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Congolais : arrêtons-nous et mettons-nous en forum pour bâtir ensemble un Congo plus beau qu’avant

Par La Prospérité
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(Par M. l’Abbé José Mpundu, Aumônier Diocésain des Intellectuels et Cadres dirigeants Catholiques, à l’occasion de la XXXIIè  Semaine des Intellectuels)

Introduction

Pour tous ceux qui ont lu le programme de notre XXXIIè  Semaine des Intellectuels, il a été prévu une conférence aujourd’hui dont le sujet était formulé de la manière suivante : « Pour des assises de la refondation de la nation ». Ce qui correspondait au thème général de nos assises, à savoir : « Les intellectuels et la refondation de la nation : pourquoi et comment ? ». D’abord, nous devons vous présenter les excuses de Monsieur Didier Mumengi qui était désigné comme l’orateur du jour et qui est empêché. Il nous a fallu nous décider à donner cette conférence nous-mêmes. C’est ce qui justifie ma présence parmi ce soir pour cette activité importante de nos assises. En tenant compte de certaines questions qui m’étaient posées par certains membres de la commission le dimanche 16 juin, après mon exposé introductif aux travaux de la XXXIIè Semaine des intellectuels, j’ai résolu de changer l’intitulé de la conférence. Ceci pour éviter d’entrer dans des discussions académiques sur les concepts, à savoir : la Nation, l’Etat, le Pays, la Refondation, etc. J’estime que l’on perd beaucoup à des débats académiques, théoriques au terme desquels, on n’arrive pas nécessairement à se mettre sur le sens que chacun donne aux concepts utilisés. C’est pour cette raison que j’ai choisi de changer le titre de la conférence en ces termes : « Congolais, arrêtons-nous et mettons-nous en forum pour bâtir un Congo plus beau qu’avant ».

Pourquoi s’arrêter ? Tout simplement parce que lorsqu’on compare notre pays à un véhicule et que l’on examine objectivement et sans état d’âme, sans passion, l’état dans lequel ce véhicule se trouve aujourd’hui, le Bon Sens doit pousser le citoyen congolais, tout citoyen congolais qui en est pourvu, à constater que plusieurs voyant rouges clignotent sur le tableau de bord. Le véhicule « Congo » a des problèmes. Il est en panne. Un conducteur avisé et raisonnable qui est au volant d’un véhicule dont plusieurs voyants rouges clignotent sur le tableau de bord, n’a pas d’autre choix que de S’ARRETER, de faire HALTE, de freiner et de faire STOP. Sinon, s’il continue à rouler dans cet état, il peut arriver que le moteur cale et que le véhicule s’arrête tout seul. Nous devons donc nous arrêter parce que le véhicule RDC est en train d’aller tout droit au mur ; il est au bord d’un fossé. Si nous continuons à rouler, si nous nous entêtons à poursuivre notre course, nous risquons de disparaître de la carte du monde et de l’Afrique. Alors, impérativement, il est temps de nous ARRETER, d’ouvrir le capot du véhicule et de nous examiner en vue de voir ce qui ne va pas.

Une fois que le chauffeur arrête le moteur et fait un premier constat, il va recourir à un mécanicien, un expert qui va établir un diagnostic sur l’état du véhicule. Il sera alors question soit de changer le moteur du véhicule, de réparer les pièces qui sont foutues, soit carrément de changer de véhicule, de se procurer un nouveau véhicule. Et en ce qui concerne le véhicule « RD Congo », nous devons changer le véhicule. Rappelons-nous les propos du Vieux Mungul Diaka, paix à son âme, au lendemain de l’entrée de l’AFDL : « On a changé de chauffeur mais le véhicule est toujours le même et ce véhicule est sur des criques » (donc en panne). En d’autres termes, il a tout simplement voulu dire que le système est foutu et qu’il nous faut changer de système et trouver des animateurs pour le nouveau système. Pour être encore plus précis, le système en question qui est foutu, c’est le système capitaliste libéral, ultralibéral, sauvage, mondialisé, globalisé. Oui, le système capitaliste a montré ses limites et sa capacité de destruction de l’homme, de l’humanité.

