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Controverses autour de la Compréhension du concept de Peuple dans l’Exercice Démocratique du Pouvoir en République Démocratique du Congo

Par La Prospérité
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(Par Prof. Bruno-Joseph Tshibangu Kabaji)

O. Introduction

Les hommes politiques, ou même les politiciens au sens vulgaire de ce terme, ne cessent d’évoquer le concept de Peuple dans tous leurs différents discours politiques montrant qu’ils se soucient de l’intérêt majeur de ce Peuple dans leur gouvernance ou promettent de travailler dans son intérêt tout au long de celle-ci. Qu’entend-t-on au fond par ce concept ? Pour tenter de mieux comprendre ce concept, nous allons, dans cette réflexion critique, aborder les points suivants :

1. La brève conception historique et l’importance du concept de Peuple en politique

2. Les controverses autour du concept de Peuple en politique

3. Le dynamisme du concept de Peuple par rapport à l’exercice de la liberté

4. La perception du concept de Peuple par rapport à l’élection

5. En guise de conclusion

1. La Brève conception historique et l’importance du concept de Peuple en politique

D’après les données de l’histoire, en Athènes par exemple, n’était appelé Peuple que les résidents adultes masculins et natifs de l’Etat. Il faut entendre par là que les femmes, les mineurs, les esclaves, les inciviques, les détraqués mentaux et les étrangers étaient exclus du rang de Peuple et ne pouvaient en aucune façon participer aux travaux ni de l’Assemblée ni de l’exécutif ni non plus de la magistrature. La loi les excluait de la sphère de prise des décisions au profit de la Communauté consciente capable de participer à la prise des décisions pour la bonne marche des affaires de l’Etat. C’est ainsi que l’on parlait des non-citoyens en tant que personnes incapables de participer aux affaires de la Communauté politique : il s’agissait entre autre autres des faillis qui n’étaient pas éligibles et des criminels ne participant pas au vote. Ce qui implique autrement dit que tous les hors-la-loi sillonnant des rues et participant inconsciemment aux manifestations politiques de rue organisées par les opposants politiques sans revendication rationnelle et réelle, ne peuvent pas faire partie de Peuple. Quand nous nous essayons de fouiner le sens du concept de Peuple, il ressort qu’il est non seulement au cœur de la notion de démocratie, mais aussi et surtout au cœur même du corps politique en tant que substance fondamentalement libre et vivante. Cela veut dire encore que l’on ne pourrait jamais prétendre avoir bien saisi le sens de la démocratie sans avoir compris celui du concept de Peuple, de majorité et de liberté qui sont dans son endedans. Ce qui signifie en d’autres termes qu’en démocratie tout part du Peuple et revient au Peuple. Autrement dit, l’on ne peut pas qualifier un régime de démocratique si le mot Peuple n’est pas la seule et l’unique source et finalité de l’exercice démocratique du Pouvoir, et s’il ne constitue pas non plus le socle de toute action politique, sociale, économique et culturelle, entreprise pour son Bien-être intégral. En essayant de le comprendre, il se révèle qu’il est un concept-polémique, problématique, controversé et ambigu.

2. Les controverses autour du concept de Peuple en politique

2.1. Distinguo entre Peuple et population

Avant d’aborder ce point, il sied ici de faire sommairement le distinguo entre le mot Peuple et le mot population parce que généralement la plupart des apprentis politiciens et de certains intellectuels (lettrés) les utilisent confusément l’un pour l’autre. Voilà pourquoi les deux concepts méritent, pour notre part, un éclairage du point de vue sémantique. Le terme population renvoie à un ensemble d’habitants, d’individus ou de personnes humaines vivant sur un territoire donné et qui peut être comptable statistiquement parce que relevant du concret. Il prend en compte et les citoyens et les non-citoyens recensés ou recensables ; alors que le concept de Peuple relèverait de l’abstrait, de l’idéel et exclurait les noncitoyens. C’est pour cette raison que l’on ne dit pas, par exemple, que l’on enrôle le Peuple, mais plutôt que l’on enrôle la population ; on ne prélève pas l’échantillon sur un Peuple pour mener une étude quelconque, mais on prélève un échantillon sur la population pour mener une étude soit statistique soit démographique soit autre ; l’on ne dit pas que notre Peuple est évalué à plus ou moins 100 millions d’habitants, mais plutôt que notre population est évaluée à plus de 100 millions d’habitants ! On ne dit pas que les Rwandais tuent le Peuple congolais, mais on dit plutôt que les Rwandais tuent la population congolaise sous l’œil impuissant de l’Occident ! Cette nuance doit inspirer tout discours politique sensé et productif. Les kulunas ou les wayambars ou les shegues font partie de la population et non du Peuple !

