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Pâques : voici l’Homélie prononcée par l’abbé José MPUNDU à l’occasion de la résurrection

Par La Prospérité
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Pâques 31/03/2024 à Notre-Dame de Fatima

Le vendredi saint, avant qu’il ne rende son esprit entre les mains de son Père, alors qu’il souffrait atrocement, nous avons entendu Jésus pousser un grand cri de détresse, avec le sentiment d’être abandonné par tous, y compris son Père : « Eli , Eli, lama sabactani » ce qui veut dire « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » (Mc 15, 34). Lui, l’innocent qui a passé toute sa vie sur cette terre en ne faisant que le bien, lui le juste qui n’a fait aucun mal, le voilà arrêté, jugé par une justice malade dans une parodie de procès, condamné à mort, outragé, humilié, trahi par Juda, renié par Pierre, lâché par ses disciples, voué à la mort par le peuple, il s’adresse à son Père et exprime son désespoir et son sentiment de profonde solitude.

Dieu vers qui il crie, vers qui tous les rejetés, les exclus et les condamnés à mort crient, ne va pas lui répondre par un discours, par des promesses fallacieuses ; il va répondre par un acte : il le ressuscite des morts.

C’est ce que nous célébrons aujourd’hui : la réponse de Dieu au cri de l’innocent qu’on tue injustement. Comme Pierre le dit dans son discours, le jour de la Pentecôte : « Cet homme qui avait été livré selon le dessein bien arrêté et la préscience de Dieu, vous l’avez pris et fait mourir en le clouant sur la croix par la main des impies, mais Dieu l’a ressuscité le délivrant des affres de l’Hadès » (Ac 2, 23-24). A la violence aveugle, à la haine, à la méchanceté des hommes, Dieu réagit en faisant triompher l’amour, en faisant triompher la vie. En ressuscitant son Fils, Dieu nous donne un message fort et puissant : le mal n’aura jamais le dernier mot, le péché n’aura jamais le dernier mot, la mort n’aura jamais le dernier mot. Donc, quelle que soit la profondeur de l’abîme dans lequel les circonstances de la vie nous plongent, nous n’avons pas à désespérer car Dieu ne nous abandonne jamais ! Dieu n’est pas du côté des traitres, des violents, des méchants, mais du côté du juste que l’on fait souffrir injustement.

La résurrection de Jésus que nous célébrons aujourd’hui nous enseigne que l’AMOUR – c’est-à-dire DIEU – TRIOMPHE TOUJOURS. Nous célébrons donc aujourd’hui le triomphe de l’amour sur la haine, le triomphe de la vie sur la mort. En ressuscitant Jésus, Dieu fait commencer à son Fils et à tous ses enfants que nous sommes, une VIE NOUVELLE, une AUTRE VIE. Cette nouvelle vie, cette autre vie est marquée d’abord par la PAIX. En effet, dans toutes apparitions à ses disciples après sa résurrection, Jésus commence toujours par un souhait : « Paix à vous » (Jn 20, 19). Cette paix de Jésus n’est pas comme celle du monde. Lui-même l’a dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27). Oui, la paix de Jésus n’est pas comme celle du monde. Elle n’est pas dans le respect de ou la soumission à l’ordre établi, lorsque nous savons que cet ordre est celui des puissants et des grands de ce monde pour dominer et écraser les faibles et les petits. Elle n’est pas dans le silence lorsque le silence naît de la peur de la répression. Elle n’est pas dans la résignation car la résignation est indigne de l’homme.

La Paix de Jésus c’est l’amour pour tous. Un amour qui donne, qui se donne et qui pardonne. La Paix de Jésus c’est la justice pour tous. Une justice-miséricorde qui détruit le mal et sauve le malfaiteur. Une justice qui diffère de celle des Scribes et des Pharisiens. La justice des Scribes et des Pharisiens condamne et tue pas nécessairement les coupables. Aujourd’hui, avec la levée du moratoire sur l’exécution de la peine de mort, nous rentrons à cette justice des Scribes et des Pharisiens.

