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VINGT-DEUXIEME REFLEXION DU PROFESSEUR JEAN-DENIS KASESE , La Territoriale des originaires en RD Congo et ses corollaires : Histoire d’un stratagème aux fins de balkanisation et de résurgence des stigmates enfouis du séparatisme

Par La Prospérité
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Lors de l’entretien qu’il a accordé à sa Porte-parole, centré sur les réponses aux questions lui posées par la population sur la vie nationale ¹ ; un entretien qui a fait l’objet d’une émission retransmise à la télévision publique, la RTNC, le 8 juillet 2023,² le Président de la République, Félix Tshisekedi, n’a pas hésité à tirer la sonnette d’alarme en ce qui concerne la territoriale des originaires : « Depuis que nous avons mis fin au système qui existait à l’époque du MPR-Parti Etat, où le Président de la République nommait les gouverneurs de province et leurs adjoints, les gouverneurs qui n’étaient pas originaires de ces provinces, cela a marché, ç’a renforcé la cohésion nationale.

Aujourd’hui, on a laissé aux provinces les soins de s’occuper de cela avec les lacunes qui sont les leurs, et aujourd’hui les provinces sont démunies et les moindres sommes d’argent qui passent par là, tout le monde veut se le [sic.] partager, on ne pense même pas à les investir dans le développement de la province. »³.

C’est dans cet ordre d’idées qu’il a tenté de démontrer par ailleurs, la corrélation qui existe entre la territoriale des originaires et la propension au tribalisme, au discours tribal et au discours clanique : « […] La course à ces petites sommes d’argent fait que ça exacerbe le tribalisme, on doit parler des clans, on doit parler de tribu pour que son candidat gouverneur passe et ça aggrave les divisions » ⁴. 

Dans cette lignée, il soutient avec force : « A l’époque quand on parlait d’un ministre du Kasaï Oriental au gouvernement, les gens s’en contentaient, bon voilà on a au moins un ministre, mais aujourd’hui ce n’est pas le cas, quand on parle d’un ministre, mais on vous dit d’accord, mais c’est un ministre du Kasaï mais il est de katanda, nous on veut un pour Kabeya Kamwanga. Et c’est comme cela aussi dans les provinces que ça se passe, et ça c’est très dangereux»⁵. 

C’est dans ce sens qu’il a prôné, dans l’avenir, le recours à la territoriale de non originaires.⁶ Il a promis de travailler sur cette problématique si les Congolais lui renouvellent leur confiance à la tête du pays.⁷

Il voudrait, lors de son possible deuxième mandat, que le Parlement l’aide à changer le mode de désignation des gouverneurs de provinces, en recourant, à la nomination, à l’instar de ce qui se faisait au pays sous le règne du MPR-Parti-Etat, incarné par le Président Mobutu ; mais aussi, à l’instar de ce qui se fait en France où les Préfets sont nommés par le Président de la République ; et de ce qui se fait en cette matière, en Angola, où les gouverneurs de provinces sont aussi nommés par le Président de la République.⁸

La problématique de la territoriale des originaires est donc un sujet important car il nécessite beaucoup d’attention, mais aussi, un sujet d’actualité vu qu’il connaît un regain d’intérêt.

C’est dans ce sens qu’elle est centrale car elle définit l’organisation administrative de la RD Congo, et préoccupe au plus haut point, la première institution de la RD Congo.

C’est pourquoi, me semble-t-il, elle devrait être traitée en profondeur, c’est-à-dire, sous toutes ses dimensions. La présente étude, s’est inspirée d’une de mes Réflexions, réalisée il y a plusieurs années, centrée sur L’actuel redécoupage territorial de la RD Congo et son organisation administrative.

J’avais tenté de démontrer qu’ils sont une épine à la survie de la nation congolaise car tout porte à croire qu’ils font partie du plan de la balkanisation de la RD Congo.

J’avais tenté de dégager par ailleurs, la corrélation qui existe entre le saucissonnage du territoire national congolais en « Provincettes » et la propension au Repli provincial, qui ont comme corollaires, la résurgence des stigmates enfouis du séparatisme, c’est-à-dire : le tribalisme, le provincialisme, l’ethnisme, le clanisme, le népotisme, le clientélisme, … qui entament, tous, l’unité et la cohésion nationales.

S’inspirant de ma Réflexion centrée sur L’actuel redécoupage territorial de la RD Congo et son organisation administrative ; la présente étude est ainsi, la version revue, corrigée, et augmentée de la précédente étude susmentionnée. Elle est donc l’aboutissement d’un nouveau savoir scientifique.