Fondé sur le primat de l’AVOIR, de l’ARGENT, de l’ECONOMIQUE, le système capitaliste ne donne pas la place qui lui revient à l’homme. Dans son livre intitulé « L’Argent, Marx, le Christ » (1981), Oswald Hirmer, décrit en ces termes la « Charte Capitaliste » : « S’il devrait exister une « profession de foi » du capitaliste radical, elle devrait se formuler ainsi : · Moi, en tant que capitaliste, je défends la valeur suprême de l’individu. Personne n’a le droit de s’ingérer dans ma vie. Mon importance et mon influence dans la société dépendent de l’importance de mes biens et de mon capital. · Comme capitaliste, je crois que le profit constitue la « force motrice » de tout développement. La nature aussi bien que la société évoluent selon la loi de la sélection naturelle : la survie des plus forts. · J’acquiers ma liberté par la réalisation de toutes mes initiatives et projets personnels. · J’accepte cette théorie qui dit que la libre entreprise et le marché libre sont des forces qui s’équilibrent d’elles-mêmes. Je rejette toute les ingérences politiques ou religieuses dans le domaine économique. · En tant que capitaliste, je ne me sens pas lié à Dieu, à ses commandements ; mais je me conforme simplement aux lois économiques telles qu’elles sont pratiquées dans la société où je vis. · Je m’intéresse aux besoins économiques du peuple et non à son bien-être spirituel, ni à ses aspirations sociales ou religieuses. Celles-ci ne me regardent pas. · En tant que capitaliste, je crois à « un grand marché mondial » comme à un « monde meilleur pour tous » (Oswald Hirmer, L’Argent, Marx, le Christ, Editions L’Epiphanie, 1985, p. 32-33). Pendant ce temps d’arrêt, de stop et de halte, nous les Congolais, particulièrement les intellectuels, nous devrions procéder à ce que Mabika Kalanda a préconisé déjà dans les années 60 après l’indépendance, la « remise en question » qui, d’après lui, est la base de la décolonisation mentale ». Cette remise en question, à mon sens, devrait porter sur les cinq questions suivantes, dictées par le Bon Sens, à savoir : 1°) Qui sommes-nous ? (Notre identité en rapport avec notre conscience d’humanité : sommes-nous encore des êtres humains ? pour nousmêmes ? Congolais que dis-tu de toi-même ? Qu’est-ce que les autres disent de toi Congolais ? Comment te perçoivent-ils ?) ; 2°) D’où venons-nous ? (Nos origines, notre histoire qui ne commence pas avec la traite négrière ou la colonisation …. Nous avons une histoire à laquelle nous devrions nous référer avant ces œuvres de déshumanisation du congolais que sont la traite négrière et la colonisation… nous devons connaître ceux qui ont joué un rôle important dans notre histoire tels les Kimpa Vita, Simon Kimbangu, Lumumba Patrice, Joseph-Albert Malula, Kasa-Vubu, etc.) ; 3°) Où sommes-nous ? (Analyse critique de notre situation actuelle sur tous les plans : politique, économique, culturel et social. C’est le temps de la remise en question, de l’autocritique où nous nous interrogerons sur la responsabilité de chacun et notre responsabilité collective. En lieu et place de chercher des boucs-émissaires à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, chaque fils et fille devrait se poser la question de savoir ce qu’il (elle) a fait ou omis de faire pour que nous en arrivions là où nous sommes aujourd’hui. Il n’est certes pas question d’ignorer la responsabilité des autres, mais il est important de savoir que ces autres agissent souvent en se servant de nous, en nous instrumentalisant) ; 4°) Où allons-nous ? (Les conséquences de ce que nous vivons aujourd’hui…. Notre aujourd’hui prépare quel avenir, nous conduit où ? si nous continuons comme nous faisons aujourd’hui et vivons aujourd’hui, que serons-nous dans trente ans, dans cinquante ans ?) ; 5°) Où voulons-nous aller ? (Question déterminante qui nous pousse à nous projeter dans le futur, à exprimer notre rêve pour le Congo : quel est le Congo dont je rêve, dont nous rêvons ensemble et que nous voulons bâtir ensemble ? il s’agit d’un projet collectif qui sera la boussole qui guidera tous les acteurs politiques et sociaux chacun apportant bien entendu sa pierre de