2.2. Fouillis autour du concept de Peuple

A la conception athénienne du Peuple telle que décrite ci-dessus, R. Remond ajoute l’idée que ne peut constituer un Peuple que l’ensemble des citoyens instruits et capables d’élire des hommes compétents de les le représenter dignement dans les différentes sphères des organes de prise des décisions, capables de réfléchir sur les conditions de vie inhumaines dans lesquelles ce Peuple vit et de chercher comment les transformer dans les conditions de vie plus humaines.

Cette façon remondienne de voir le Peuple nous pousse à nous interroger s’il n’y a que le facteur instruction qui puisse élever une multitude de citoyens au rang de Peuple ? Nous estimons, pour notre part, que l’expérience vécue peut aussi aider l’homme qui n’a pas été formé à l’école à poser des actes rationnels, réfléchis, actes devant le conduire à opérer un bon choix électoral, un choix judicieux soit d’une Constitution qui a été soumise au référendum populaire soit des dirigeants politiques conscients de leurs responsables devant le Peuple.

Ce qui reste évident est qu’il existe des autodidactes qui sont à même capables de participer activement aux débats politiques, pas nécessairement de haut niveau, dans les différents domaines de la vie nationale. Cela pourrait, par contre, ne pas être le cas de certains instruits qui, loin de mettre à contribution leur intelligence, leur savoir, au service de la Nation, se comporteraient moins que certains autodidactes ou semi-lettrés, à trahir celle-ci au nom de la cupidité d’argent et de l’avidité du Pouvoir. Si R. Remond estime que le concept de Peuple renvoie à un ensemble d’hommes instruits, Jacques Maritain, quant à lui, estime que le mot Peuple signifie : « la multitude de personnes humaines qui, unie sous de justes lois, par une amitié réciproque, et pour le bien commun de leur existence humaine constituent une société politique ou un corps politique. La notion de corps politique signifie le tout (pris dans son unité) composé du peuple. La notion de peuple signifie les membres organiquement unis qui composent le corps politique. (…) Le peuple est la substance même, la libre et vivante substance du corps politique. Le peuple est aussi de l’Etat, le peuple n’est pas pour l’Etat, le peuple est pour le peuple ».

Nous sentons que, pour notre auteur, instruite ou non, pour autant que cette multitude d’hommes est liée par de justes lois, qu’elle entretienne une amitié réciproque en son sein en vue du bien commun, elle constitue un Peuple. Ce Peuple à la maritainéenne est un tout pris globalement dans un corps politique, une création de l’esprit, une idée générale extraite de l’ensemble d’hommes se reconnaissant membres d’une communauté consciente située géographiquement, obéissant aux mêmes lois et gérés par les mêmes Institutions ainsi que partageant les mêmes souvenirs issus d’une histoire commune. Dans cette conception du mot Peuple, Maritain ne fait nullement le distinguo entre les instruits et les analphabètes. Dans cette discussion, il y a lieu de retenir, du moins à ce stade de discussion, que seul l’ensemble des citoyens capable de poser un acte civique de vote, capable de payer ses impôts, constituerait un Peuple.