C’est pourquoi, une analyse scientifique centrée sur une exigence particulière de la recherche, la Neutralité Axiologique, a été mobilisée.

Cette dernière est entrée en lice afin de tenter d’éclairer la lanterne des Congolais.

MA REFLEXION

« La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n’est aux faits eux-mêmes, parce que pour elle, se soumettre, ce serait cesser d’être. »⁹ En analysant avec les jumelles du scientifique, la guerre que le Rwanda, ses mentors, et ses supplétifs terroristes du M23, imposent à la RD Congo, dans la partie-Est de son territoire national ; et en analysant en outre, avec les mêmes jumelles, le déplacement du centre de gravité du discours du président Paul Kagame, qui soutient désormais, lors de ses déplacements à l’étranger, et cela, devant monde entier, une thèse biaisée selon laquelle, le Rwanda aurait des terres à récupérer en RD Congo ¹⁰ ; une thèse que les scientifiques congolais initiés et chevronnés peuvent détruire sans difficultés car ce genre de Scientifiques incarnent la connaissance scientifique, le savoir scientifique et la vérité scientifique non trafiqués.

Dans ce même ordre d’idées, comme le président Paul Kagame croit avoir ouvert un nouveau front, en se harsardant sur le terrain scientifique ; il serait légitime et plus que temps, me semble-t-il, que le gouvernement congolais mobilise et soutienne ses Scientifiques afin qu’ils entrent en lice dans la perspective d’aller en croisade à l’instar du président Paul Kagame, aux fins de détruire sa thèse biaisée qu’il soutient devant la face du monde. Cette contre-attaque scientifique devra être centrée sur deux missions principales : éclairer la lanterne des consciences collectives autochtones que le président Paul Kagame, a tenté de séduire, a séduites et séduit lors de ses déplacements à l’étranger, et les récupérer pour la cause congolaise ; car, dans cette guerre, outre les succès engrangés par la RD Congo sur les plans militaire, politique, diplomatique et médiatique ; la RD Congo devra aussi gagner cette guerre sur le plan scientifique.

Ce déplacement du centre de gravité du discours du président Paul Kagame, nous révèle ou nous aide à comprendre bien de choses :

1. Ce que nombre de scientifiques, de chercheurs, d’acteurs politiques, de spécialistes, et de témoins, de l’histoire politique et de la vie politique de la RD Congo, ont toujours soutenu ; c’est-à-dire, l’existence d’un plan de la balkanisation de la RD Congo ¹¹ ;

2. Il nous aide à comprendre pourquoi les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) sont infiltrées par des éléments étrangers ennemis qui les affaiblissent de l’intérieur et entravent l’accomplissement de leur mission sacrée, qui est aussi celle de restaurer la paix et la sécurité dans la partie-Est de la RD Congo¹² ;

3. Il nous aide aussi à comprendre qu’outre le Rwanda, il est bien réel que cette infiltration de l’Armée congolaise par des éléments étrangers, est soutenue par nombre de pays tireurs de ficelles¹³.

Pour preuves :

– l’invasion des territoires de l’Est de la RD Congo par des armées étrangères ennemies ¹⁴ ;

– plusieurs rébellions ou agressions menées dans l’Est de la RD Congo, soutenues par des pays étrangers¹⁵ ;

– les massacres des populations congolaises, les exactions commises contre elles, ainsi que le pillage des ressources minières et autres de la RD Congo, commis par des armées étrangères, et des groupes armés soutenus par ces pays.¹⁶

C’est pourquoi, une question s’avère importante et doit être posée :

Question : Pourquoi c’est principalement dans la partie Est de la RD Congo que sévissent ces atrocités ? Réponse: Comme la balkanisation de la RD Congo, me semble-t-il, est leur objectif ultime ; et comme militairement ils n’ont pas réussi, depuis bien d’années, à l’atteindre ; tout porte croire qu’ils tentent en tant que soutiens des terroristes du M23, des milices, des groupes rebelles, des groupes armés, … de l’atteindre autrement, en influant sur l’organisation administrative territoriale de la RD Congo convenue lors de l’Accord de Sun city, de l’élaboration et de la rédaction de la Constitution de 2006. C’est pourquoi, à mon sens, il faudrait repenser l’organisation administrative territoriale de la RD Congo et réviser en profondeur la Constitution de 2006. Des gymnastiques intellectuelles nous amènent à nous poser une autre question qui pourrait nous aider à ressortir des dimensions insoupçonnées.

Question : Quelle est la plus-value du saucissonnage des Provinces de la RD Congo d’avant la Constitution de 2006 ?