construction, selon son génie propre, ses compétences et son point de vue). En nous engageant à répondre personnellement et collectivement à ces questions, nous exerçons notre citoyenneté et nous participons directement à la construction d’un Autre Congo, d’un Congo que nous voulons plus beau qu’avant. Je voudrais, à présent, vous partager ma réponse aux cinq questions fondamentales qui devraient faire l’objet d’une réflexion personnelle et collective dans le cadre du forum de la refondation de la nation. Congolais, qui es-tu ? Congolais, qui suis-je ? Congolais, qui sommesnous ? Je suis un « HOMME » créé par Dieu pour être son image et sa ressemblance. Un homme qui a un corps, un cœur et un esprit. Un homme dont la vocation est l’AMOUR parce que créé par amour et pour l’amour. Un amour qui est don, don de soi et pardon. Un homme digne de respect, qui doit être se respecter et respecter l’autre d’une manière absolue. Un homme qui n’est pas supérieur ni inférieur aux autres mais qui partage avec les autres êtres la même humanité. Un homme conscient de son égalité avec les autres de par sa nature humaine qu’il partage avec les autres. Un homme appelé à vivre dans la vérité et dans liberté, dans la responsabilité et dans la solidarité et le partage. Congolais, je suis un citoyen congolais. Avant d’être membre d’une tribu, d’une ethnie, j’appartiens à une communauté de destin qui s’appelle le Congo. Congolais, d’où venons-nous ? Quelle est notre histoire ? Nous avons une histoire qui ne commence pas avec la traite négrière ni avec la colonisation. Avant la traite négrière, nous avons existé. Avant la colonisation, nous avons existé. Nous avions nos traditions, nos coutumes, notre mode d’organisation sociale, politique et économique. Nous avions des Royaumes, des Empires bien organisés et bien vivants. Notre histoire est faite des hommes et des femmes qui l’ont marqué par leur génie et leur engagement à faire du Congo une terre des hommes et non seulement une terre des choses. Nous avons des hommes et des femmes qui ont lutté pour que cette terre du Congo soit une terre libre, souveraine, une terre des hommes. Nous avons des hommes et des femmes qui ont lutté contre l’esclavagisme, contre la colonisation et contre la néocolonisation. Parlant de notre histoire dans sa dernière lettre à sa femme, Patrice Emery Lumumba, martyr de l’indépendance du Congo, héros national, écrit ceci : « L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté. » (Extrait de la lettre de Patrice Lumumba à son épouse Pauline, avant sa mort). Nous devons découvrir et connaître des personnes comme Simon Kimbangu, Kimpa Vita, Patrice Emery Lumumba, Joseph-Albert Malula, et tant d’autres. Nous devons connaître leur lutte et la poursuivre pour un Congo toujours plus libre, plus fraternel, plus juste et où règne la paix véritable. Nous devons apprendre aux enfants, aux jeunes et aux adultes l’histoire de ces hommes et femmes qui ont lutté pour un Congo réellement indépendant et libre. Congolais, où sommes-nous ? Nous sommes dans un pays potentiellement riche mais vivant dans une extrême pauvreté, dans la misère. Nous sommes dans un pays caractérisé par le règne des anti-valeurs à la tête desquelles trône la corruption dont la source est dans la cupidité qui ronge le cœur et les esprits des congolais. La corruption gangrène notre société et détruit notre vivre ensemble. Nous sommes dans un pays aliéné qui dépend totalement des puissants de ce monde et cela sur tous les plans. Nous vivons dans un pays occupé par les puissances étrangères avec notre propre complicité. Nous vivons dans une société marquée par une crise anthropologique très profonde. Oui, c’est l’homme congolais qui est en crise, qui a perdu ses repères éthiques et culturels. 7 La cause de tout ce qui nous arrive n’est pas seulement à situer à l’extérieur de nous mais nous devons examiner la responsabilité de chacun de nous et de nous tous ensemble comme collectivité. Il y a des choses que nous faisons que nous ne devons pas faire ; il y a des choses que nous ne faisons pas et que nous devrions faire. Le mal est devenu normal et le bien est devenu anormal.