Donc, l’ensemble des citoyens capable de satisfaire à ses obligations légales envers l’Etat et de revendiquer ses droits et libertés fondamentaux auprès de celui-ci, si minoritaire soit-il, constitue un Peuple. Il pourrait être appelé Peuple dans la mesure où cet ensemble des citoyens actifs n’agiraient pas seulement dans leurs intérêts égoïstes, mais aussi dans l’intérêt de tous ceux qui ne savent pas identifier leurs intérêts propres, ne savent pas opiner, ne savent surtout pas pourquoi et comment ils sont appelés à revendiquer leurs intérêts s’ils sont bafoués par un Pouvoir inconscient. Dans la pratique politique, le mot Peuple est souvent considéré comme cette masse consciente d’hommes, active et passive, partageant le même territoire, la même histoire ou un passé commun, unie par le même sort, animée par le même esprit de solidarité et gouvernée par la même Autorité politique, en vue de la matérialisation de ses aspirations profondes. Bref, la partie active du Peuple agit au nom du Peuple tout entier à condition de refléter ou de traduire, dans sa revendication, les aspirations profondes de tous aux conditions de vie humaines. Participant à ce débat et partant de l’expérience athénienne, G. Burdeau estime que « le peuple titulaire du pouvoir est un peuple des citoyens, c’est-à-dire, un Peuple constitué des hommes débarrassés des préjugés de classe et des soucis inhérents à leur condition économique, capable d’opiner sur les choses publiques en faisant abstraction des avantages personnels qu’ils 2 J. MARITAIN, L’homme et l’Etat, pp.24-25. peuvent retirer de la décision ; bref, une sorte de saint laïc qui fait taire ses passions pour que ne s’exprime par lui que la volonté générale qui n’est autre que la voie de la raison ».

Il ressort, selon G. Burdeau, que l’ensemble des citoyens constitue un Peuple. Cependant, il ne s’agit pas de n’importe quels citoyens, mais de tous les hommes qui savent opiner, réfléchir objectivement sur la bonne gestion de la chose publique, de tous ceux qui savent disculper leur prise de position face aux problèmes cruciaux qui mettraient à mal le développement durable du pays, tous ceux qui savent prendre de bonnes décisions en vue de la défense des intérêts communs, tous ceux qui peuvent opérer un bon choix électoral au nom de la raison raisonnée, c’est-à-dire, sans nécessairement chercher à recevoir un pot de vin. Nous pourrions, dans ces conditions, penser que tous les analphabètes sont, encore une fois, exclus du statut de Peuple. Dans ce cas, le concept de Peuple revêtirait le sens d’une multitude d’instruits, donc d’intellectuels dignes de ce nom au sens de l’Archevêque Mgr Bakole wa Ilunga.

C’est à ce niveau que Bureau fait jonction avec R. Remond. Cela pourrait se justifier dans la mesure où n’agit en lieu et place du Peuple que l’Etat, appuyé par ces intellectuels dignes de ce nom et aussi par les hommes avertis et expérimentés capables de concourir, par leur savoir-faire et leur savoir-être, à réaliser le bien-être de tous, y compris celui des valides qui ne font rien et celui de ceux que les communs des mortels qualifieraient de bon-à-rien. Sous l’encadrement de l’Etat, ce sont eux qui chercheraient les voies et moyens pour lutter contre notamment la famine, la pauvreté, la misère, le sous-développement, en général. Le reste du Peuple ne joueraient que le rôle du soutien politique des gouvernants afin d’encourager ceux-ci à travailler dans l’intérêt supérieur de la Nation. Sans cette couche supérieure et transformatrice de la Société politique, celle-ci stagnerait et ne décollerait point sur le plan du développement durable.

2.3. Problématique du concept de Peuple

De ce débat intellectuel, il se dégage encore que dans tous les Etats modernes du Monde, le mot Peuple est conçu différemment selon que l’on soit dans un régime dictatorial ou dans un régime démocratique, selon que l’on se retrouve au Pouvoir ou dans l’opposition politique, l’opposition armée ou dans la Société civile. Dans tous les cas de figure, le mot Peuple est au centre du langage des politiciens ou des hommes politiques ou encore des membres de la Société civile, afin de montrer à ce Peuple que rien ne peut se réaliser sans son consentement, sans son appui, et que toute action entreprise ou toute promesse lui faite par les opérateurs politiques ne pourrait rentrer que dans le cadre de la recherche des voies et moyens pour la satisfaction de ses intérêts majeurs. Cependant, il est un constat que, dans la plupart des cas, le Peuple est victime de ce genre des chimères, des machinations susceptibles de demeurer non-réalisées et qui risqueraient, par conséquent, de compromettre la crédibilité du Pouvoir en place.  G. BURDEAU, « Démocratie », in Encyclopaedia universalis, p.412. BAKOLE WA ILUNGA, Chemins de la Libération, Kananga, Editions de l’archidiocèse de Kananga, 1978.
Vu sous son aspect général, le concept de Peuple ou le Peuple tout court signifierait donc une multitude d’hommes occupant le même territoire, unie par une amitié réciproque, par un sentiment patriotique qui l’enracine dans la croyance en l‘amour inconditionnel de la Terre de ses ancêtres, un esprit patriotique doublé de l’esprit de défense animé par celui-ci, une multitude d’hommes régie par les lois communes, poursuivant un même idéal et partageant la même histoire et faisant à l’unisson face au destin commun.

