Poème intitulé : Quand la guerre sera finie au Congo
(Par Jeancy Mukawa alias Lumumba 2)
Peuple noble aux fiertés endormies !
Quand la guerre sera finie au Congo, la paix n’arrivera pas en fanfare et personne ne chantera : Vive la diplomatie, Ô fausses accalmies !
Peuple aux paupières lourdes, dont la terre maintes fois a bu le sang, quand la guerre sera finie au Congo, l’Afrique clamera » hourrah » vers le ciel d’un grand cri, et s’élèvera le cri des nations blessées !
Peuple peureux, déchiré, endeuillé, affamé, ton nom retentit et les tombes regorgent de cadavres qui dépasse toute estimation. Partout la blessure dans l’Est, la détresse infinie, le râle, l’agonie, le carnage impitoyable et fou. M’entends-tu ?
Ces rebelles sont encore au Congo, Ô GOMA, quelle moisson la guerre a faite !
Frères de race, Ô Africains, nous parlerons de la guerre tant que nous pleurons.
Battez tambours !
Sonnez clairons !
Sifflez !
Vociférez !
Fifres, Ô chants du réveil qui appellent à la garde des vivants !
Plus de dix millions de morts, Ô nation naïve, quand la guerre sera finie, nos frères de l’Est, par le sang, demanderont leur place au soleil radieux des justes libertés.
Prions pour chacun d’eux et pour tous à la fois. La terre est rouge, le ciel est noir. Trop de sang fraternel a coulé sur la patrie : la terre, le ciel, l’onde !
Quand la guerre sera finie au Congo, à la fin des temps, vêtus de notre chair douloureuse, on comptera les croix de bois dressées sur le sol noir de KIBUMBA.
Ô paix ! Se retirer de la ville d’UVIRA est un leurre, Genocost, Genocost, les chahuts se mêlent aux youyous, il est des chagrins muets, des regrets indicibles qui grossissent le flot des souvenirs !
Comme le drapeau est bleu, comme la paix sera pure. Quand la guerre sera finie au Congo, pour l’honneur du drapeau, pour le salut commun. Ce jour-là, les cloches sonneront dans chaque village, Ô victoire éternelle !
Soldats qui reprenez RUTSHURU et ITURI, héros tombés dans la bataille solennelle, vous que l’archange a pris et portés dans son aile, intercédez auprès de DIEU tout puissant afin qu’il sauve la patrie pour laquelle, soldats du droit, vous êtes morts !
Paradis !
Seigneur !
Après ces âpres tueries, que feras-tu de tous ces corps qui dorment par milliers chaque jour sous la terre chérie ?
Ô terre d’héroïsme, imbibée du sang de Caïn. Quand la guerre sera finie au Congo, Ô nobles morts immortels, que de deuils, que de pleurs, de maux et de combats !
Frères congolais, serrons les rangs des bataillons, levons-nous et chantons, vocables glorieux, comme les cloches des clochers sonnent avec exubérance : Quand la guerre sera finie ?
Aux menaces du joug, la fierté se redresse. Debout ! Quand la guerre sera finie au Congo, mille chants, mille cris et mille bruits s’élèveront aux quatre coins du ciel. La pluie de bombes ne tombera plus sur la terre des vivants. Ce jour-là, UVIRA ne sera pas seulement libérée, c’est le Congo qui sera libéré, une fois encore dans l’histoire.
Vous qui tombâtes morts, Ô crachats rouges de la mitraille, pour ceux jetés dans les fosses communes, pour les morts sans tombe, pour les femmes violées qui ont perdu jusqu’à leur nom, pour les enfants disparus dans la bouche des forêts. Quand la guerre sera finie, Ô guerre, les larmes s’agrippent à la peau, personne n’ira plus au combat pour la patrie !
Quand la guerre sera finie au Congo, les accords ne seront plus signés sur des tables tachées de mensonges et sur des papiers diplomatiques.
Quand la guerre sera finie au Congo, le sang versé fleurira en liberté, le retrait des groupes armés ne sera plus sporadique, et chaque armée retournera à sa terre.
Quand la guerre sera finie au Congo, aucun enfant congolais ne tombera plus sous des balles venues d’ailleurs, mains tremblantes, dans des villages devenus des tombes anonymes, Ô ciel, les cloches sonneront pour réveiller ceux qui dorment sous la terre de BUNAGANA.
Ô peuple tombé sous le feu de l’Occident, chaque retrait rappelle un frère perdu, chaque victoire diplomatique cache un cauchemar, sous les pas lourds des orages.
Pitié de nous, pauvre peuple, Ô malheureux, la guerre a déchiré la patrie. La guerre n’est pas finie. Les villes sont des plaies ouvertes. Et s’il n’en reste qu’un seul Africain, je serai celui-là qui dira : « Ô vous qui tombâtes sous les drapeaux de la liberté, où êtes-vous, Patrice Emery LUMUMBA, Thomas SANKARA, Mamadou NDALA, dont les noms se mélancolisent ? ».
AIMEZ LE CONGO VOTRE PATRIE !
D’après JEANCY MUKAWA alias LUMUMBA 2 ; Philosophe, poète, écrivain, chercheur, conférencier et porte-voix de la cause Congolaise.
PERE FONDATEUR DE LA LUMUMBOLOGIE, POETE DE LA RESISTANCE CONGOLAISE ET PHILOSOPHE DE LA RAISON.
