Patrick Muyaya Katembwe, Ministre de la Communication et médias, a activement participé, mardi 23 décembre 2025, au Cercle de Kinshasa, à la session de décembre du Comité de suivi des recommandations issues des états-généraux de la Communication et Médias, organisés en janvier 2022, au Centre catholique Nganda, dans la commune de Kintambo, sous le haut-patronage du Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Revenant sur l’esprit qui avait présidé à l’organisation de ces assises historiques, le ministre a rappelé qu’« en janvier 2022, nous avons pris une décision courageuse de scruter l’écosystème de notre profession. Les États généraux ont été un moment de vérité, un exercice de lucidité, un diagnostic sans complaisance de nos forces, de nos faiblesses, mais aussi de nos potentialités face à l’évolution rapide des technologies de l’information et de la communication ».
Ces travaux avaient permis de dégager 82 recommandations structurantes, destinées à refonder durablement le paysage médiatique congolais. Conscient de la nécessité d’un mécanisme d’accompagnement, le gouvernement avait mis en place, dès mars 2022, un comité de suivi inclusif, doté d’une feuille de route claire, de responsabilités identifiées et d’échéances précises. Trois ans après, le Ministre de la Communication et Médias a présenté un état des lieux sans complaisance.
« Les rapports soumis font état d’un taux de mise en œuvre de 53 %, soit 43 recommandations réalisées, 10 en cours d’exécution et 28 non encore réalisées. Ces chiffres traduisent des avancées réelles, mais rappellent aussi l’ampleur du chantier qui reste ouvert », a-t-il souligné, appelant à une analyse rigoureuse du rapport d’évaluation.
Parmi les avancées majeures, Patrick Muyaya a mis en exergue la promulgation de l’ordonnance-loi n°23/009 du 13 mars 2023, communément appelée loi Muyaya. « C’est une avancée majeure. Ces textes modernisent le cadre légal de l’exercice de la liberté de la presse, posent les bases de la viabilité économique des médias, renforcent la régulation et consacrent les droits des journalistes. Les résultats obtenus sont le fruit d’un effort collectif », a-t-il déclaré.
Le Ministre a toutefois insisté sur la nécessité de rendre cette loi pleinement applicable. À cet effet, plusieurs projets de décrets et d’arrêtés interministériels ont été élaborés pour opérationnaliser les dispositions clés de l’ordonnance-loi, notamment en matière de fiscalité, de licences, d’autorisations et d’exonérations liées à l’importation des intrants nécessaires à la production médiatique. Ces textes, a-t-il précisé, sont en cours d’examen avec les experts de la DGRAD en vue de leur finalisation prochaine.
Dans le même élan, des arrêtés ministériels ont déjà été pris, notamment ceux fixant la procédure d’accréditation des professionnels des médias étrangers et les modalités d’obtention du récépissé conférant le droit d’exploiter et de publier dans les secteurs de la communication et des médias.
Abordant la question de la salubrité médiatique, le ministre a été sans détour.
« Il est inacceptable d’employer des journalistes sans les rémunérer durant des mois, tout comme il est inadmissible de prétendre exercer une activité médiatique sans les moyens techniques minimums requis », a-t-il martelé, soulignant que la relance du processus de salubrité médiatique vise à professionnaliser et structurer le secteur, et non à museler la presse. S’agissant des médias publics, Patrick Muyaya a évoqué les efforts de modernisation en cours, notamment le rééquipement de la Radiotélévision nationale congolaise, désormais dotée de matériels de diffusion en haute définition, ainsi que la transformation progressive de l’Agence congolaise de presse vers un modèle multimédia.
Le Ministre a également réaffirmé l’engagement du gouvernement en faveur de la sécurité des journalistes et de la dépénalisation des délits de presse.
« Le droit de réponse et de rectification est désormais consacré comme préalable à toute poursuite. Nous travaillons avec le ministère de la Justice et les instances concernées pour garantir l’effectivité de ces dispositions », a-t-il indiqué, annonçant la tenue prochaine de cadres de concertation avec l’UNPC et les acteurs judiciaires.
Face aux violations des libertés de la presse observées dans certaines zones sous occupation, le gouvernement entend poursuivre la collaboration avec les organisations professionnelles et de défense des journalistes afin de documenter les cas, alerter l’opinion et rechercher des sanctions ainsi que des réparations pour les victimes. Enfin, Patrick Muyaya a rappelé que la redevabilité constitue désormais un axe central de la communication gouvernementale, à travers notamment les briefings réguliers destinés à rapprocher les journalistes des sources officielles et à lutter contre la désinformation. En conclusion, le Ministre de la Communication et Médias a salué « les avancées enregistrées, fruits des efforts conjugués du gouvernement et de l’ensemble des parties prenantes », tout en reconnaissant que « beaucoup reste encore à accomplir ».
« Les contraintes financières demeurent réelles, mais la dynamique est engagée et les bases sont désormais posées », a-t-il conclu.
La Pros.