Une importante séance de travail s’est tenue le mardi 23 décembre 2025 à Kinshasa, réunissant la Ministre d’Etat, Ministre de l’Education nationale et Nouvelle Citoyenneté, Raïssa Malu, et son collègue, le Ministre d’Etat, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Guillaume Ngefa. Objectif affiché : renforcer la coordination entre les deux secteurs face aux violences en milieu scolaire, un fléau qui mine l’école congolaise notamment, les violences sexuelles, les violences basées sur le genre et d’autres pratiques qui brisent des trajectoires éducatives.
Au cœur des échanges, une préoccupation commune : protéger l’enfant et restaurer l’école comme espace d’apprentissage, de dignité et de sécurité. Car derrière chaque cas, il y a des vies marquées, des abandons scolaires, des traumatismes durables et une menace directe sur l’avenir d’un pays dont les enfants représentent plus de la moitié de la population.
Remerciant sa collègue pour la qualité des échanges, le Ministre d’Etat Guillaume Ngefa a tenu à saluer les efforts structurants engagés au niveau de l’Education nationale, mettant en avant les dispositifs existants aussi bien sur le plan préventif que disciplinaire.
« J’ai découvert avec beaucoup d’admiration les mesures et les mécanismes mis en place par la Ministre d’État, tant en matière de prévention que de sanction. »
Le Ministre d’Etat en charge de la Justice reconnaît que la riposte ne peut pas être uniquement réactive, mais doit être systémique, avec des mécanismes stables, des procédures et des responsabilités claires.
Pour le Garde des Sceaux, les violences sexuelles en milieu éducatif constituent une violation grave de la Convention relative aux droits de l’enfant. Il a souligné que la stratégie portée par la Ministre d’Etat Raïssa Malu s’inscrit pleinement dans l’esprit et la lettre de cette Convention.
Dans le même élan, il a insisté sur un point crucial : l’articulation entre les sanctions administratives et la réponse judiciaire. Oui, l’administration scolaire peut sanctionner par suspension, révocation, ou autres mesures disciplinaires. Mais lorsque les faits relèvent du pénal, l’Etat doit poursuivre.
Des mesures administratives ont déjà été prises pour sanctionner des personnels et acteurs reconnus responsables. Et certains dossiers ont été référés à la Justice, car ces actes peuvent constituer des crimes au regard de la législation nationale. Pour Guillaume Ngefa, au vu de l’ampleur du phénomène, il devient impératif de rendre ce référencement plus systématique, plus rapide et plus efficace.
La rencontre a également permis d’acter un engagement : à la demande de la Ministre d’État Raïssa Malu, un travail sera mené pour améliorer le circuit de référencement des cas vers les instances judiciaires compétentes. L’enjeu est d’éviter les pertes d’information, le découragement des victimes, la lenteur des procédures et, surtout, l’impunité.
Cette coopération renforcée entre Justice et Éducation vise à garantir que chaque dossier soit traité à son niveau : discipline administrative immédiate d’un côté, enquête et poursuites de l’autre, lorsque la loi l’exige.
Un “One Stop Center” annoncé : vers une prise en charge coordonnée
Autre annonce majeure : la décision de travailler à la mise en place d’un “One Stop Center”, avec des points focaux, pour offrir une réponse intégrée, à la fois administrative et judiciaire. L’idée est de créer un dispositif de référence où les cas peuvent être signalés, orientés, documentés et pris en charge de manière coordonnée au lieu de laisser les familles se débrouiller seules entre l’école, la police, la justice, les services sociaux et parfois les structures de santé.
Cette approche pourrait permettre non seulement d’accélérer le traitement des dossiers, mais aussi de mieux protéger les victimes, de sécuriser la collecte des preuves et de renforcer la prévention.
Un rendez-vous régulier pour évaluer les résultats
Au terme de la séance de travail, les deux Ministres d’Etat ont convenu de se retrouver régulièrement afin d’évaluer les avancées, mesurer les défis et ajuster la stratégie. Un format de suivi qui, sur le papier, répond à une nécessité : dans la lutte contre les violences scolaires, l’efficacité se joue dans la durée et dans la capacité des institutions à agir ensemble, sans cloisonnement.
En s’accordant sur une coordination renforcée et une réponse intégrée, Justice et Education envoient un message fort : ‘’l’école ne doit plus être un lieu de peur’’. La République ne peut construire son avenir en laissant prospérer, dans les salles de classe et les internats, des actes qui détruisent la confiance, l’intégrité et la trajectoire des enfants.
Nathan Mundele