Mon époux féroce, mon mari atroce,
C’est moi l’hirondelle dont tu as coupé
Les ailes, privé du ciel et de l’odeur du miel.
C’est moi le champ dans lequel tu sèmes
Les grains de douleur sans repos, sans répit.
Assez ! Je ne serai plus cette ritournelle
Que tu chantes avec maladresse.
Violence à l’aurore, violence au crépuscule.
Ma paix à l’agonie sous ta barbarie infinie.
Âme sœur, au silence je renonce.
Assez mari sauvage ! je te dénonce.
Si je me tais aujourd’hui, demain
On m’appellera morte et toi meurtrier.
Si je me tais, je serai coupable du diable.
J’emprisonne ma peur, je libère ma voix.
Je ne tairai pas mon silence, j’appelle la sentence.
Violence sur mon corps, martyr dans l’âme,
Dans mon cœur, brumes sur mon visage.
Âme sœur, de l’endurance je m’égare.
Je demande soleil, tu me donnes pluie.
Je demande charme, tu m’apportes larmes.
Non ! non ! Non ! J’embrasse ma délivrance.
Regarde-moi la fleur que tu as cueillie
Dans le jardin de mes parents
Je fane au fil de ta cruauté.
Tu me ronges au lieu de m’arroser
Tu me blesses au lieu de me caresser
Tu me fais souffrir au lieu de me faire
Sourire. Tu m’abîmes au lieu
De me sublimer telle une floraison.
J’ai perdu les racines de mes cheveux,
J’ai perdu les dents de ma bouche.
Et ton regard épineux m’a crevé les yeux.
Dans l’océan des coups et blessures,
Tu m’as trempé, j’ai encaissé.
De mes sanglots, tu ne t’es jamais
Rassasié, tu as toujours faim de ma peine.
Violence chaque saison, ma joie en prison.
Je dénonce tes orages qui me hantent,
Mon firmament mérite un arc-en-ciel.
Je dénonce le déluge des coups
Que j’ai reçu de tes mains venimeuses.
Vagues à l’âme, âme écorchée,
J’ai connu. Assez ! Je maudis ta férocité.
Florence Meta
