Le lancement de l’enrôlement des électeurs en marges des prochaines élections a connu plusieurs couacs en son premier jour. Tel est le constat du réseau d’appui à la pacification du processus électoral en République Démocratique du Congo (Rappel-RDC).
Dans un récent rapport cette structure d’observation électorale qui s’est déployée dans six des neuf provinces concernées a évoqué quelques difficultés rencontrées par les électeurs dans différents bureaux de vote.
Début tardif de l’opération
Rappel-RDC dit avoir constaté un retard du démarrage de l’enrôlement dans certains centres pour des raisons d’ordre logistique et technique. Certains bureaux à Kinshasa et d’autres provinces de la première aire opérationnelle, n’ont même pas pu ouvrir au point de renvoyer l’opération le jour suivant indique le document. Rappel-RDC dénonce l’amateurisme qui a caractérisé le lancement de cette opération censée être préparée en amont par la CENI.
« Nos membres ont noté l’absence des techniciens pour démarrer des machines à voter, l’installation des kits électoraux le jour même des opérations et leur transport vers des centres avec des moyens de bord au vu et au su des électeurs sans sécurité ni protection », indique le rapport.
Aucune mesure préventive n’a été prise sur le plan logistique pour contourner les caprices techniques déplore Rappel-RDC. L’application PRERApp CENI tant vanté par la centrale électorale pour assurer un enrôlement à distance a connu des soucis pour son fonctionnement, fait savoir cette structure qui veille pour de bonnes élections en RDC.
« Les centres ont été dotés en moyenne, de deux machines à voter sans machine de remplacement. L’application PRERApp CENI est tombée en panne plusieurs fois. Les QR code des personnes qui se sont préenregistrées étaient dans certains cas illisibles dans la machine. Les électeurs ont été obligés de refaire un formulaire à la main occasionnant un retard dans la délivrance des cartes d’électeurs. Le temps moyen passé par un électeur chanceux a été de vingt minutes pour obtenir une carte d’électeur », renseigne leur constat.
Rappel-RDC note également un mouvement de colère observé dans quelques centres dont l’antenne de Kimbanseke où certains techniciens recrutés par la CENI pour enrôler les électeurs ont été surpris désagréablement en n’ayant pas retrouvé leurs noms sur les listes des personnes affectées aux centres d’enrôlement.
Déçus, ils ont indiqué être remplacés par les agents recommandés par certains cadres de la commission électorale nationale indépendante.
Il s’est aussi fait observer que dans certains bureaux, en l’espace de trois heures du temps, aucune carte n’a été délivrée. C’est le cas du complexe scolaire la couronne à Ngaliema, du collège Esprit Livulu à Lemba et l’institut Selembao. Au collège saint Raphaël dans la commune de la Gombe à Kinshasa jusqu’aux alentours de 14heures, les kits n’étaient toujours pas opérationnels.
Insolite! A Masimanimba dans le Kwilu, bon nombre de centres n’ont pas ouvert et ceux qui ont ouvert n’avaient pas en leur possession des Kits électoraux. Dans le Sud Ubangi, le Maï-Ndombe et l’Equateur, plusieurs centres n’ont pas ouvert.
Le centre qui sort du lot est celui de l’athénée de la Gombe indique Rappel-RDC. « Il est le seul centre à Kinshasa qui a fonctionné dans un rythme plus ou moins normal quoi qu’ayant ouvert tardivement », lit-on dans son rapport.
Celui-ci révèle par ailleurs que le taux d’activité de la première journée a été évaluée à 15% sur l’ensemble du pays Rappel-RDC.
Au terme de cette ronde qui présente un tableau sombre du déroulement de l’enrôlement des électeurs, Rappel-RDC a proposé quelques recommandations à la CENI pour une amélioration de ses services entre autres ; explorer sérieusement la piste d’une prolongation de la date de clôture, améliorer la chaine de communication entre les opérateurs électoraux et la hiérarchie de la CENI pour donner des réponses rapides aux attentes des électeurs, placer une machine à voter de remplacement dans chaque centre qui pourra servir en cas de défaillance…
Cependant Rappel-RDC appelle la CENI à ne pas centraliser la sensibilisation comme c’est fut les cas en 2018.Elle devrait associer les organisations de base tels que les églises et les mouvements de la société civile en leur dotant des moyens pour élargir les champs.
Au Gouvernement congolais, Rappel-RDC exhorte de disposer à la CENI des moyens additionnels pour qu’elle améliore son équipement mais également la mobilité des agents commis à l’exécution de l’enrôlement.
Ce rapport aussi détaillé et étoffé de Rappel-RDC vient ajouter de l’eau au moulin de ceux qui ont estimé que la durée d’un mois impartie par la CENI à chaque aire opérationnelle pour l’enrôlement des électeurs n’est pas suffisante au regard des paramètres impondérables constatés sur le terrain.
Junior-Gradel Ika
