À Kinsuka, à l’ouest de la capitale congolaise, l’exploitation artisanale de pierres et de caillasses grignote peu à peu les assises du pylône 156 de la ligne haute tension 220 kV Zongo–Kinsuka. Un géant de fer, planté là depuis des décennies, désormais menacé de s’effondrer dans l’indifférence quasi générale.
Une délégation en alerte sur le terrain
Ce mercredi 17 septembre, une équipe d’ingénieurs de la Société nationale d’électricité (SNEL SA), conduite par l’ingénieur Sylvain Bondekwa, chef de division Postes et Lignes Kinshasa-Bandundu, a foulé le sol accidenté des carrières de Kinsuka avec pour but de constater de visu l’ampleur des dégâts. Accompagnée de la cellule de communication, la délégation a documenté les empiètements illégaux, ces creusements qui rongent dangereusement les fondations du pylône.
« Nous alertons depuis des mois. Si ce pylône cède, c’est 150 mégawatts de puissance qui disparaissent, avec des coupures massives et des risques d’accident dramatique », a prévenu l’ingénieur Sylvain Bondekwa.
Le spectre de Matadi Kibala
L’avertissement n’est pas abstrait. Les mémoires restent marquées par la tragédie de Matadi Kibala, en 2022, où un câble arraché a électrocuté plusieurs usagers d’un marché pirate. Pour la SNEL, l’histoire pourrait se répéter si rien n’est fait.
Les exploitants de pierres avaient pourtant été indemnisés pour libérer les zones sensibles. Mais certains persistent, entraînant un double danger : pour les habitants eux-mêmes, exposés à une électrocution, et pour l’ensemble du réseau électrique, qui dessert Ngaliema, Mont Ngafula et une partie de l’ouest de Kinshasa.
Un paradoxe : l’infrastructure compromise à peine inaugurée
Ironie du sort : en 2023, l’inauguration du poste électrique de Kinsuka devait symboliser un bond en avant pour la desserte en électricité de cette zone stratégique. Aujourd’hui, cette promesse est compromise. Car une ligne haute tension n’est pas qu’un assemblage de câbles et de pylônes ; c’est une colonne vertébrale fragile, dont chaque maillon dépend de l’intégrité du précédent.
SNEL sonne l’alarme
La Société d’électricité multiplie les mises en garde auprès des autorités compétentes. Mais les occupations anarchiques continuent.
La Direction générale de la SNEL appelle à une prise de conscience collective et à des mesures urgentes pour protéger les infrastructures vitales. Car si le pylône 156 venait à s’écrouler, Kinshasa plongerait dans le noir au propre comme au figuré.
La Pros.