Réponse : Ce saucissonnage des Provinces de la RD Congo semble causer bien de problèmes alors qu’il était censé les résoudre ! Effectivement, ce saucissonnage, est bien réel. Il est même stipulé et défini dans l’article 2 de la Constitution de 2006 ; Constitution que d’aucuns appellent,  » la Constitution des Belligérants ».

Pour s’en convaincre de ce saucissonnage, prenons quelques illustrations ¹⁷ : – la province du Bandundu est saucissonnée en trois tranches : – Kwango – Kwilu – et , Maï-Ndombe – la province de l’Équateur, saucissonnée en 5 tranches : – Equateur – Mongala – Nord – Ubangui – Sud – Ubangui – Tshuapa – la province de Katanga est saucissonnée en 4 tranches : – Haut – Katanga – Haut – Lomami – Lualaba – Tanganyika Sous cette acception, l’actuelle organisation administrative territoriale caractérisée par l’instauration des gouvernements provinciaux et des assemblées provinciales, apparaît ainsi comme une revendication des Belligérants faite dans le but de se partager le pouvoir pour que chacun ou chaque belligérant s’assure de sa part du gâteau dans le sens où qu’il se retrouve dans son espace géographique afin de participer à la gestion du pays et d’oublier le Grand Kivu convoité et visé comme pivot, comme une expérience pilote dans le plan de balkanisation de la RD Congo. Sous cet angle, le saucissonnage des Provinces de la RD Congo a comme corollaire, le repli provincial.

Ce dernier affecte ainsi l’ unité et la cohésion nationales . Comment s’étonner que ce repli provincial ait à son tour, la montée du tribalisme, de l’ ethnisme, du clanisme , du provincialisme, du clientélisme…. comme corollaires !

Actuellement, même si la Constitution ne l’interdit pas, il est devenu quasiment impossible, suite à l’actuelle organisation administrative des provinces de la RD Congo, qu’un originaire d’une province quelconque dirige ou gouverne une province autre que celle dont il est originaire. C’est bien cela, le propre du repli provincial.

Pour s’en convaincre, prenons l’exemple des Gouverneurs de province : – hormis la Ville-Province de Kinshasa ; tous les Gouverneurs de provinces sont originaires de leurs provinces, ce sont donc des originaires, des autochtones, Il est donc devenu pratiquement impossible , même si la Constitution ne l’interdit pas, qu’ : – un (e) Mungala dirige la province du Kongo- Central ; – un (e) Muluba dirige la province du Kwilu – un (e) Mukongo dirige la province de Lualaba – un (e) Mushwahili dirige la province de Mongala Ce repli provincial , ce modèle d’organisation administrative territoriale, joue et continuera de jouer, si on laisse faire , sur le mental, sur la culture et sur le comportement des originaires, des autochtones, en réveillant le  » vieux démon » des tendances séparatiste et sécessionniste des années 60 qui avait secoué la RD Congo par des rébellions et des sécessions . Si on laisse faire, les originaires d’une quelconque province, les autochtones, pourraient aller plus loin en considérant un jour, qu’il est anormal qu’un originaire d’une autre province soit par exemple, le commandant de la police de leur province ; Qu’un originaire d’une autre province soit le représentant d’un service public ou d’un établissement public dans leur province , ….

Ce repli provincial semble avoir plusieurs variantes : – il apparaît à l’heure actuelle comme une poutre qui est déjà rongée par des termites et n’ attend qu’ un fait anodin ou incompris pour s’effondrer.

Pour s’en convaincre , l’actualité nous révèle cette facette : il suffit qu’une tribu ou ethnie soit bien représentée dans une administration, une institution, un établissement public, un service public, une juridiction, …. quelconque, pour qu’on crie au tribalisme, à l’ethnisme, à l’injustice , …. sans pour autant faire au préalable un diagnostic, une analyse de fond pour comprendre le pourquoi !

C’est très inquiétant que cela soit devenu un réflexe ! Il convient aussi par ailleurs, que les décideurs politiques prennent en compte la dimension de cette réalité lors des nominations ou des promotions pour ne pas donner l’occasion aux détracteurs de jouer sur la fibre tribale, ethnique, clanique, clientéliste, …

Cela dit, ceci prouve à suffisance que le repli provincial est bien réel et endommage ou affecte la cohésion ou l’unité nationales très chèrement acquises. Une autre variante de ce repli provincial est l’illusion de l’autosuffisance provinciale.

