Face à la volonté du chef de l’État de modifier la Constitution, une alliance de circonstance s’est nouée ce 20 novembre entre plusieurs de ses opposants, bien décidés à lui barrer la route.
« Pas de changement de Constitution, pas de troisième mandat, pas de présidence à vie en RDC. » Tel est le mot d’ordre des opposants résumé dans leur déclaration de trois pages, publiée ce 20 novembre. Cette nouvelle coalition, qui se fait appeler « Forces politiques et sociales contre la dictature et le changement de la Constitution », a vu le jour au Centre interdiocésain de Kinshasa – là où avait été organisé en décembre 2016 un dialogue censé résoudre le problème de la non-organisation de l’élection présidentielle et de la fin imminente du mandat de Joseph Kabila.
Sesanga, Lubaya, Mukwege…
« Au lieu de défendre l’intégrité territoriale de la RDC, de s’attaquer aux véritables problèmes du pays et de promouvoir la cohésion nationale, M. Tshisekedi cherche à changer la Constitution pour consolider son pouvoir usurpé et briguer un troisième mandat », écrivent les signataires. Parmi eux, il y a d’abord Moïse Katumbi, soupçonné de tentative de déstabilisation par le pouvoir et, l’ancien président Joseph Kabila, accusé par son successeur Félix Tshisekedi d’être derrière l’alliance entre Corneille Nangaa et le M23.
Ils ont été rejoints par Delly Sesanga, brièvement interpellé le 14 novembre dans une manifestation contre la révision de la Constitution, Claudel André Lubaya, en exil depuis une année Martin Fayulu, qui a durci ses positions ces dernières semaines après avoir échoué à convaincre les autorités d’organiser un dialogue, Augustin Matata Ponyo, l’ancien Premier ministre qui siège actuellement à l’Assemblée nationale, et enfin par Denis Mukwege, le prix Nobel de la paix et candidat malheureux à la dernière présidentielle.
La mise en garde de Tshisekedi
Pour Félix Tshisekedi, la modification de la Constitution – dont on ne connaît pas l’ampleur – s’impose car ce texte, « écrit à l’étranger, par des étrangers » et qui prévoit que la RDC puisse céder une partie de sa souveraineté à certains États, doit être adapté « aux réalités du pays. »
Mais, selon ses opposants, il n’y a ni urgence ni opportunité. « Face à cette dérive dictatoriale, les Forces politiques et sociales lancent un appel solennel [à la mobilisation] à toutes les personnes éprises de paix et de justice », ajoutent ceux qui entendent faire échec à ce « projet diabolique. » « Des manifestations citoyennes à travers tout le pays et au sein de la diaspora seront organisées dans les jours à venir pour défendre notre Constitution et barrer la route à M. Tshisekedi. » Le 16 novembre, à Lubumbashi, le chef de l’État a mis en garde contre toute « manipulation » au sujet de son initiative, assurant ne pas vouloir s’éterniser au pouvoir.
(Avec Jeune Afrique)