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Les Universités Américaines vs les Universités Congolaises

Par La Prospérité
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(Par le Prof. Patience Kabamba)

Le Samedi de la semaine dernière, j’avais assisté à une conférence en Anglais avec quelques Américains et un groupe d’étudiants Congolais. La question suivante avait été posée par un des participants à la conférence : “quelle est la différence entre les USA et le Congo ?” La question était tellement vaste et complexe que les américains présents ont tenté d’y répondre chacun selon son domaine. Ma réponse était dans le domaine de l’enseignement supérieur que je connais le mieux. Après avoir fréquenté des universités à travers le monde (Congo, France, Burkina Fasso, Belgique, Kenya, Afrique du Sud et les USA) et du haut de mes deux fois vingt-cinq ans d’âge et une décennie d’enseignement en Amérique, je pouvais quand même répondre à cette question sans dire trop de bêtises. 

Dans mon livre intitulé : A Conglese in Amerca: A Critique of American Capitalism from the stand point of reverse Anthropology, (Lambert Academic Publication: 2022) j’esquisse un peu l’historique de la plus prestigieuse université Américaine, Harvard. Cette dernière fait partie de Ivy League universities, la douzaine d’universités les plus prestigieuses des USA dont Columbia University d’où je suis moi-même un alumni. 

Dans ce MDW, je voudrai reprendre ma réponse à la question ci-haut de manière comparative avec nos universités au Congo sur le plan du contenu des enseignements, des professeurs, et surtout de l’environnement des études. 

Une première différence est que la langue scientifique aujourd’hui est l’anglais. Lorsque vous ne connaissez pas l’anglais, scientifiquement vous êtes un peu handicapé. Les universités américaines, britanniques et australiennes sont avantagées parce que l’anglais est à la fois leur langue maternelle et la langue des publications scientifiques. Un ami américain me disait en plaisantant : “ Everybody is an American by nationality or by desire” (Tout le monde est américain par nationalité par le désir!).

J’encourage beaucoup notre pays à se mettre à l’anglais aujourd’hui car c’est la langue des publications scientifiques avant peut-être de se mettre au Mandarin le siècle suivant !

Sur le plan de contenu des enseignements dispensés au Congo, il n’y a aucune différence entre les universités américaines et les universités congolaises. Les programmes de l’enseignement supérieur au Congo sont calqués sur les programmes belges ou français qui, à leur tour, sont des reproductions des programmes des universités américaines qui sont des leaders dans l’enseignement tertiaire. 

Je pense que les similarités s’arrêtent à ce niveau de programmes car les enseignants aux USA sont rémunérés de manière complétement différente des enseignants au Congo et même dans le reste du monde. En dehors du fait de recevoir au moins 4 fois plus que le salaire des enseignants congolais, les professeurs aux USA bénéficient d’une forte assurance médicale et surtout d’un système de tenure pour s’assurer qu’ils ne perdront jamais leur travail jusqu’à leur pension.

C’est une situation qui donne aux professeurs américains un confort et une assurance qui leur permettent de se dédier à la recherche et à l’enseignement avec beaucoup d’aplomb. Le revers de la médaille est qu’ils sont devenus une caste à part qui ne sent plus la misère sociale généralisée et ne participe pas aux luttes de la grande majorité des peoples américains paupérisés par un capitalisme sauvage parce que le système de tenure les y a exclu. En revanche, ils sont très performants dans leur métier ; ils sont parfois Prix Nobel, c’est-à-dire parmi les meilleurs dans leur domaine. Imaginez une classe d’une quinzaine d’étudiants enseignée par un Prix Nobel, chacun suivant son rythme de compréhension. Cela est possible parce que contrairement aux universités congolaises, les universités américaines investissent beaucoup d’argent dans les circuits bancaires et sont propriétaires des beaucoup de biens qu’elles reçoivent comme dons par des riches donateurs ou des anciens étudiants devenus extrêmement riches dans la société. Harvard par exemple possède à elle seule un budget de 50 milliards des dollars américains.

A titre comparatif, le budget de l’Etat Congolais a été revu à la baisse à 4 milliards des dollars américains. Les budgets de tous les universités Ivy League mis ensemble équivalent au budget du Portugal ou de l’Irlande. Cet argent sert à  créer un environnement idéal et idyllique pour les étudiants, avec des laboratoires ultra modernes et des fonds pour la recherche sur des sujets de pointes dans presque tous les domaines. Les étudiants sont sur le campus passant le plus clair de leur temps à lire et à assimiler les enseignements des experts. De plus le Ivy League vous donne un nom dans le monde compétitif du marché d’emploi américain. Je me souviens que lorsque j’enseignais a Emory university à Atlanta, pour engager un professer on regardait deux choses : l’université  où il avait obtenu son doctorat (le Ivy League était privilégié) et les personnes qui l’ont recommandé (plus prestigieuse est la personne qui a écrit votre lettre de recommandation, plus de chance vous aviez d’attraper le boulot). B

ref, le nom est important sur le marché d’emploi en Amérique. Les employeurs associent la qualité au nom de l’université de provenance de leurs employées.. Lorsque j’avais pris le poste de directeur de programme d’anthropologie à Utah Valley University, mon doyen est venu assisté à mon cour une seule fois, ça suffisait car la réputation de Columbia University me précédait. Les étudiants cotent les professeurs à chaque fin de cours et cette  cote est prise  au sérieux parfois. 

Les professeurs dans des universités congolaises galèrent car ils ne sont payés qu’une fraction de ce qu’on leur devait pour faire des recherches et dispenser un enseignement de qualité. Pour remédier à cette situation, ils recourent à des méthodes parfois non-orthodoxes de vente des syllabus (aujourd’hui interdite par le ministre de tutelle) et par d’autres formes de pressions sur les étudiants. La grève est la forme la plus radicale de nos revendications, mais nous sommes en face des gouvernants qui ne tiennent pas parole si leurs postes ne sont pas menacées.  En donnant de l’argent aux professeurs ou des faveurs sexuelles, les étudiants s’empêchent d’assimiler les matières. 

Nous devons noter, cependant que toutes les universités congolaises ne sont pas logés dans la même enseigne. L’université de Kinshasa est différente de l’université de Lodja. Même au sein d’une même université il y a parfois des différences criantes. Un ami me disait en plaisantant, lorsque vous arrivez à l’université de Kinshasa en entrant par la grande porte, vous vous trouvez devant le bâtiment administratif. A votre gauche se trouvent les facultés de droits, économie, sciences politiques et administratives, relations internationales,… et à votre droite la polytechnique, la faculté des sciences, la faculté de médecine. L’ami me disait qu’à gauche on est à l’université de Kinshasa avec toutes ses tares (corruption de toutes sortes et enseignements bâclés) et à droite on est Lovanium qui essaye de devenir compétitif au niveau mondial grâce aux efforts du recteur Kayembe et des autres membres du comité de gestion. (Notons que c’était une plaisanterie !)

Pour conclure, nous disons que le Congo devrait envisager son avenir en formant des personnes qualifiées prêtes à transmettre un savoir de qualité aux jeunes intelligences congolaises. Une population éduquée est une richesse qui vaut plus que de l’or et du diamant pour l’avenir de notre pays. Comme toujours l’espace nous empêche de continuer notre comparaison qui n’est pas raison, comme le dit le dicton.

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