Il y a donc des causes exogènes liées à la mainmise des puissances étrangères, la maffia politico-financière internationale, sur notre pays et des causes endogènes qui sont dans le cœur du congolais, chacun à sa manière. L’histoire nous apprend que les « maîtres du monde », la maffia politico-financières internationale », n’agissent qu’avec la complicité des fils et filles de ce pays. A l’époque de la traite négrière, ils ont eu recours aux chefs coutumiers pour leur trouver les jeunes robustes et forts afin d’être une main d’œuvre efficace et à bon marché. A l’époque coloniale, ils ont utilisé des « kapita » pour faire souffrir leurs propres frères et sœurs. Congolais, où allons-nous ? Si nous n’arrêtons pas le véhicule « Congo », ce qui va arriver c’est que le moteur va s’arrêter ou nous allons tomber dans un fossé. A l’allure où vont les choses, nous allons tout droit vers la déchéance, la mort du Congo. Nous allons vers la dérive. Congolais, quel est le Congo dont tu rêves et que tu veux bâtir avec les autres ?

Je voudrais ici partager avec vous le Congo dont je rêve. Je rêve d’un Congo qui sera fondé sur des valeurs humanistes partagées par tous et toutes. Ces valeurs universelles sont inscrites dans le cœur de chaque être humain et relèvent du Bon Sens. Ces valeurs qui constitueront les piliers sur lesquels reposeront la nouvelle maison Congo, sont pour moi, au nombre de cinq. Chacune aura un corollaire. Je rêve d’un Congo qui sera bâti sur la valeur de l’Egalité de tous les fils et toutes les filles qui partagent la même nature humaine, la même dignité humaine. En termes clairs, un Congo où aucun congolais ne sera au-dessus ni en-dessous de l’autre à cause de sa tribu, de son ethnie, de son sexe, de son appartenance idéologique ou religieuse, ou à cause de son statut socio-économique.

Ce Congo égalitaire qui ne signifie pas l’égalitarisme ou l’uniformité ou encore unanimisme, impliquera le Respect de l’homme, respect de chacun et de chacune dans sa différence. Aucune différence n’autorisera une quelconque domination. Bien au contraire, les différences légitimes seront là pour permettre une complémentarité à la manière des couleurs de l’arc-en-ciel. Je rêve d’un Congo qui sera construit sur la valeur de la Participation où chacun et chacune de ses fils et filles prendront part à la réflexion, à la prise de décision, à l’exécution et à l’évaluation. D’une manière directe ou indirecte, chaque citoyen apportera sa pierre pour l’édification d’une nation prospère et unie. Cette participation ne sera pas seulement sur le plan politique mais aussi et surtout sur le plan culturel et économique. En effet, il s’agit ici d’un Congo où tout le monde travaillera à la culture de l’amour et contribuera au développement intégral de tout l’homme et de tous les hommes. Cette participation ira de pair avec le sens de Responsabilité. Il n’y aura plus d’un côté les responsables et de l’autre des irresponsables qui seront là à regarder les autres agir, à subir les actions des autres, en particulier des dirigeants. Il n’y aura pas de place pour des acteurs d’un côté et des spectateurs de l’autre. Chacun et chacune des fils et filles de ce nouveau Congo aura à répondre de ce qu’il a fait ou n’a pas fait pour la construction et le progrès du pays. Chacun et chacune aura à rendre compte de son engagement pour le développement intégral du pays. Je rêve d’un Congo qui sera fondé sur la valeur de Liberté où chacun et chacune de ses fils et filles pourra jouir des libertés fondamentales reconnues à tous et à toutes par la constitution de notre pays et par la déclaration universelle des droits humains. Cette liberté sera fondamentalement la liberté du cœur vis-à-vis des trois sources d’asservissement de l’homme que sont : l’argent, le pouvoir et les honneurs lorsqu’ils sont perçus comme des fins et non comme des moyens. Elle sera aussi la liberté des structures de la société que sont l’idéologique ou le culturel, le politique et l’économique. En effet, je rêve d’un Congo qui ne sera plus esclave des « maîtres du monde » ou de ce qu’on appelle la « Communauté Internationale » qui n’est finalement qu’une « maffia politico-financière internationale ». Je rêve d’un Congo libre de penser, de décider et d’agir pour le bien de son peuple sans subir le diktat de l’étranger et des dirigeants au service des « maîtres du monde ». Cette liberté sera le fruit de la Vérité car seule la vérité engendre la vraie liberté sur tous les plans : personnel et collectif, idéologique (culturel), politique, économique et social. Vérité sur l’homme qui est image de Dieu et créature sacrée ; vérité sur Dieu qui un Père miséricordieux et aimant tous ses enfants ; vérité sur le pouvoir qui est service des autres et non domination ni exploitation ; vérité sur l’avoir, l’argent, les biens matériels qui sont des moyens et non des fins ; et, enfin, vérité sur le valoir, sur la gloire qui vient de l’abaissement, de l’humilité et non de l’orgueil car quiconque s’élève sera abaissé et qui s’abaisse, sera élevé. Je rêve d’un Congo qui sera bâti sur la valeur de la Justice : justice distributive ou sociale, justice dans l’exercice du droit et surtout justice miséricorde qui détruit le mal sous toutes ces formes et sauve le malfaiteur que nous sommes tous, chacun et chacune à son niveau et sa manière. Cette justice engendrera à son tour la vraie Paix, la paix durable dont nous avons tous besoin sur toute l’étendue du territoire national. Il n’y a pas de paix sans justice. Cette paix n’est pas synonyme d’absence de guerre. Elle est paix du cœur et paix sociale qui ne supprime pas les conflits mais qui transforme les conflits en source de progrès et de développement. Cette paix ne s’obtient pas au bout du fusil, du canon comme le prétend cet adage qui dit : « Qui veut la paix, prépare la guerre ». Bien au contraire, cette paix sera toujours le fruit d’une bonne communication non-violente ou bienveillante. Et s’il y a une guerre qui peut mener à cette vraie paix, c’est comme le dit le Patriarche Athénagoras, la guerre contre soi-même. Ecoutons-le : Une guerre qui mène à la paix Il faut mener la guerre la plus dure qui est la guerre contre soi-même. Il faut arriver à se désarmer. J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible. Mais je suis désarmé. Je n’ai plus peur de rien, car l’Amour chasse la peur. Je suis désarmé de la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes jalousement crispé sur mes richesses. J’accueille et je partage. Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets. Si l’on m’en présente de meilleurs, ou plutôt non, pas meilleurs, mais bons, j’accepte sans regrets. J’ai renoncé au comparatif. Ce qui est bon, vrai, réel est toujours pour moi le meilleur. C’est pourquoi, je n’ai plus peur. Quand on n’a plus rien, on n’a plus peur. Si l’on désarme, si l’on se dépossède, si l’on s’ouvre au Dieu Homme qui fait toutes choses nouvelles, alors, lui efface le mauvais passé et nous rend un temps neuf où tout est possible. Athënagoras Patriarche de Constantinople