Et puis, posons-nous la question : si on devait tuer tous les traitres, par qui devrait-on commencer ? Qui est traitre et qui ne l’est pas ? Eh bien, à ces questions, je donne ma réponse. Si on doit tuer les traitres, on devrait commencer par moi parce que je suis tout autant traitre que Judas. Je trahis Dieu, je trahis Jésus, je trahis mes amis, d’une manière ou d’une autre. Et chacun de nous, en se regardant devant le miroir de la Parole de Vérité, devrait se reconnaître traitre quelque part en toute vérité.

La Paix de Jésus c’est la vérité pour tous. Une vérité qui libère du péché, le péché qui écrase, divise et humilie. N’a-t-il pas dit à ses disciples : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité et la vérité fera de vous des hommes libres » (Jn 8, 31-32). Et cette vérité, c’est Jésus lui-même qui a dit : « Je suis le chemin, la VERITE et la vie » (Jn 14, 6). Il n’y a donc pas la paix véritable là où règne le mensonge. La Paix de Jésus c’est enfin le développement pour tous. Comme l’a dit le Pape Paul VI dans son encyclique « Populorum Progressio » : « Le développement est le nouveau nom de la paix » (Encyclique Populorum Progressio, n° 87). Il s’agit ici du développement intégral de l’homme, de tout l’homme et de tous les hommes. Cette nouvelle vie est donc une vie d’amour, de fraternité sans frontière, de solidarité et de partage. Et l’homme nouveau que nous sommes appelés à être avec Jésus, le ressuscité, est un homme de paix, de vérité, de liberté, de justice et d’amour. Telles sont là les qualités par lesquelles on reconnaît l’homme nouveau, ressuscité avec le Christ. Les effets de la résurrection ne se limitent pas seulement à la personne individuelle.

Nous avons pris l’habitude de réduire la religion de Jésus-Christ, la religion chrétienne, à quelque chose d’intimiste, qui me concerne dans ma vie privée, individuelle.

C’est pourquoi, nous parlons souvent de la conversion individuelle, personnelle qui consiste à abandonner telle habitude mauvaise ou tel comportement jugé mauvais. Cela n’est qu’un aspect non négligeable bien entendu mais auquel nous ne devons pas nous limiter. La résurrection de Jésus a une dimension sociale et je dirais même politique. Et d’ailleurs, n’est-ce pas la raison pour laquelle, on l’a condamné à mort. En effet, sur la croix, il était inscrit : « Jésus Roi des Juifs ».

En ressuscitant son Fils Jésus-Christ, Dieu veut aussi ressusciter le monde, la société, notre vivre-ensemble. Ce monde ressuscité, ce monde nouveau, ce Congo Nouveau sera avant tout une terre d’égalité et de respect absolu de l’homme. En effet, dans ce monde nouveau tout homme est mon frère, tout homme a droit au respect pour sa vie et sa dignité. Et le créateur nous ordonne : « Tu ne tueras point ». Ce commandement ne souffre d’aucune exception. Et nous en avons une parfaite illustration avec le cas de Caïn. Après avoir tué son frère, il était désemparé et inquiet pour son avenir.

Il dit à Yahvé : « Ma faute est trop lourde à porter. Si tu me chasses aujourd’hui de l’étendue de ce sol, je serai caché à ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera » (Gn 4, 13-14). Yahvé lui dit : « Eh bien ! Si l’on tue Caïn, il sera vengé sept fois. Yahvé mit un signe sur Caïn pour que personne en le rencontrant ne le frappe » (Gn 4, 15). Dieu ne veut pas la mort du pécheur. Il lui donne toujours la chance de faire le bien et de changer sa vie parce qu’il croit en l’homme et en sa capacité de changer.