Mais, il arrive que l’on enregistre souvent le mouvement dans le sens unilatéral, c’est-à-dire, au lieu de gérer les affaires publiques dans l’intérêt de tous, les gouvernants les gèrent parfois dans leurs propres intérêts trahissant ainsi la confiance et l’espoir suscités en ce Peuple par rapport à la concrétisation de ses aspirations profondes. Dans ce cas, un tel Peuple pourrait se voir obligé de se révolter contre un tel Pouvoir en exercice et pourrait fragiliser celui-ci sans nul doute dans l’intérêt de le voir échoué et être remplacé par un autre dans l’espoir que celui-ci pourrait mieux travailler pour le rendre heureux.

2.4. Peuple de l’opposition politique et celui de la dictature

S’agissant de l’opposition politique et l’opposition armée, les deux cherchent chacune, sans nécessairement détenir un projet de société, comment conquérir le Pouvoir politique ou militaire en faisant des câlins au Peuple, alors que la majorité au Pouvoir cherche comment le conserver le plus longtemps que possible en continuant à chouchouter, à sa manière, le Peuple qui est la source légitime du Pouvoir politique. Pour y parvenir, l’opposition politique, quant à elle, a besoin du concours de ce même Peuple qui doit le servir de point d’appui, de tremplin, pour exercer une forte pression sur le Pouvoir en place, afin de le fragiliser, de l’étouffer, pour qu’il ne parvienne pas à réaliser son programme d’actions et lui faire perdre ainsi son crédit auprès de ce Peuple. Ce qui ne lui permettrait pas de se faire élire à nouveau ou de garder sa crédibilité auprès de celui-ci. Par conséquent, la cote de popularité de l’opposition politique pourrait monter au détriment du Pouvoir devenu contesté et perdant progressivement sa légitimité.

Ce qui fait qu’à la limite, elle pourrait espérer battre les candidats de la majorité au Pouvoir lors des échéances à venir. Faudra-t-il comprendre ici que le Peuple de l’opposition politique demeure cette frange de citoyens qui la soutient à travers ses discours politique généralement truffés de promesses parfois invraisemblables et irréalistes ayant pour objectif de gagner à tout prix sa confiance en vue d’une éventuelle victoire aux prochaines élections. Tentant de comprendre le Peuple de l’opposition armée, il ressort que c’est cette multitude de personnes humaines qui adhère à son action politique sans chercher parfois à comprendre son projet de société, l’essentiel étant, pour elle, de se débarrasser vaille que vaille du Pouvoir existant, même parfois sans raison plausible.

Ce Peuple veut le départ urgent du Pouvoir existant, mais ne le manifeste pas tout en infiltrant le Peuple du Pouvoir, le rongeant petit à petit de l’intérieur. Il est souvent passif et épris de peur de se faire prendre par le service de sécurité du Pouvoir existant et lui faire voir de toutes les couleurs. Il ne sait pas participer à la guerre en se présentant au front, mais peut simplement la soutenir moralement, et de loin par des applaudissements introspectifs. En RD Congo, nous avons vécu le contraire en 1997.

L’opposition armée de Mzee L.D. Kabila fut soutenue et ovationnée, en pleine dictature mobutienne, par la majorité de Peuple qui tenait coûte que coûte à faire partir le dictateur Mobutu du Pouvoir. Ce que l’on appelle Peuple en démocratie n’a pas la même connotation que le concept de Peuple dans le régime autarcique dans la mesure où, dans ce régime, les libertés individuelles et collectives ainsi que les droits fondamentaux des personnes humaines ne comptent pas ; s’ils existent, alors c’est dans les textes légaux sous forme d’un placebo, les citoyens ne peuvent ni les exercer ni en jouir pleinement.

