrués. Certains collecteurs n’ont pas été curés depuis plus de quarante ans », reconnaît Daniel Bumba, appelant à des interventions « méthodiques » basées sur des études approfondies.
Un défi démographique et citoyen
Avec près de 20 millions d’habitants, Kinshasa fait face à une pression démographique record. Tout projet d’envergure suppose non seulement des investissements lourds, mais aussi une transformation des comportements. Le gouverneur insiste sur la nécessité d’une éducation citoyenne renforcée pour préserver les ouvrages réalisés. Sans cela, le cycle de dégradation pourrait se répéter à l’infini.
Face aux critiques, Daniel Bumba assure vouloir « rassurer » la population : les travaux prioritaires vont se poursuivre, avec l’objectif d’améliorer la mobilité, de réduire les inondations et de renforcer la résilience d’une capitale longtemps laissée à elle-même.
Le temps politique se heurte au temps de la reconstruction, mais le gouverneur affirme une ligne claire : bâtir non pas pour séduire, mais pour durer.
La Pros.