*Tels sont les obstacles à surmonter pour l’effectivité de la justice sociale en RDC.
(Par Jean Joseph Ngandu Nkongolo, Anthropobibliologue, Expert en Anthropobibliologie du Travail, Formateur PsychoSocio-Professionnel et Chercheur à l’Observatoire Congolais du Travail)
« C’est une règle générale : l’homme qui réussit le mieux dans la vie est celui qui détient la meilleure information ». Benjamin Disraeli.
Chères lectrices, chers lecteurs;
1. Le monde entier célèbre ce 20 février 2024 la journée mondiale de la justice sociale. La justice sociale est une condition fondamentale de la coexistence pacifique et prospère. Car, elle est fondée sur l’égalité des droits de tous les peuples et la possibilité pour tous les êtres humains sans discrimination de bénéficier du progrès économique et social partout dans le monde.
2. Cette journée est célébrée cette année sous la thématique : « Surmonter les obstacles et libérer les opportunités pour la justice sociale ».
3. En République démocratique du Congo, la célébration de cette journée mondiale coïncide avec le premier mois de vie du discours d’investiture du Président de la République du 20 janvier 2024. S’adressant, à cette occasion, aux congolaises et congolais, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo dit, je cite : « Mes chers compatriotes, Aujourd’hui, une nouvelle ère est née ! Une ère de maturité incarnée par les valeurs républicaines de paix et de justice ; une ère de progrès, débarrassée de ce que jadis nous minait », fin de citation.
4. Une ère nouvelle de paix et de justice est aussi une exigence pour l’effectivité de la justice sociale. Dois-je rappeler que la paix et la justice sociale font partie des valeurs fondamentales de la République démocratique du Congo, elles découlent de la devise cette république. 5. Je reviens sur la justice sociale pour dire qu’elle est aussi distillée par la loi fondamentale de la République démocratique du Congo qui dispose en son article 1er « La République démocratique du Congo est dans ses frontières du 30 juin 1960, un Etat de droit, Indépendant, Souverain, Uni et Indivisible, Social, démocratique et laïc ». Je me permets de dire que l’Etat social est donc en étroite cohérence avec la justice sociale qui s’inspire du socialisme comme l’expiration d’un monde meilleur fondé sur la recherche d’une organisation sociale et économique plus juste.
6. Cependant, la famine intellectuelle, la présence nombreuse des hommes gaspillés dans les organisations tant politiques que sociales, la corruption et la guerre expansionniste rwandaise donnent un coup dur, jour après jour, à l’effectivité de la justice sociale dans cette ère nouvelle de paix et de justice décrétée par le Président de la République.
7. Evidemment, la famine intellectuelle est un grand obstacle à surmonter en RDC pour l’effectivité de la justice sociale. Joseph Ki-Zerbo (2009) montre que les africains souffrent de la famine intellectuelle qui est due, selon lui, à la carence de l’Edition des livres.
En parlant de la famine intellectuelle Ki-Zerbo stigmatise le fait de l’esprit humain dépourvu de connaissances acquises par lecture des livres. Concernant la justice sociale la famine intellectuelle est un obstacle dans la mesure où la justice sociale a des fondements à la fois moraux et éthiques. Elle (justice sociale) est fixée dans les exigences morales de justice distributive et, partant de ces exigences, la justice s’impose dans chaque personne humaine de manière inconditionnelle, c’est-à-dire, elle devient une culture de la personne humaine.
8. Ainsi donc, les écrits sont un support par excellence de la culture de la justice sociale. C’est ici qu’il convient de rappeler que beaucoup de cas d’injustice sociale que nous déplorons en République démocratique du Congo sont dus au fait que les écrits ne sont pas respectés. La plupart des congolais ont des lois qu’ils ne lisent pas et s’ils les lisent, ils ne les utilisent pas. De même, certains ont la bible et le coran qu’ils n’utilisent pas.
9. La famine intellectuelle a contribué aussi fortement à la présence nombreuse des hommes gaspillés dans les organisations tant politiques que sociales. Dans ma 41ème lettre sociale congolaise j’ai montré que les hommes gaspillés sont, selon Dominique Kahang’a Rukonkish (1988), des citoyens du monde sur lesquels on ne peut plus compter pour la vie et la survie de l’humanité.
