Par Me Jean Bosco Badibanga, Avocat Congolais- chercheur Indépendant-Acteur politique
Quelle que soit la voie par laquelle l’élite politique congolaise acquiert un mandat public (nomination, élection ou cooptation), elle ne sentira pas en sécurité, son poste, non plus, pas avant d’avoir fait allégeance et obtenu le quitus de Kinshasa, capitale de la RDC et siège des Institutions du pays.
Gouverneurs, ministres provinciaux, maires des villes, bourgmestres, Administrateurs des territoires, voire les chefs des secteurs, ont finalement compris que pour demeurer invulnérables et inamovibles dans leurs postes, ils ont intérêt à se frayer un couloir de confort en agissant en intelligence avec Kinshasa.
En effet, parler de Kinshasa paraîtrait plus abstrait que de parler des « hommes forts de Kinshasa » qui ont d’ailleurs réussi à donner un sens à ce phénomène qui se normalise en RDC.
Question
Les hommes forts de Kinshasa qui garantissent la sécurité des mandataires politiques et publics provinciaux et de leurs postes, qui sont-ils ?
On les compte parmi: les bras droits des hautes autorités politico – administratives (amis, membres des familles biologiques, maîtresses, pasteurs ou pères spirituels des autorités,…); les Hauts Cadres influents des partis politiques; les autorités de tutelle de qui dépendent les demandeurs de protection,… la liste n’est pas exhaustive.
Il n’est pas impossible d’admettre que l’entretien de toutes ces garanties politiques sus visées, ne s’opère sans assurances financières en retour, une sorte de corruption bien entretenue qui donnerait lieu à une garantie d’impunité en faveur des meilleurs offrants provinciaux.
Ce phénomène qui se cristallise en RDC depuis plus d’une décennie, ne va pas sans créer des égratignures considérables aussi bien au niveau de la collaboration entre les Institutions Provinciales qu’au niveau de l’applicabilité de loi portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces.
Qui pourrait encourager un gouverneur, un ministre provincial ou un maire de ville, de refuser de répondre à une interpellation de l’Assemblée provinciale ou à une invitation de la justice, dans le cadre de l’exercice de ses fonctions, simplement parce qu’ils sont bénéficiaires d’une garantie d’inamovibilité ou d’intouchabilité de la part de leurs autorités tutélaires à Kinshasa !
Ce phénomène, non seulement il amenuise la capacité de contrôle parlementaire au niveau provincial, mais aussi il occasionne la complaisance, la paraisse et les servilités dans le chef des protégés provinciaux.
Il est intolérable, dans un pays où 19 provinces sur 26 sont rurales et sous développées, que certains Gouverneurs nouvellement élus et investis sur ordonnances présidentielles, passent près d’un mois à Kinshasa, négociant la protection et la longévité de leurs fonctions.
Il est temps que le Chef de l’État, garant du bon fonctionnement de toutes les Institutions de la République, s’investisse avec la dernière énergie, pour mettre fin à ce phénomène des « hommes forts de Kinshasa, afin que seules les institutions du pays demeurent fortes, car les hommes finissent par passer nonobstant leur force. J’ai dit !’’.