Je rêve d’un Congo qui sera bâti sur la valeur de Solidarité : ce qui touche un Congolais touche tous les Congolais. Une Solidarité dans le bien et non dans le mal. Cette solidarité aura comme conséquence le Partage équitable de toutes les richesses culturelles et matérielles du pays afin qu’aucun congolais ne soit dans le manque. Solidarité et Partage seront les caractéristiques d’un nouveau système économique que nous appelons « Economie de la Communion ». Pourquoi un Forum Patriotique ? En ce moment où beaucoup de voix s’élèvent pour réclamer un dialogue entre les leaders politiques, dialogue auquel serait associée la Société Civile, nous proposons autre chose. En effet, le Bon Sens nous fait voir que la plupart de dialogues que nous avons connus dans l’histoire de notre pays ne nous ont pas apporté bonheur. Bien au contraire, ils se sont tous terminés par le partage du pouvoir entre quelques citoyens, laissant le peuple dans sa misère. Aussi, en lieu et place d’un dialogue entre leaders politiques et sociaux, nous proposons l’organisation d’un FORUM PATRIOTIQUE POUR BATIR ENSEMBLE UN AUTRE CONGO, UN CONGO PLUS BEAU QU’AVANT. Ce forum impliquera toute la population congolaise à l’intérieur du pays comme à l’extérieur du pays. Ce forum ne sera pas une Conférence Nationale Souveraine (bis) ni un quelconque dialogue comme nous en avons connu et vécu dans l’histoire récente de notre pays. En effet, ce forum n’aura pas la même taille (plus ou moins 2000 personnes) que la CNS ; il n’y aura pas de per diem pour les participants qui se prendront en charge eux-mêmes ; il ne tirera pas en longueur (deux ans) mais prendra très peu de temps (1 mois tout au plus) ; il n’aboutira pas au partage équilibré et équitable du pouvoir car le pouvoir c’est le peuple qui le donne et on le reçoit comme un service à rendre au peuple. Conditions pour que ce FORUM soit une chance pour notre pays Pour que ce FORUM profite à notre Nation et au peuple congolais, il faudrait qu’il remplisse les deux conditions principales suivantes. Primo, il doit être une initiative des congolais pour les congolais à savoir : il doit être conçu par les congolais, organisé et financé par les congolais sans ingérence extérieure de ceux qui se prennent pour les « maîtres du monde ». Ce Forum devra nous permettre de « Parler Congo » entre nous congolais sans interférence ni ingérence des autres, des maîtres du monde. Secundo, il ne devra pas viser comme objectif final le partage équitable et équilibré du pouvoir, considéré comme un « gâteau » que l’on se partage, un « pouvoir-os » que l’on se dispute. Le pouvoir doit être donné par le peuple pour le peuple à ceux qui correspondront à un profil impersonnel convenu de commun accord entre tous les congolais. Si ces deux conditions ne sont pas réunies, alors, ce FORUM ne servira strictement à rien si ce n’est qu’à refaire ce que nous avons toujours vécu. Et nous tournerons en rond. Nature et objectifs du FORUM Le FORUM PATRIOTIQUE POUR BATIR ENSEMBE UN AUTRE CONGO, UN CONGO PLUS BEAU QU’AVANT sera non seulement un lieu mais surtout un moment de remise en question globale par tout le peuple congolais, du système actuel – à ne pas confondre avec le régime au pouvoir – qui est déjà foutu et qui est à déclasser, et un temps de conception et d’élaboration d’un plan d’action stratégique pour la construction, ensemble, d’un NOUVEAU CONGO, d’un AUTRE CONGO. Il devra viser principalement la CONSTRUCTIOIN D’UNE VERITABLE COMMUNAUTE DE DESTIN. Une Communauté qui sera marquée par une grande cohésion sociale, cohésion nationale et où les congolais vivront réconciliés entre eux. Une Communauté où le bien commun sera garanti et protégé. Une Communauté qui sera réellement SOUVERAINE, LIBRE et INDEPENDANTE. Une Communauté qui établira avec les autres nations du monde des relations de vrai partenariat gagnant-gagnant, adulte-adulte dans le respect de la culture de l’autre et des lois qui régissent les relations internationales en particulier celles de la non ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats, de l’égale souveraineté, de la réciprocité entre les Etats, du droit des peuples à leur autodétermination.