Ce nouveau monde, ce Congo Nouveau pour nous, sera une terre de participation et de responsabilité. Pensons ici à la parabole des talents (Mt 25, 14-30) qui nous met en présence de ce chef qui devait partir en voyage et a laissé à chacun de ses ouvriers des talents, chacun selon ses capacités : à l’un, un talent, à l’autre deux talents et à l’autre encore cinq talents.

A son retour, chacun doit répondre, rendre compte. Nous devons mettre fin à un monde où il y a des spectateurs d’un côté et des acteurs de l’autre. Les spectateurs attendent que les acteurs commettent des erreurs et puissent faillir pour se moquer d’eux et crier à leur remplacement. Tous nous devons mettre la main dans la pâte. Tous nous devons nous salir les mains. Et chacun de nous doit être prêt à rendre compte, à répondre de ce qu’il a fait ou de ce qu’il a omis de faire. Nous devons mettre fin à une société d’irresponsables qui, facilement, rejettent la responsabilité de ce qui leur arrive à l’action des autres. Nous devons mettre fin à cette tendance qui nous caractérise, celle de rechercher toujours des « boucsémissaires ». 4 Ce nouveau monde, ce nouveau Congo doit être une terre de liberté et de vérité. Un monde libéré de l’esclavage de l’avoir (de l’argent), du pouvoir et de la gloire (des honneurs). Et cette liberté ne sera possible que si nous vivons dans la vérité.

Car, comme nous l’avions dit, seule la vérité libère. Vérité sur Dieu qui est amour ; vérité sur l’homme qui est sacré parce que image de Dieu ; vérité sur les biens matériels qui sont au service de l’homme et non le contraire ; vérité sur le pouvoir qui doit être service et domination ; vérité sur la gloire qui doit venir de l’humilité, de l’abaissement car « tout homme qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé » (Luc 14, 11). Seule la connaissance de cette vérité fait de nous des hommes libres et un pays libre. Ce nouveau monde, ce Congo nouveau, doit être une terre de justice et de paix. Un monde où se pratique la justice-miséricorde, la seule capable d’engendrer la vraie paix, la paix durable, parce qu’elle fait la distinction entre le mal et le malfaiteur. Elle détruit le mal et sauve le malfaiteur.

Enfin, ce monde nouveau, ce Congo nouveau, sera une terre de solidarité et de partage. A l’exemple de la première communauté des disciples de Jésus-Christ qui « mettaient tout en commun et partageaient tout de telle sorte que nul ne soit dans le manque » (Ac 2, 44-45). Un monde où il n’y aura plus de pauvres parce que les biens de la terre seront partagés équitablement pour que personne ne soit dans le manque. Ressuscités avec Jésus-Christ, nous accompliront les paroles de l’Apocalypse de Saint Jean : « Je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre ont disparu… Voici je fais l’Univers nouveau » (Ap. 21, 1-5). Frères et sœurs, ressuscités avec le Christ, nous devons quitter la religion des slogans stériles, pour entrer dans une religion de l’engagement pour qu’avec lui et la puissance de son Esprit, nous puissions bâtir ensemble cette terre nouvelle, ce monde nouveau, cet univers nouveau. Et pour nous, il s’agira très concrètement de bâtir ensemble un Autre Congo différent de celui dans lequel nous vivons aujourd’hui, un Congo de justice et de paix, un Congo de vérité et de liberté, un Congo de participation et de responsabilité, un Congo d’égalité et de respect de l’homme, un Congo de solidarité et de partage.

Que le Christ ressuscité nous accompagne dans ce combat pour un homme nouveau et un monde nouveau ! Amen !

Fait  à Kinshasa, Notre-Dame de Fatima, le 31/03/2024

José Mpundu

Prêtre de l’archidiocèse de Kinshasa

Tél. : +243856467887/+243997030932/+243818133765

E-mail : jpmpundu@gmail.com

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