Dans le régime dictatorial, les personnes humaines sont considérées comme des choses, des objets, des animaux manipulables à souhait par ceux qui détiennent les rênes du Pouvoir autarcique. Ici, le Peuple ne s’exprime surtout pas contre la façon de gouverner de ce Pouvoir sans être inquiété. Il est considéré comme une masse inerte au service de celui-ci. Cette masse n’a pour rôle que de le légitimer par acclamations frénétiques tout au long de grandes artères et au travers des organes politiques laudatifs conçus et destinés à cette fin.

3. La réflexion sur le concept de Peuple par rapport à l’Exercice de la liberté

Du débat jusque-là engagé, il se dégage que le concept de Peuple n’est pas statique, mais plutôt dynamique. A y réfléchir profondément, il n’existe pas un Peuple qui serait uniquement affecté ni à l’opposition politique ni à l’opposition armée, ni à la société civile ni même pas au Pouvoir existant. C’est le même Peuple des citoyens qui, à la recherche du mieux-être se retrouve disséminé à travers tous ces groupes. Il est à la recherche des leaders qui se positionnent politiquement pour prendre un jour la destinée du pays ou des gouvernants capables de lui procurer le bien-être intégral dont il a naturellement besoin.

C’est ce même Peuple qui se met à faire le mouvement de vas-et-viens entre les différents Partis politiques et Sociétés civiles en fonction des promesses alléchantes que chaque groupe peut lui miroiter ou en fonction des actions salutaires présumées que le Pouvoir en place pose ou pourrait poser en sa faveur. Disons qu’il existe une espèce d’osmose entre les différents citoyens de tel ou tel groupe politique ou civil de quitter librement, individuellement ou collectivement, tel ou tel groupe dont il fait jusque-là partie pour adhérer à un autre groupe dont les actions menées ou les discours tenus par ses Leaders leur paraissent persuasifs. Voilà pourquoi, le Peuple, en sa plus grande majorité, soutient indubitablement le Pouvoir en exercice en RD Congo, un Pouvoir qui a montré, par ses actions salvatrices et réalistes, par sa volonté politique, qu’il est à mesure de transformer positivement ce Grand pays pauvre en un paradis, qu’il tient à rendre son Peuple heureux en améliorant, tant soit peu, son écosystème environnemental en vue du démarrage de son développement durable. Dans son aspect dynamique, le sens du terme Peuple devient général et signifierait l’ensemble des citoyens dont les aspirations profondes sont communes et se trouvent être canalisées par un Leader politique, charismatique ou non, mais capables de les matérialiser dans l’intérêt de tous et dans le respect des textes légaux qui régissent la République une fois qu’il a le Pouvoir dans ses mains. Son dynamisme apparait également lorsqu’il faudrait le définir sous l’angle des partis politiques et de la société civile.

Vu sous ces différents angles, le mot Peuple se réduirait, dans son entendement, en un ensemble de tous les militantes et militants ainsi que de leurs sympathisants qu’ils soient de la majorité au Pouvoir ou de l’opposition politique. Alors que sous l’angle de la Société civile, est considéré comme Peuple tous les membres des associations sans but lucratif, des Organisations Non Gouvernementales des Droits de l’Homme (ONGDH), des Organisations Non Gouvernementales de Développement (ONGD), des églises, des syndicats et d’autres corporations professionnelles existantes. Mais, il se fait curieusement que la plupart des fidèles des églises et des membres des ONGDH, ONGD et des Associations humanitaires nationales, font à la fois partie et des partis politiques et de leurs Organisations respectives. Ce qui revient à dire que l’ensemble des membres des Partis politiques ainsi que ceux de la Société civile constituerait séparément ce qu’il conviendrait d’être appelé Peuple.