Ce forum visera aussi la mise en œuvre d’un nouveau pacte social, une nouvelle charte collective qui va régir la vie de tous les citoyens. Le travail de ce forum se situe au-delà des personnes, des individus. En effet, les hommes passent mais le pays reste. Son leitmotiv sera : LE CONGO D’ABORD ! Principes d’une politique légitime La politique de ce Nouveau Congo de nos rêves, pour qu’elle soit légitime, devrait s’inspirer des quatre principes suivants : · principe de la commune humanité ; · principe de la commune socialité ; · principe de l’individuation ; · principe de l’opposition maîtrisée.

Principe de commune humanité : par-delà les différences de tribus ou d’ethnies, de partis politiques ou d’idéologie, de langue ou de culture, de religion ou de richesse, de sexe ou d’orientation sexuelle, il n’y a qu’une seule humanité, qui doit être respectée en la personne de chacun et chacune des fils et filles du Congo. Tout congolais devrait regarder l’autre congolais comme un être humain comme lui. Principe de commune socialité : les êtres humains – et les congolais le sont – sont des êtres sociaux pour qui la plus grande richesse est la richesse de leurs rapports sociaux égalitaires et non de domination. Principe d’individuation : dans le respect de ces deux premiers principes, la politique légitime est celle qui permet à chaque congolais d’affirmer au mieux son individualité singulière en devenir, en développant ses capabilités (ce dont il est capable), sa puissance d’être et d’agir sans nuire à celle des autres, dans la perspective d’une égale liberté. Principe d’opposition maîtrisée : parce que chacun a vocation à manifester son individualité singulière, il est naturel que les humains puissent s’opposer. Mais il ne leur est légitime de le faire qu’aussi longtemps que cela ne met pas en danger le cadre de commune socialité qui rend cette rivalité féconde et non destructrice.

