La Saga WENGE continue à faire des vagues, au-delà du concert du 30 juin. Le gérant de notre nganda-bar dans notre quartier d’en-bas, nous a convoqués, après le concert Wenge, afin d’en tirer les leçons à chaud; lors d’une soirée particulièrement arrosée, il nous a dit ce qui, pour lui, était la meilleure leçon, à savoir: l’initiative de la réconciliation-surprise. En conséquence, le gérant nous a proposé la création d’un orchestre de musique populaire moderne. Objectif: l’art pour l' »ar »… Au départ, sceptiques, les ambianceurs ont approuvé le projet. Entre deux cuites, le gérant a dressé un ordre du jour en bonne et due forme, et avec le concours technique d’un greffier de justice retraité néanmoins, avisé et ami ambianceur: primo, le nom de l’orchestre. Secundo, l’originalité du style. Tertio, la composition de l’orchestre.
… Et donc, primo. Après débats et délibérations, l’assemblée des ambianceurs a opté pour « Art pour Ar… », comme dénomination de l’orchestre. Le greffier, consulté, a justifié l’appellation par ce qu’il a appelé » sangisa- sangisa », c’est-à-dire, mélange des langues français- lingala, mélange de l’utile et de l’agréable : l' »Art » comme langage d’harmonie, et « l’Ar », comme créolisation de … »l’argent « .
Secundo: la question de l’originalité du style a vraiment fait palabre. Finalement, un compromis a été trouvé : une musique, d’après le rapport du Greffier, « au-delà des mièvreries bruyantes, une musique ‘’mokili mobimba » (esthétiquement universaliste, avec des messages vertébrés; une musique engagée, notamment en solidarité sincère avec nos martyrs et nos héros « .
Tertio : le débat sur la sélection des artistes a occupé la moitié de la palabre : les uns recommandaient un test préalable sélection avec un jury des ambianceurs les plus avertis ; les autres souhaitaient, vu l’urgence et la nécessité, de s’en remettre aux « carnets d’adresses » des ambianceurs, et opter par coptation, sur base de savoir-faire artistique avéré. Exemples: chanteurs de la trempe de Grand Kalle, de Madiata, de Tabu Ley ; des guitaristes prestidigitateurs comme Nico, Lofombo, Pepe Felly, Lokassa-Ya-Mbongo, etc ; des percussionnistes percutants, tels Ceskin, Pandy, Eddy Mboyo, etc.
… Vint alors la surprise des surprises : toujours entre deux cuites, l’assemblée des ambianceurs a proposé mon … ministre d’État comme à la fois producteur et mécène (« l’Art pour …l’Ar »!).
L’assemblée m’a demandé de faire du lobbying auprès de mon ministre, « connu pour ses inclinations en matière artistique « (selon le Greffier…). Il revenait également au ministre, au cas où il donnait son accord, de trancher la palabre sur la sélection (sur le « casting « , comme disait élégamment le Greffier)
Dès le lendemain, prenant mon courage à trois mains, j’ai soumis la proposition à mon patron de ministre. Mon ministre a éclaté de rire et, à ma grande surprise, a répondu sans façon : » Pilote, j’accepte sous trois conditions: d’abord prestation à mes heures perdues de loisirs au nom de…l’art (et non de l’ar). Point. Ensuite, non seulement d’accord d’être producteur et mécène mais aussi, chanteur-compositeur- arrangeur.
Enfin, pas de dédicaces intempestives, avec des « mabanga » soi-disant promotionnels, alors qu’ils ne servent qu’à. ..
L’Ar et non à l’Art » »…
Yoka Lye