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Sur les ondes de Top Congon, Delly Sesanga : ‘’L’urgence absolue est la refondation de l’Etat’’

Par La Prospérité
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Au cœur d’une tournée qui l’a mené de Washington à Bruxelles, en passant par Londres et Paris, Delly Sesanga, figure politique congolaise connue pour son franc-parler, a livré une analyse percutante de la situation en République Démocratique du Congo. Président du parti Envol et ancien candidat à la présidence, Delly Sesanga, s’exprimant sur les ondes de Radio Top Congo en début de semaine, n’a pas mâché ses mots pour décrire un pays au bord du gouffre, miné autant par ses démons internes que par les agressions extérieures.

Loin de se limiter à la condamnation, certes unanime, de l’agression extérieure qui déstabilise l’Est du pays, Delly Sesanga pointe du doigt une réalité plus profonde et douloureuse : ‘’Le Congo s’effondre d’abord de ses propres contradictions internes’’. C’est là le cœur de son diagnostic. Il dépeint un Etat dont les fondations s’effritent, où la corruption, l’arbitraire et la violation constante des lois, y compris de la Constitution, sont devenus la norme.

Cette faiblesse structurelle, selon lui, est la véritable racine du mal. L’absence d’une administration capable de contrôler le territoire, d’une armée et d’une police dissuasives et républicaines, d’une justice fonctionnelle et de services de renseignement efficaces crée un vide béant. Un vide que l’insécurité et la violence s’empressent de combler, que ce soit à travers le conflit persistant dans l’Est, l’émergence de nouvelles menaces comme le phénomène Mobondo aux portes de Kinshasa, ou la violence urbaine qui terrorise les populations au quotidien. ‘’Tant que le Congo restera à cet état non viable, le cycle de violence sera entretenu’’, prévient-il.

Au-delà de la façade institutionnelle : l’urgence des réformes

Delly Sesanga critique sévèrement l’approche des dernières années, tant au niveau national qu’international, qui s’est trop souvent contenté d’une ‘’façade institutionnelle’’. Organiser des élections, même entachées d’irrégularités, ne suffit pas à garantir la stabilité si les questions fondamentales de la refondation de l’Etat sont ignorées. Il rappelle l’importance cruciale des réformes maintes fois identifiées notamment, dans l’accord-cadre d’Addis-Abeba : réforme du secteur de la sécurité, de la justice, de la décentralisation, et instauration d’une gouvernance économique et financière au service du bien commun.

Ces réformes, essentielles pour bâtir un Etat viable capable d’assurer la sécurité de ses citoyens et l’intégrité de son territoire, ont été « absentes, évanescentes » des priorités gouvernementales successives, entraînant une ‘’dégradation complète de la situation’’ malgré les ressources mobilisées.

Une approche holistique indispensable

La crise actuelle, juge-t-il, est beaucoup plus importante que par le passé, avec une escalade manifeste et des pans entiers du territoire échappant à l’autorité centrale. Face à cette urgence, il rejette les solutions partielles ou séquencées. « Il faut une approche holistique, une approche d’ensemble, » martèle-t-il.

Si la voie diplomatique et négociée semble s’imposer pour la crise dans l’Est, car « il n’y a pas d’issue militaire », elle ne doit pas occulter la nécessité impérieuse d’un dialogue interne pour résorber les fractures politiques et sociales. A cet égard, il voit dans l’initiative menée par l’Eglise du Christ au Congo (ECC) et la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) un potentiel point focal pour engager de vraies discussions en interne.

Parallèlement, la question sécuritaire exige une réponse ferme : le retrait de toutes les troupes étrangères « rwandaises ou ougandaises, mercenaires » est une condition sine qua non pour que les Congolais reprennent en main leur propre sécurité. Ce n’est qu’à cette condition, estime-t-il, que le pays pourra s’engager sérieusement dans les réformes de refondation.

Le rôle des partenaires et l’avenir

Sa tournée euro-américaine vise précisément à partager cette lecture de la crise avec les partenaires internationaux, dont la solidarité et la compréhension sont jugées nécessaires. Il s’agit de les convaincre de regarder le problème congolais dans sa globalité, en ne se focalisant pas uniquement sur la dimension sécuritaire régionale, mais en reconnaissant l’impératif des réformes internes.

Interrogé sur la possibilité d’une démission du Chef de l’Etat, l’opposant rappelle qu’il s’agit d’un mécanisme constitutionnel, laissant au Président Tshisekedi le soin d’évaluer sa propre capacité à diriger le pays face à une situation qui, selon lui, « va plutôt à la dérive ».

Enfin, tout en reconnaissant la nécessité de rétablir de mécanismes de confiance au niveau régional, il suggère que le retrait précipité ou mal conditionné de la MONUSCO a laissé un vide. Il plaide pour le déploiement futur d’une force internationale repensée, dotée d’un mandat clair, de règles d’engagement robuste et d’un plan de désengagement solide, pour accompagner la stabilisation et la réinsertion des combattants démobilisés.

Le message de Delly Sesanga est clair : l’heure n’est plus aux demi-mesures. La survie et la stabilité de la RDC passent par une prise de conscience nationale et un engagement résolu sur la voie de la refondation de l’Etat, soutenus par une communauté internationale lucide sur l’ensemble des défis.

Nathan Mundele

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