(Par Gaston Bonheur)
On peut acheter 100 avions de combat, 1000 blindés, recruter 50.000 hommes…
Mais tant que nous ne guérissons pas L’ÂME de notre armée, rien ne changera.
Le Congo ne souffre pas seulement d’un problème militaire.
Le Congo souffre d’un problème moral, psychologique, spirituel et historique au cœur même de ses forces armées.
Aujourd’hui, je vais dire ce que beaucoup taisent, volontairement ou par peur.
1. Le premier mal : l’armée a été construite sur la TRAHISON et non sur la LOYAUTÉ
Depuis 1960, les armées qui se sont succédé au Congo n’ont pas été formées pour défendre le peuple, mais pour protéger celui qui est au pouvoir.
Les soldats ont appris à être loyaux à un individu, pas à la Nation.
Résultat :
on trahit l’État pour plaire à un général,
on trahit la patrie pour un poste,
on trahit ses frères pour un grade,
on trahit le Congo pour 50 dollars de per diem.
Le drame, ce n’est pas une faiblesse militaire.
C’est une faiblesse de l’âme.
2. Le deuxième mal : la peur de mourir pour un pays qui ne respecte pas ses soldats
Un soldat courageux finit traumatisé.
Un officier loyal finit mis à l’écart.
Un militaire qui se sacrifie finit oublié, enterré sans honneur, abandonné par l’État.
Alors comment veux-tu que le soldat donne sa vie avec conviction, s’il sait que :
sa famille sera abandonnée, son sacrifice ne changera rien, son nom ne sera jamais honoré ?
Tant qu’on ne construit pas l’honneur du soldat, on ne construira jamais une grande armée.
3. Le troisième mal : les officiers pensent être des princes, et les soldats des esclaves
Dans les grandes armées du monde, les généraux et les soldats partagent le même sang, la même boue, la même faim, la même fatigue.
Chez nous, trop souvent :
le général dort à l’hôtel,
le soldat dort par terre.
le général mange la viande,
le soldat mange l’illusion.
le général reçoit la solde entière,
le soldat reçoit la moitié ou rien.
Une armée où le chef vit comme un roi
alors que ses hommes vivent comme des mendiants
est une armée maudite de l’intérieur.
4. Le quatrième mal : l’armée est un refuge pour la pauvreté, pas une vocation sacrée
Beaucoup entrent dans l’armée faute d’emploi, pas par amour de la Nation.
Conséquence :
pas de discipline réelle,
pas de culture militaire,
pas de vocation,
pas d’esprit de sacrifice.
On ne devient pas soldat pour manger.
On devient soldat pour mourir s’il le faut.
Tant qu’on n’installe pas cet esprit sacré, notre armée restera fragile, même si elle est nombreuse.
5. Le cinquième mal : trop de cœurs brisés, trop de humiliations jamais guéries
La guerre de 1996, puis celle de 1998, puis 20 ans de conflits à l’Est ont laissé des cicatrices psychologiques énormes.
Beaucoup de militaires ont vu :
l’humiliation, la trahison, l’abandon, la mort sans jamais recevoir de soin psychologique, sans jamais recevoir de reconnaissance, sans jamais recevoir d’accompagnement moral.
Un soldat traumatisé n’est pas lâche.
Il est cassé.
Et un pays qui laisse son armée cassée ne se relève jamais.
6. Le mal suprême : l’armée congolaise ne sait plus POUR QUI elle se bat
C’est ça le vrai problème.
Le soldat congolais ne manque pas de courage.
Il manque de CLARTÉ intérieure.
Il se bat :
pour un chef ?
pour un individu ?
pour une tribu ?
pour une carrière ?
pour une promesse vide ?
pour un pays qui ne le connaît pas ?
Tant que les FARDC ne retrouvent pas un idéal sacré, un sens profond, une mission spirituelle de protéger la terre de leurs ancêtres, ils ne deviendront jamais la puissance qu’ils peuvent devenir.
Alors quelle est la vraie réforme ? La seule réforme ?
La vraie réforme n’est pas militaire.
Elle est morale, spirituelle et psychologique :
- Reconstruire la loyauté
- Restaurer l’honneur du soldat
- Sanctifier la mission militaire
- Réparer l’âme brisée des FARDC
- Créer une culture militaire nationale, pas copiée
- Arrêter de traiter le soldat comme un outil jetable
- Réconcilier l’armée avec le peuple
Car une armée n’est pas une machine.
C’est une âme collective, un esprit national, un feu intérieur.
Quand ce feu brûlera à nouveau, alors le Congo deviendra la puissance militaire la plus redoutée d’Afrique — pas par la technologie, mais par la force intérieure.
Debout Congolais
Le problème n’est pas nos armes.
Le problème n’est pas nos effectifs.
Le problème n’est même pas nos frontières.
Le problème est dans notre âme militaire.
Et la solution aussi.