La politique bonne est donc elle qui permet aux êtres humains de se différencier en acceptant et en maîtrisant le conflit. Planification stratégique Une fois que nous nous serons mis d’accord sur le Congo de nos rêves, nous pouvons alors penser à la programmation, à la planification des actions à entreprendre pour bâtir ensemble ce NOUVEAU CONGO, cet AUTRE CONGO en nous posant les questions : qui fait quoi ? Avec qui ? Avec quoi ? Quand ? Comment ? Où ? Répartition des tâches et désignation des conducteurs des travaux C’est la réponse à la question « qui va faire quoi ? » qui va nous amener à parler de la répartition des tâches et non de partage du « gâteau ». Cette répartition des tâches et la désignation des conducteurs des travaux de construction de notre « maison commune » que sera le Nouveau Congo, se feront sur base d’un profil impersonnel des leaders dont nous avons besoin. Nous pouvons nous inspirer de ce que le politologue camerounais, Samuel Eboua, propose comme portrait-robot des dirigeants dont l’Afrique a besoin et nous, nous dirons dont le Congo a besoin. En le paraphrasant, nous pouvons dire : « Le nouveau Congo a besoin d’hommes et de femmes d’action pénétrés de l’intérêt supérieur de l’Etat, des hommes et des femmes intègres, compétents, travailleurs, meneurs d’hommes, des hommes et des femmes tolérants, rassembleurs, mais intraitables lorsqu’il s’agit de défendre l’intérêt général, des hommes et des femmes capables de réaliser beaucoup avec peu de moyens. Il s’agit d’hommes et de femmes qui n’aiment pas le pouvoir pour le pouvoir, mais pour qui ce dernier ne constitue qu’un instrument leur permettant de réaliser leur idéal au profit de la communauté nationale, et qui sont capables de s’en dessaisir dès lors que, pour une raison ou une autre, ils estiment ne pas être en mesure de réaliser cet idéal… Ces hommes et ces femmes, bien que rares, ne sont pas complètement absents du Congo actuel. Il suffit de les dépister et de les responsabiliser » (EBOUA S., Interrogations sur l’Afrique noire, Editions L’Harmattan, Paris 1999, p. 177).

