(Par le Professeur Patience Kabamba)
Le Gouvernement américain a décidé de fermer l’agence américaine d’aide internationale au développement (USAID). Cette décision a soulevé une levée de boucliers à gauche. Des juges sont mis à contribution pour demander l’arrêt ou le retrait de la décision du gouvernement Trump qu’on accuse d’avoir engagé Elon Musk sans la confirmation du sénat. Pour plus de perspective, il est bon de savoir que le budget de l’USAID, près de 43 milliards de dollars américains équivaut à 1% du budget annuel des USA. Le budget de la République Démocratique du Congo est de 8 milliards USD.
Vivant à la fois au Congo et aux USA, et travaillant à intervalles réguliers pour USAID, je me permets de placer un mot sur ce débat sur USAID. Je me rappelle qu’il y a quelques années, j’étais en mission à l’est du Congo pour USAID lorsque J’enseignais à Utah et juste pendant ce temps, deux de mes étudiants noirs américains avaient abandonné les études faute de moyens financiers pour survivre.
Je me souviens qu’à Goma, j’avais posé à mon team leader la question de savoir pourquoi l’argent américain était utilisé au Congo alors que des Américains, comme mes étudiants qui ont abandonné les études, en ont grandement besoin pour étudier. La réponse de Kevin (nom d’emprunt) était géniale. Il m’a dit que les USA devraient faire les deux, c’est-à-dire maintenir l’assistance à l’étranger et aussi s’assurer que tous les Américains qui ont besoin de l’aide fédérale puissent l’obtenir.
Lorsque le gouvernement Trump a fermé USAID, j’ai aussi posé la question à Kevin de ce qu’il en pensait. Il m’a répondu que cela devait se passer depuis bien longtemps (it was overdue), mais il s’étonnait de la brutalité avec laquelle le démantèlement de USAID se fait. La remarque que l’on entend souvent, surtout à droite, est que L’USAID est devenue trop grande au point de refuser toute tentative de contrôle. Sa présidente, Samantha Power, avait défié même le Congrès dans un débat avec le sénateur Rand Paul. USAID est accusée d’avoir bousier 3.000 milliards (3 trillions) pour des dépenses impropres.
Les supporteurs de USAID répliquent que l’agence rend beaucoup de service en stoppant, par exemple, la progression des épidémies dans les pays en développement. La gauche et la droite ont raison. USAID arrive à aider à ralentir la propagation des épidémies ; en même temps, USAID finance aussi des projets idéologiques de gauche, comme l’encouragement des groupes homosexuels et transgenre dans des pays en voie de développement, sans compter les financements à des groupes terroristes.
La gauche est devenue le larbin de la panurgie industrielle, politique, médiatique et universitaire, ne discernant plus que trois totems primordiaux : l’antiracisme immigrationiste, le LGBTIsme transgendériste et le rechauffisme climatique. En RDC, l’aide américaine est sans doute importante, mais elle sert plus à augmenter le standing de vie des contractants nationaux ou internationaux de l’agence plutôt que de relever le niveau de vie des pauvres gens qui en ont besoin.
Je ne pense pas que pour le Congolais moyen la fermeture de l’agence aura un aussi grand impact. Évidemment, des personnes qui reçoivent les antirétroviraux via la fondation Clinton financée par USAID risquent de manquer des médicaments. La nouvelle forme que l’agence prendra pourrait remédier à cela.
La solution que je propose est celle de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il est possible, sous une autre forme, de garder les programmes vitaux et indispensables que L’USAID accomplissait. Cela peut être fait sous la responsabilité du département d’Etat.
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La fermeture de l’USAID par le gouvernement Trump nous donne l’opportunité de réfléchir sur l’aide au développement des pays riches vers les pays pauvres. Il existe trois théories académiques là-dessus. Jeffrey Sachs, dans End of Poverty (2005), suggère que des milliards d’argent soient envoyés en Afrique pour aider les Africains à sortir du piège de la pauvreté.
Lorsqu’on rappelle à Sachs que des milliards étaient donnés à l’Afrique, mais qu’ils étaient détournés par des dirigeants comme Mobutu, Idi Amin, etc., il a répondu que la nouvelle génération des leaders africains est plus correcte. On peut mieux les surveiller aujourd’hui. La Zambienne Dambissa Moyo estime, dans son ouvrage Dead Aid (2009), qu’il faut zéro aide, surtout à l’Afrique, car l’aide étrangère empêche toute possibilité pour la population récipiendaire de se prendre en charge.
La troisième théorie est celle de Paul Collier dans son livre The Bottom Billion (2007) où, il stipule que l’aide étrangère devrait uniquement répondre à l’urgence, comme la famine, la sécheresse ou des catastrophes naturelles. Après l’urgence, il faut arrêter l’aide financière. Le SUSSEX, dans une de ses conclusions, réduit aussi l’aide étrangère aux seules urgences. Personnellement, je pense que l’aide étrangère devrait venir rencontrer une dynamique interne dans le pays récipiendaire de l’aide. USAID devrait dénicher les dynamiques locales, c’est-à-dire des efforts des gouvernements, afin de leur venir en aide pour compléter l’ouvrage commencé par les nationaux eux-mêmes.
Un exemple : si les gens d’un village se décident à creuser un puits pour avoir de l’eau potable et qu’avec leurs moyens propres ils ne peuvent pas atteindre la nappe phréatique, alors l’aide étrangère pourrait leur être utile pour atteindre le niveau d’eau que les locaux ne pouvaient pas atteindre faute de moyens. Les envois des condoms de plusieurs millions de dollars ou les opérations transgenres financées par USAID sont des pertes inutiles de l’argent du contribuable américain.
C’est de l’aide financière bêtifiante d’une mafia étatiste humanitariste du capital. Le débat actuel provoqué par la fermeture de l’USAID est d’abord une imposture qui ne tolère que de discuter de la façon dont l’on peut collaborer ou pas avec des détournements avérés de l’argent des contribuables américains.
Tout cela est à placer sous le voile théorique du mode de production existant ; de la désintégration du logos qui est partout à l’ordre du jour afin que le monothéisme de la valeur d’échange (l’argent) arrive au terme de sa logique pour empêcher que démocrates et républicains ne se parlent.