Comment s’étonner qu’un jour qu’une province se considère comme étant très bien organisée et réclame son  » autodétermination  » car elle s’était déjà repliée sur elle-même de par sa gestion telle que réalisée par ses originaires, les autochtones. C’est pourquoi, il faudrait, me semble-t-il, repenser l’organisation administrative territoriale de l’Etat Congolais, c’est- à-dire, repenser donc la Constitution.

Pour éviter, freiner ou arrêter l’apparition ou la résurgence des forces centrifuges, le travail devra se faire ou continuer de se faire sur tous les plans. Il est donc plus que temps : – de rétablir l’autorité de l’État partout, sur tout le territoire national ; – que l’État redevienne sous toutes ses formes , cette Puissance publique, détentrice de la contrainte physique légitime – que l’ Etat remplisse comme il se doit, ses trois missions traditionnelles : sociologique, organisationnelle et juridique – que l’État devienne fort c’est-à-dire, cet Etat : – de droit – qui remplit et poursuit une mission d’intérêt général – qui a une armée moderne, professionnelle et équipée – capable d’assurer la sécurité de ses concitoyens – qui assure l’éducation et l’instruction de ses concitoyens – qui organise les soins de santé de ses concitoyens – qui assure la recherche Scientifique – qui crée des richesses – qui encourage et soutient l’entrepreneuriat congolais – qui rémunère équitablement et honorablement ses agents publics – qui s’occupe de la redistribution équitable des richesses et des fruits de la croissance – qui assure le social de ses concitoyens – qui s’occupe de la sécurité sociale de ses concitoyens ; … « 

Scientia Vincere Tenebras  » ( la Science Vaincra les Ténèbres )

Professeur Jean-Denis Kasese Otung Abienda

Professeur à l’Université Pédagogique Nationale ( UPN )

Professeur Associé, Chercheur et Collaborateur Scientifique à l’Université Libre de Bruxelles ( ULB )

Membre de la Faculté de Philosophie et des Sciences Sociales ( ex – Faculté des Sciences Sociales et Politiques / Solvay Brussels School of Economics and Management ) de l’ Université Libre de Bruxelles ( ULB )

Membre de l’Institut de Sociologie ( IS ) de l’ Université Libre de Bruxelles ( ULB) Membre du Centre d’Études de la Coopération Internationale et du Développement ( CECID ) de l’Université Libre de Bruxelles ( ULB ) .

NOTES ET REFERENCES

1. RTNC, « Le Président de la République répond aux questions de la population sur la vie nationale, 30 juin LIPANDA », Émission retransmise à la RTNC, le 8 juillet 2023

2. Loc. Cit.

3. LUEDI, Glody, « Lutte contre le tribalisme : Tshisekedi recommande le retour à la territoire de non originaires », in SCOOP.RDC, le 17 juillet 2023

4. Loc. Cit.

5. Loc. Cit.

6. RTNC, « Le Président de la République répond aux questions de la population sur la vie nationale », Op. Cit.

7. Loc. Cit.

8. Loc. Cit. 9. POINCARÉ, Henri, « Discours lors du 75 ème anniversaire de l’Université Libre de Bruxelles », ULB, Bruxelles, le 21 novembre 1909

10. ACTUALITE.CD, « Selon Paul Kagame, les terres appartenant au Rwanda auraient été données à la RDC, d’où la crise actuelle », le 16 avril 2023,

11 :21 AM 11. RADIO OKAPI, « L’échec de la balkanisation de la RD Congo passe par la prise de responsabilité de chaque Congolais, conseille Mgr Sikuli », publié le dimanche 4/12/2022 à 20:33, modifié le lundi 5/12/2022 à 07 :39

12. – TV5 MONDE, AFP, « RD Congo : Kinshasa ne veut plus intégrer d’anciens rebelles dans son armée », le 24 / novembre / 2022 à 11h31 (TU), mis à jour le 24 /novembre / 2022 à 13h02 (TU) – POLITICO.CD, « Infiltration des Rwandais dans l’armée congolaise : la RDC accuse la Communauté internationale de jouer double jeu », Kinshasa, 30 juin 2022 à 15 :05

13. BUSSELEN, Tony, « Pourquoi l’Occident ferme les yeux sur la déstabilisation orchestrée par le Rwanda ? », in SOLIDAIRE.ORG, 16 février 2016

14. RDC-MINISTÈRE DES DROITS HUMAINS, « La guerre d’agression en RD Congo : Trois ans de massacres et de génocide « à huis clos » », in Livre blanc-Numéro spécial, Kinshasa, Octobre 2001, 89p.

15. Ibidem

16. Ibidem

17. Article 2 de la Constitution de la RD Congo du

16 février 2006.

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