10.Ces hommes gaspillés qui sont dans les organisations tant politiques que sociales empêchent ces dernières à réaliser les missions pour lesquelles elles ont été créées. Ils sont flatteurs, hypocrites, égoïstes, menteurs, tueurs, traitres, corruptibles et corrompus. Leur comportement n’est pas susceptible de contribuer à atteindre l’objet même de la justice sociale qui est l’action publique juste. C’est cette action publique justice qui favorise le développement de bonnes pratiques, c’est-à-dire le mode d’être et d’agir conformes aux principes de la justice distributive.
11. Alors que la justice sociale s’est largement inspirée de la pensée de Benthan et son principe de plus grand bonheur pour le grand nombre, ces hommes gaspillés font tout par et pour l’instinct de survie, leur survie à eux seuls et seuls, pas les autres.
12.Pour cela, ils recourent souvent à la corruption, qui est une atteinte à la probité, en vue d’obtenir ou de consentir un avantage indu. Au sujet de la corruption, François Dreyfus (2022) affirme que le terme ‘’ corruption’’ « englobe souvent différentes formes des pratiques tels le clientélisme, le favoritisme, le conflit d’intérêts ou le lobbysme ».
13. La corruption est aussi, selon l’avant-propos de la convention des Nations Unies contre la corruption consécutive à la résolution 58/4 de l’assemblée générale des Nations Unies du 31 octobre 2003, « un mal insidieux dont les effets aussi multiples que délétères. Elle sapa la démocratie et l’état de droit, entraine des violations des droits de l’Homme, fausse le jeu des marchés, nuit à la qualité de la vie et crée un terrain propice à la criminalité organisée, au terrorisme et à d’autres phénomènes qui menacent l’humanité ».
14. C’est ainsi que Dreyfus revient à dire et à préciser que « la lutte contre la corruption, publique ou privée, constitue dès lors pour les Etats un impératif à mettre en œuvre conformément à certaines conventions notamment la convention des nations Unies susmentionnée.
15.Cependant, la présence nombreuse des hommes gaspillés a été et est encore un coup dur à cette lutte. Souvent, on assiste à une crise humaine dans laquelle les corrupteurs et les corrompus sont chargés de traquer, arrêter et condamner les collègues corrupteurs et corrompus. C’est donc cette crise humaine qui mine les efforts fournis pour éradiquer la corruption et ses corolaires en République démocratique du Congo.
16. Outre la famine intellectuelle, la présence nombreuse des hommes gaspillés et la corruption qui constituent des obstacles internes à la justice sociale en République démocratique du Congo, il demeure fondé de rappeler que la guerre expansionniste rwandaise, guerre essentiellement fondée sur la convoitise des richesses de la République démocratique du Congo, gène aussi l’effectivité de la justice sociale en République démocratique du Congo. Puisque sans paix, il est impossible de jouir de la justice sociale. Dieu merci, la plupart des congolais ont pris conscience de la nature de cette guerre d’agression qui a humilié pendant des décennies la nation congolaise. Les congolais sont déterminés à mettre fin à cette guerre à tout prix.
17. Vu que la famine intellectuelle, la présence nombreuse des hommes gaspillés et la corruption sont des maux de même nature que la guerre expansionniste rwandaise, il est alors impérieux de les attaquer avec la même détermination et la même volonté que celles utilisées pour la guerre expansionniste rwandaise afin qu’il ait le règne de la justice sociale au Congo Kinshasa.
18.Déjà par ma 40ème lettre sociale congolaise, j’ai montré non sans raison que l’administration de la justice sociale faisait partie des impératifs catégoriques pour atteindre la RDC (Renaissance, Développement, Crédibilité) qui sont des objectifs stratégiques de Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo pour son action politique.
19. Disons ainsi donc que la lutte pour la justice sociale doit être celle par laquelle les congolaises et congolais sont soutenus pour qu’ils fassent valoir les droits humains que partagent tous êtres humains. Pour ce faire, grâce à la lutte contre la famine intellectuelle, la République démocratique du Congo doit être le pays où chacun des congolais connait ses droits et les exercer par la promotion du savoir.
20. J’ai fait ma part par ma coupe pleine.
Fait à Kinshasa, le 19 février 2024
Jean Joseph Ngandu Nkongolo
Anthropobibliologue, Expert en Anthropobibliologie du Travail, Formateur PsychoSocio-Professionnel et Chercheur à l’Observatoire Congolais du Travail E-mail jsphngandu@gmail.com
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