Nous avons besoin ici d’un leadership transformationnel d’équipe où les congolais sauront travailler ensemble pour le bien de toute la communauté, dans le respect des compétences des uns et des autres, dans la complémentarité. Ces leaders incarneront cette vision commune et démontreront, dans leur vie familiale et personnelle, socio-politique et professionnelle, la mise en œuvre de cette vision à un niveau microsocial. Pour réaliser le choix de ces dirigeants, nous ne sommes pas obligés de recourir au modèle électoral nous imposé par les Occidentaux, modèle qui, par ailleurs, a montré suffisamment ses limites. Il suffit pour cela de lire le livre assez récent de David Van Reybrouck au titre évocateur et provocateur : Contre les élections (Ed. Actes Sud, 2014) : « Notre démocratie représentative est aujourd’hui dans une impasse. Sa légitimité vacille : de moins en moins de gens vont voter, les électeurs font des choix capricieux, le nombre d’adhérents des partis politiques est en baisse. En outre, l’efficacité de la démocratie est violemment mise à mal : toute action énergique de l’exécutif devient problématique, les hommes politiques adaptent de plus en plus leurs stratégies en fonction des échéances électorales. Cet état de fait, David Van Reybrouck l’appelle « le syndrome de fatigue démocratique » et il s’interroge sur les moyens concrets d’y remédier. Suivant les travaux récents de politologues renommés, il préconise de remettre à l’honneur un grand principe de démocratie qui a connu son apogée dans l’Athènes classique : celui du tirage au sort » (Note de l’Editeur) Nous devrions faire preuve de créativité, d’inventivité, d’imagination créatrice pour désigner les personnes qui répondent au profil convenu par tous et qui sont capables de travailler en équipe pour le bien commun. C’est ici le lieu de se poser la question : comment faisaient nos ancêtres pour désigner les dirigeants de la communauté ? du village ? Pourquoi, par exemple, ne pas penser ici au système de tirage au sort ? Mobilisation des ressources financières pour bâtir le Congo de nos rêves La mobilisation des ressources financières devrait faire suite aux programmes d’action que nous voulons réaliser dans notre pays. En ce qui concerne les programmes et stratégies d’action, les congolais réunis en dialogue pourront baliser le chemin en proposant les grands principes fondamentaux qui doivent guider le choix des actions prioritaires à mener pour la construction du nouveau Congo : actions d’éducation et de formation humaine, civique et patriotique, actions visant la construction d’une armée républicaine et d’une police qui protège le peuple, actions visant la mise en place d’une politique de l’emploi et des salaires équitables permettant de vaincre la pauvreté, bref, actions pour l’amélioration du vécu quotidien du congolais. Au cours de ce Forum, le peuple congolais, unanime, procédera à une évaluation sans complaisance et en vérité de ce qui se passe dans notre pays et confrontera cela avec la vision et prendra les décisions qui s’imposent pour la construction de ce nouveau Congo. Les moyens financiers pour mettre en application ces décisions coulées en plan d’action viendront des congolais eux-mêmes. La création d’un Fonds National pour la Reconstruction du pays pourrait être cette structure qui va permettre de mobiliser les ressources financières nécessaires pour la construction d’un nouveau Congo, un Congo Plus Beau qu’avant. Une structure dont la gestion devra être confiée à des personnes intègres à la moralité éprouvée. Qui prendra l’initiative de convoquer ce Forum ou de mettre le peuple congolais en état de forum ? Ce temps de forum sera une décision prise par le Chef de l’Etat en accord avec tout le peuple congolais qui veut être acteur de son histoire, maître de son destin. Après avoir écouté le peuple et délibérer avec les responsables des corps constitués, le Chef de l’Etat convoquera le Forum par une ordonnance présidentielle qui en fixera les objectifs et les modalités d’organisation. Il désignera aussi une équipe de travail pour organiser et conduire les travaux de ce forum.

En guise de conclusion

En guise de conclusion, il conviendrait de dire que le Bon Sens sera la boussole pour la conception, l’organisation et la tenue de ce FORUM PATRIOTIQUE POUR BATIR ENSEMBLE UN AUTRE CONGO, UN CONGO PLUS BEAU QU’AVANT. Un forum qui ne sera pas, comme par le passé, une rencontre entre les politiciens et les leaders de la société civile mais une mobilisation de toute la population congolaise dans un effort personnel et communautaire de réflexion et d’action. Il sera d’abord un état d’esprit qui engage tous les congolais, ceux qui sont au pays et ceux qui sont dans la diaspora.

Mu par le Bon Sens et pétri de Citoyenneté, chaque compatriote et citoyen congolais devra s’approprier les cinq questions et leur donner une réponse personnelle.

D’où, la nécessité de traduire ces cinq questions dans nos langues locales pour permettre à chacun de se les approprier. Ensuite, les congolais se mettront ensemble, au niveau des rues, des quartiers, des communes, des villes, des provinces et enfin au niveau national pour répondre à ces questions.

Enfin, un groupe de personnes dont trois ou cinq par provinces, se retrouvera à Kinshasa ou dans une autre ville du pays, par exemple à l’Est du pays, où les congolais sont massacrés, pour une assemblée 17 plénière de mise en commun de toutes les réponses du peuple congolais et d’élaboration d’un document final qui sera comme le référentiel de tout congolais en général et, en particulier, de tout congolais qui veut s’engager pour le service de la communauté nationale, une sorte de pacte social ou de charte qui régira la vie de la Nation. Pour accomplir ce travail, on pourra accorder à ce groupe une ou deux semaines de temps.

L’avènement de ce Nouveau Congo, de cet Autre Congo, marquera le triomphe du Bon Sens et de la Citoyenneté responsable.

Il sera le fruit d’une révolution culturelle qui consistera à passer du système fondé sur le primat de l’AVOIR, de l’ARGENT, à un système bâti sur le primat de l’ETRE, de l’HOMME, un système humaniste et humanisant, convivial et communautariste.

Je vous remercie !

Fait à Kinshasa, le 20 juin 2024

José Mpundu

Prêtre et psychologue clinicien

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