4. Peuple et sa couche active, qu’est-ce à dire ?

En réfléchissant autrement, il nous revient de comprendre que le Peuple est représenté, sans le vouloir donc, par les citoyens actifs. Ce sont ceux-ci qui agissent et décident en lieu et place de ce que l’on appelle le Peuple même. Cela à condition d’agir conformément aux aspirations profondes de celui-ci. S’il arrive que l’on parle des citoyens actifs, alors, il est donc possible de parler des citoyens passifs qui forme une couche inactive du Peuple. Celle-ci ne s’intéresse ni aux activités des Partis politiques ni à celles de l’opposition politique ni non plus à celles de la Société civile et qui, au demeurant, reste quasiment indifférente au rôle de l’Etat dans son pays ? Elle ne revendique rien de l’Etat soit parce qu’elle ne sait pas son existence et son rôle soit qu’elle ne connait pas ce qu’elle peut lui revendiquer soit que le connaissant, elle le boude estimant qu’il n’a toujours rien fait pour elle ou il ne le fait pas suffisamment. Cette couche inactive, loin de se décourage, ne s’intéresse qu’à son vécu quotidien, qu’aux petites tâches quotidienne pour sa survie. Quand elle parvient à manger ou quand elle se meurt de faim, c’est par la volonté de Dieu et non par celle de l’Etat !

A un moment donné, cette couche inactive ne sait pas comparer sa vie à celle d’autres Peuples du Monde si ce n’est qu’à celle des animaux qui l’entourent surtout lorsqu’il s’agit des ruraux. La couche passive de Peuple vit, quant à elle, dans sa Société particulière, sans un référentiel humain. Pourquoi et comment va-t-elle revendiquer si elle ne sait pas qu’elle a, par exemple, des libertés et droits fondamentaux à sauver si jamais ils sont bafoués par l’Etat luimême, si elle ne sait pas faire le distinguo entre un régime démocratique et un régime dictatorial ?

C’est dans ce contexte que l’Etat se doit de se faire sentir positivement auprès de chaque citoyen en jouant son rôle essentiel, celui de protéger toutes les personnes humaines disséminées à travers toute l’étendue de l’espace géographique qu’il administre sans distinction d’origine, de religion, de sexe ou de rang social. C’est de cette manière qu’il rendra cette couche active et productrice d’une véritable main-d’œuvre, catalyseur du développement intégral du corps politique. Il est vrai que la Volonté du Peuple s’exprime au travers de la majorité issue des élections libres, transparentes et justes. De ces élections, sortira un Pouvoir légitime qui aura, en sa majorité, l’avantage de tracer la ligne décisive de la politique nationale de la RD Congo.

5. La perception du Concept de Peuple par rapport à l’élection

Il est de coutume que lorsque l’on veut organiser les élections, on commence par l’enrôlement des citoyens qui veulent librement s’inscrire pour participer au vote. Il ressort que seuls les citoyens ayant pris part à cette opération devraient en fait aller voter au moment opportun. Cela au nom de l’Idée démocratique qui met en exergue l’Idée de la liberté qui veut que chaque citoyen opère démocratiquement, librement et dans la transparence son choix sur tel ou tel candidat ; que chacun se décide et se détermine s’il doit ou pas aller voter même s’il est enrôlé. Il se fait, comme à l’accoutumée, que le Peuple dans sa totalité ne s’inscrive pas sur les listes des votes, mais un bon nombre d’entre lui s’y inscrive tout de même. Selon la logique électorale, c’est le nombre de ceux qui se sont inscrits qui constituent l’échantillon de toute la population du corps politique.

Ainsi, la majorité des citoyens pouvant élire est calculée à partir du chiffre enregistré après enrôlement. Après vote, l’on se rend généralement compte que tous les inscrits sur les listes ne vont toujours pas voter. Les uns parce qu’ils ne comprennent pas le sens de l’élection, les autres parce qu’ils ne savent pas à quoi rime le choix qu’ils opèrent d’autant plus que les gouvernants élus se foutent généralement de leurs intérêts profonds dans la plupart des cas et se mettent à se servir une fois au Pouvoir.

Le Peuple l’a constaté notamment lors de différentes gouvernances en RD Congo. L’on se souviendra du fameux slogan du MPR égal servir, se servir ?

Oui répond ironiquement le Peuple en lieu et place de Non prôné par Mobutu ! Ou plus près de nous, une frange de Peuple apparemment commençait à parler ironiquement du ‘’Ventre d’abord’’ en lieu et place du ‘’Peuple d’abord’’. Ainsi donc, Si l’on se place sous l’angle des élections, le Peuple est compris au sens de la majorité issue du nombre des votants par rapport au nombre des enrôlés et non par rapport au nombre de toute la population recensée ou estimée que compte toute la République. Sous l’angle parlementaire, le Peuple est encore cette majorité qui se dégage après un vote organisé à l’issu d’un débat intellectuel amplement animé par rapport au nombre des députés ayant pris part à cette discussion de haut niveau et d’intérêt national. Les absents à une telle séance ne sont pas comptés.

