La crise en République démocratique du Congo est marquée par une volatilité persistante, exacerbée par les récentes manœuvres des rebelles congolais de l’AFC/M23. Leur annonce de se retirer unilatéralement de la ville d’Uvira, après une semaine de conquête, doit être examinée avec suspicion. Cette démarche ne doit pas être interprétée comme un acte de bonne foi, mais plutôt comme une stratégie potentielle de diversion, orchestrée dans un contexte où les enjeux politiques et économiques sont cruciaux.
Depuis près d’un an, ces groupes ont consolidé leur emprise sur des villes stratégiques comme Goma et Bukavu, créant un climat d’instabilité qui nuit gravement au développement régional. Leur volonté de répondre aux critiques émanant de la diplomatie américaine et de se distancier des accusations pesant sur le Rwanda s’inscrit dans un jeu complexe, où les intérêts géostratégiques et économiques se mêlent à la recherche de légitimité sur le terrain.
Il est impératif que Kinshasa ne prenne pas pour argent comptant les déclarations de l’AFC/M23. Ces derniers peuvent très bien manœuvrer pour gagner du temps ou pour renforcer leur position, tout en continuant à servir des intérêts étrangers qui visent à acquérir des ressources minérales à vil prix. L’histoire récente a montré que la convoitise pour les richesses du sol congolais attire non seulement des acteurs locaux, mais aussi des puissances internationales prêtes à soutenir des aventures criminelles pour s’approprier ces ressources.
Le texte signé à la Maison-Blanche le 4 décembre dernier, qui vise à mettre fin à un conflit de plus de 30 ans, ne doit pas faire oublier la réalité sur le terrain. L’industrialisation de l’activité extractive, qui pourrait bénéficier à la RDC, est mise en péril lorsque des acteurs malintentionnés exploitent les failles d’un système déjà fragilisé. Le soutien prévu de la part d’entreprises américaines ne compense pas le danger que représente la mainmise des commissionnaires, qui continuent de tirer profit d’une situation chaotique.
Pour éviter de se faire surprendre, Kinshasa doit intensifier sa vigilance, renforcer ses alliances et consolider ses capacités de résolution de conflit. Les événements des prochaines semaines pourraient déterminer non seulement l’avenir d’Uvira mais également la stabilité de l’ensemble de l’est du pays. Il est crucial que les autorités congolaises gardent l’œil ouvert sur les manœuvres de l’AFC/M23, leur parrain rwandais et des puissances étrangères, en demeurant fermes dans leur défense de la souveraineté et de l’intégrité nationale.
Seule une réponse claire et résolue de Kinshasa pourra empêcher que les efforts de paix ne soient contrecarrés par des jeux d’ombres où les intérêts financiers priment sur le bien-être du peuple congolais. Dans ce cadre, la diplomatie devra également jouer son rôle, en veillant à ce que les accords de paix soient non seulement signés, mais également respectés et appliqués. La stabilité de la RDC en dépend.
La Pros.