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Les médias américains sont-ils objectifs ou partisans ?

Par La Prospérité
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(Par le Prof. Patience Kabamba)

Mon fils Ryan a 16 ans, et dès mon arrivée en décembre dernier, il me lança, je cite : « Free Gaza ! » J’étais très étonné, car je sais, pour y avoir longtemps réfléchi, que le conflit israélo-palestinien est très complexe. J’ai regardé Ryan et je lui ai demandé : que signifie « Free Gaza », il m’a répondu que c’est le cri de la jeunesse pour exiger un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Ryan en sait déjà beaucoup par rapport à la grande majorité des jeunes de son âge. J’ai donc dû lui expliquer que j’étais d’accord avec lui qu’on devrait avoir un cessez-le-feu à Gaza, mais l’histoire de ce conflit est complexe et le conflit actuel, aussi dramatique soit-il, est encore beaucoup plus complexe.

Au bout d’un moment de silence, j’ai demandé à Ryan, je cite : « Que ferais-tu si quelqu’un venait t’attaquer, s’enfuyait et se cachait derrière les malades dans un hôpital ou derrière les enfants dans une garderie ? » Ryan me répondit : « Je ne sais pas. » Je poursuivis, c’est à peu près la situation dans laquelle se trouve l’armée israélienne contre le Hamas.

Les gens de bonne volonté reprochent souvent à Israël de donner une réponse disproportionnée aux massacres du 7 Octobre 2023 perpétrés par le Hamas. Depuis quand la guerre a une proportion quelconque ? Depuis quand les ennemis dictent-ils les conditions et les limites de la riposte de la personne qu’ils ont attaquée ? Toutes ces questions avaient pour but de montrer à Ryan qu’en même temps qu’il appelle à un cessez-le-feu à Gaza, comme je le souhaite moi-même, il doit aussi avoir en tête ces complexités qui rendent ce conflit tout sauf facile. J’ai demandé à Ryan d’où il tirait ses nouvelles. Il m’a répondu que c’est par Twitter qu’il a la plupart de ses informations. Les jeunes de l’âge de Ryan tirent leurs nouvelles de Twitter, Instagram, Facebook ou You Tube, et le résultat en est que ces médias les influencent terriblement, si profondément que cette influence dépasserait même celle qu’exerçait jadis l’Église sur les chrétiens au Moyen Âge.

La presse en Amérique est protégée par la Constitution. Une des raisons étant que le pays est construit sur la volonté d’un peuple qui a choisi de s’appuyer sur sa souveraineté pour la poursuite de son bonheur. En Amérique, il n’y a ni roi, ni empereur, mais uniquement le peuple qui décide. La presse est donc supposée être le média qui présente aux peuples de manière objective les informations.  Aujourd’hui, la presse américaine n’est ni objective, ni libre, elle est devenue partisane. Les journalistes sont, pour la grande majorité, devenus des activistes politiques qui, pour la plupart, défendent un camp politique contre un autre. Lorsque vous écoutez un journaliste rapporter les nouvelles aujourd’hui, vous n’aurez pas de mal à savoir pour qui ce journal a voté aux dernières élections. Aujourd’hui, les médias écrits comme les chaines de radios et de télévisions ont tout simplement perdu toute originalité. La plupart des journalistes de CNN, MSNBC, NBC, ABC, CBC, New York Times, Washington Post, Google ou Facebook paraissent comme des activistes du parti démocrate et les nouvelles que ces chaines ou journaux présentent ont un parfum partisan. Fox News et New York Post font la même chose du côté républicain. La majorité des chaines étrangères que je suis, surtout les chaines et les journaux francophones, s’alignent sur CNN ou le New York Times. Sky News en Grande-Bretagne est aussi à droite que Fox News. Le journalisme ne consiste plus à donner les nouvelles, mais à propager les opinions des journalistes qui sont assez souvent partisanes. Les choses semblent encore être pires avec les engins de recherche comme Google, YouTube ou Tweeter avant son acquisition par Elon Musk. Ces engins de recherche arrivent parfois à effacer les points de vue qui ne sont pas en phase avec la pensée gauchiste qu’ils soutiennent. Des médecins qui ont osé critiquer la précipitation avec laquelle les vaccins anti-COVID-19 étaient mis en place avaient tout simplement été bannis de Twitter, Google ou Facebook. Toutes les opinions qui ont osé appeler à plus d’investigation sur l’élection du Président Biden en 2020 étaient simplement écartées de plusieurs plateformes. Le résultat de cet état des choses est qu’il n’y a formellement plus de médias indépendants. YouTube et Tweeter ont permis à plusieurs personnes de littéralement commencer leurs propres chaines privées. L’univers médiatique américain a profondément changé et est devenu foisonnant suite à la multiplicité des sources d’information. Le dégoût pour les médias traditionnels mainstream se justifie par le fait que la plupart des journalistes sont des activistes politiques. Ils ne transmettent plus l’information, mais plutôt leurs opinions totalement partisanes. Il est possible, aujourd’hui, que les médias vous fassent gagner une élection uniquement par la manière dont ils vous présentent comme une vierge tombée du ciel et qui n’a aucun passé.

Et les mêmes médias peuvent présenter votre adversaire comme un monstre dont il faut faire attention pour ne pas détruire la démocratie. Les médias ne constituent plus le médium objectif qui transmet juste les informations ; ils sont devenus des lieux d’endoctrinement. Ils infantilisent le peuple comme s’ils étaient incapables de prendre des décisions rationnelles en faveur de leur pays. La presse, qui devrait être transmetteur d’information, est devenue un des grands obstacles à la compréhension de la réalité. 

Enfin, les médias sont à l’avant-garde de la pathologie sociétale qui nous fait sortir de la lutte des classes. Pendant des siècles de combat de radicalité des luttes des classes, l’humanité s’est posée sur la réalité des luttes des classes contre l’État, l’argent et le salariat. Avec la modernité qui s’est structurée sur les échecs des révolutions contre le capitalisme, les médias qui font partie du laboratoire de la gauche nous construisent comme des hors-sols atomiques, narcissiques, pathologiques et autolâtres. Les médias sont en plein dans l’indistinction qui symbolise la dictature démocratique de l’équivalent général abstrait.  Les choses deviennent des êtres et les êtres deviennent des choses. La lutte de classe autour de la contradiction de la plus-value qui aboutit à l’insurrection radicale d’abattre l’argent et l’État passe aujourd’hui, grâce aux médias, sous le tapis de la société nationale de l’indistinction.

Et cela permet au capitalisme d’évoluer sans problème. Tout ce qui surgit aujourd’hui au 21e siècle avec le concours des médias, c’est la dictature démocratique de l’atomisation narcissique du sujet, tellement abruti dans l’indistinction.

Le sujet abrouti ne peut plus rien distinguer, il ne peut plus faire la différence ; il est dans l’incapacité de comprendre le sens de toutes les luttes de radicalité d’avant qui doivent être éteinte et étouffée ou annihilée pour que dans les grandes galeries marchandes du temps contemporain, les seules interrogations possibles soient celles du sociétal féministe, homosexuel, immigrationniste et écolo-compatible au capital.  Bref, tout ce qui n’inquiète pas le capital. La grande tradition historique de radicalité profonde – le logos – doit disparaître. Tout ce qui fait de nous des abrutis doit être valorisé. C’est le rôle que joue le journalisme aujourd’hui qui infecte les jeunes gens comme mon fils Ryan. Mon rôle en tant que parent est de remettre la complexité et la radicalité subversive du logos sur la table contre la dictature de la marchandise ».

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