Lors d’un consensus autour d’une question délicate et d’une importance incommensurable sur la vie nationale, question susceptible de susciter immédiatement des remous sociaux en dehors de l’hémicycle, question capable de troubler la conscience nationale à l’instant même qu’elle est posée, il est de bon aloi de faire recours au seul arbitre qui est ici la raison catégorique (au sens kantien de ce terme). Celle-ci ne peut s’émouvoir ou se faire exercer que dans une équipe ou commission restreinte d’étude et de réflexion (théorique et surtout pratique) mise en place par les deux chambres réunies en Congrès. Cette équipe ou commission est censée être constituée des représentants attitrés de toutes les couches identifiées au sein de chaque chambre et désignés par les responsables de deux chambres réunies en Congrès pour débattre sans complaisance d’une telle question. Peuvent aussi faire partie de cette équipe ou commission, toute personne physique ou morale, extérieure aux chambres, faisant autorité dans l’un des domaines qui touche de près à l’un des aspects que pourrait susciter cette question importante.

De ce fait, nous faisons allusion entre autres à certains Professeurs d’universités, à certains chercheurs rompus dans leurs spécialités respectives et à certaines personnalités de haut rang bien expérimentées en telle ou telle matière et capables d’éclairer les lanternes qui se seraient invitées à la discussion sur le fond lié à la question fondamentale. Ces représentants doivent être des autorités reconnues comme faisant autorité chacune dans sa discipline, être d’une intégrité morale irréprochable, d’une sagesse et d’une compétence, capables de siéger en véritables citoyens du pays doués d’un esprit de défense avéré. L’exercice de la démocratie mise entre autres sur le respect de la Liberté, de la Justice et sur la diversification, l’inclusivité et la compétitivité de l’économie en vue de la Croissance économique. Ce sont les citoyens qui exercent la démocratie qui doivent se choisir leurs dirigeants politiques capables de réaliser le bien-être de tous. Pour y arriver, l’organisation des élections transparentes, justes et équitables s’impose.

Ce qui veut autrement dire que l’élection, en tant qu’expression de la liberté de choix, de la liberté de vote, ne doit pas être obligatoire de peur d’enfreindre l’exercice de toutes les libertés et des droits naturels des citoyens. Les organisateurs, quant à eux, ont seulement le devoir de sensibiliser le Peuple, sans le contraindre, à participer massivement aux élections en commençant par l’enrôlement responsable des citoyens pour un vote conséquent des dirigeants politiques capables de leur procurer le mieux-être intégral qui constitue leur attente. Voilà pourquoi, il serait anti-démocratique de procéder au contrôle policier après le vote sous prétexte de s’assurer si tel ou tel citoyen a effectivement voté ou non. Dans ces conditions, il aurait été souhaitable de miser sur la majorité des citoyens enrôlés par rapport à l’ensemble des habitants du pays et la totalité des votants par rapport aux enrôlés. Voilà ce qui pourrait garantir la vraie légitimité des gouvernants élus. Voilà en fin de compte ce qui signifie la volonté du Peuple en démocratie libérale. Pratiquement, la façon dont la majorité s’obtient par rapport successivement à l’ensemble des populations appelé Peuple et par rapport aux enrôlés, encore appelé Peuple, et ceux-ci par rapport aux votants, encore une fois appelé Peuple, ne permet pas aux élus de s’assurer de la majorité confortable pour une large légitimité.

En guise d’exemple, la RD Congo, notre pays, sur une population évaluée à 100 millions d’habitants, a enregistré plus ou moins 41.738.628 millions d’électeurs enrôlés soit 100% de populations pour le besoin d’évaluation intelligible et objective, parmi lesquels 18.450.335 des votants appelés, en définitive, Peuple. Les résultats publiés après le vote reflètent-ils réellement la volonté générale bien que ces résultats soient issus d’une minorité de 43% sur l’ensemble de la population de la République. Ou alors, c’est la majorité de la minorité qui détermine ici la volonté populaire qui constitue l’orientation politique décisive du pays ? Où se trouve ici le Peuple ? Est-ce cet ensemble des citoyens dans sa globalité ou ce sont des citoyens qui ont voté en vue de l’Idéal commun qui représentent les absents à cet exercice civique ? Pourquoi ne cherche-t-on pas d’atteindre le seuil de la majorité absolue avant, pendant et après le vote pour que les résultats soient réellement crédibles et légitimants ?

