(Par Professeur Florent Gabati Kaniki)
La RDC devient aujourd’hui un terreau profond de la kakistocratie, la construction du pays ne repose sur aucune des hypothèses fortes à l’instar de la compétence, de la performance, de l’excellence mais sur celles de la médiocrité, de la fraude, des crétineries politiciennes. Si les kakistocraties existent depuis quelques décennies au Congo, il faut souligner que ce terme trouve une nouvelle dimension avec la désintégration du pays, l’absence de cohésion nationale, le chaos. Les effets de cette sous- performance demeurent énormes : la corruption systémique, la pauvreté, la hausse de la criminalité urbaine, le flux de déplacés internes, la guerre. Etre géré par des incompétents provoque également un sentiment de révolte, de réveil patriotique.
Devant les dégâts occasionnés par les kakistocrates, il nous paraît urgent de réfléchir hic et nunc comment sortir de cette déliquescence politique en se référant aux grands défis de la RDC. Au préalable nous devons souligner qu’avec les gens qui ne sont pas à la hauteur de leurs tâches, il n’y a pas de résultats escomptés répondant aux choix de politiques faites. Aujourd’hui, le nom de Félix Tshisekedi reste associé à l’amateurisme politique, à l’augmentation sans commune mesure de la voilure budgétaire de la présidence, à l’absence de visibilité politique. Le cas le plus flagrant est celui de « l’opacité persistante » entourant la place de L’État dans les coentreprises minières. En 2022, il y a trois ans le président avait ordonné un contrôle systématique des actifs miniers publics, au 30 mai 2025, monsieur Félix Tshisekedi instruit les ministres des Mines et Portefeuille, au regard de l’opacité des actifs de procéder au contrôle de la gestion des participations du gouvernement. Cela prouve à suffisance que l’État n’existe pas en RDC, seulement de nom et que nous avons affaire avec une jungle. En RDC le désordre a eu élu domicile, des incapables monopolisent les postes les plus importants, cumulent les privilèges et font de l’argent leur principale passion afin de servir leurs familles et d’aider leurs amis, tandis que les congolais sont des laissés pour compte.
Voilà pourquoi, cette clique de politiciens de pacotille aux manettes n’a pas besoin d’intensifier sans relâche des réformes en vue de combattre les causes de la pauvreté en RDC, de rompre avec cette dynamique mortifère des conflits armés, avec aussi cette boulimie de pouvoir qui les rend ivres. L’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi n’y est pas allé avec le dos de la cuillère en disant des vérités sur la mafia durant le premier mandat de Félix Tshisekedi en créant 53 établissements publics non budgétisés. Quand les nuls dirigent le pays, des crises profondes surgissent tout comme d’autres fléaux. Un sage chinois, il y a plusieurs siècles se confia à son empereur en lui disant : « si vous voulez détruire un pays, inutile de lui faire une guerre sanglante. Il suffit de détruire son système d’éducation (pour atteindre le nihilisme intellectuel) et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il faut attendre vingt ans et vous aurez un pays constitué d’ignorants et dirigé par des voleurs. Il vous sera très facile de les vaincre ».
Force est de constater qu’il existe une parenté des formes entre kakistocratie et médiocratie. Il s’agit dans le contexte de notre pays de réduire les imaginaires politiques entre performance et incompétence, entre archaïsme et rupture. Il est très important que les responsables congolais privilégient la reconstruction nationale. Aujourd’hui, par-delà les fanfaronnades de certains politiciens clamant leur loyauté au pouvoir en place par des coups de communication et d’autres jetant comme des traîtres l’opprobre sur Joseph Kabila qu’ils vénéraient il y a quelques années, il faut dire que la RDC est plongée dans le chaos sans la moindre issue crédible et durable. Le récent discours de Martin Fayulu donne du grain à moudre à l’initiative de la Cenco et de l’Ecc quant à l’organisation du forum national que tout le monde aujourd’hui souhaite de tous leurs vœux.