Pourtant, il est fort possible d’agir de telle sorte que la majorité par rapport aux votants apparaisse en organisant les élections à deux tours comme prévu dans la Constitution en vigueur dont quelques-unes de ses dispositions ont été mal intentionnellement modifiées par le régime de Joseph Kabila.

De la sorte, il y aurait eu lieu d’élire un Président de la République avec plus de la moitié de suffrage exprimé. Ou encore, que le Président de la République soit élu au second degré et à la majorité de 2/3 des membres de deux chambres réunis en Congrès. 6. En guise de conclusion Au regard de ce qui précède, le concept de Peuple est, d’une part, d’une équivocité incontestable, d’un dynamisme fécond, et d’autre part, il est un concept-polémique suscitant un débat intellectuel sans complaisance pour pénétrer son endédans et mieux saisir son sens ultime. Dans son dynamisme fécond dû probablement à son équivocité incontestable, le concept de Peuple révèlerait plusieurs sens selon que l’on se place sous son aspect général ou sous tel ou tel angle pour les saisir.

Vu sous son aspect général, le concept de Peuple ou le Peuple tout court signifierait une multitude d’hommes occupant le même territoire, unie par une amitié réciproque, par un sentiment patriotique qui l’enracine dans la croyance en l‘amour inconditionnel de la Terre de ses ancêtres, un esprit patriotique doublé de l’esprit de défense animé par celui-ci, une multitude d’hommes régie par les lois communes, poursuivant un même idéal et partageant la même histoire et faisant à l’unisson face au destin commun. Sous l’angle strictement rationnel, le concept de Peuple traduit la volonté exprimée par un seul Congolais, un seul citoyen, qui prend le courage responsable et raisonné, comme les qualifiait P.E Lumumba, de dénoncer, au nom d’une masse silencieuse ou des intellectuels prudents, les dérives politiques et sociales d’un Pouvoir politique inconscient de ses responsabilités et de ses devoirs étatiques vis-à-vis de sa population.

En ce sens, le Peuple égal ce citoyen congolais qui, usant de la raison universelle et catégorique, s’essaie de sauver la multitude d’hommes distraite parce que préoccupée par soit la recherche éhontée de gain facile au lieu de rendre dignement service à la Nation soit distraite par le souci de chercher comment nouer les deux bouts du mois. Cet unique Congolais révolté représente, que l’on veuille ou non, une majorité active parce qu’il traduit la volonté générale d’un grand nombre de compatriotes. Cette équivocité remarquée et remarquable serait à la base de différents types de démocratie et de régimes politiques qui gouvernent le Monde.

Elle apparait aussi comme un lieu de gibet où se monterait tout complot odieux contre les aspirations profondes du Peuple. Elle serait même considérée comme prétexte non dissimulé auquel recourent les apprentis politiciens pour nuire à l’intérêt supérieur de la Nation. Il est ainsi donc une exigence pour le Pouvoir existant d’être à l’écoute de tout citoyen qui s’exprime librement et publiquement, par écrit ou oralement, pour revendiquer ses droits et ses libertés ou pour dénoncer certains manquements constatés dans le chef des gouvernants par rapport à ses obligations. Le Pouvoir intéressé doit comprendre qu’il ne s’agit pas nécessairement de ses propres préoccupations, mais par lui celles de tout un Peuple. Il doit savoir tenter d’y répondre dans la mesure de ses possibilités pour calmer les effets de contagion ou le phénomène de résonnance. Cela au nom du principe selon lequel le Pouvoir ne doit être ni sourd ni muet face aux réactions positives ou négatives de son Peuple ; celui-ci n’étant pas à son tour ni aveugle ni muet.

Fait à Kinshasa, le 09 février 2024

Prof. Bruno-Joseph TSHIBANGU Kabaji

Docteur en Philosophie

Breveté de CHESD

Président Fédéral honoraire UDPS/Tshisekedi/Lubumbashi

DGA/ANAPI

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