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Massacre de Gatumba/RDC : la Communauté Banyamulenge réclame justice !

Par La Prospérité
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*18 ans après. Gatumba, un  massacre hideux. Un souvenir, à la fois, aigre, douloureuse  et inoubliable. Tout en se disant  qu’elle est résolument engagée dans la voie de la paix et de la réconciliation sans laquelle le développement ne saurait être envisagé, la Communauté Banyamulenge hausse le ton. Dans un discours ferme, tel que prononcé ce samedi 13 août 2022,  dans la Grande salle de Notre Dame Reine de la Paix, à la  lisière de la Gombe,  par M. Mukiza M. Charles, Président de cette Communauté Banyamulenge  à Kinshasa,  plaide, entre autres,  pour l’identification des auteurs du massacre de Gatumba et exige des sanctions exemplaires.  Très visiblement, Azarias Ruberwa, Ancien Vice-Président de la République et Président du RCD,  Moïse Nyarugabo, Député National et ancien Ministre de l’Economie nationale,  ainsi que tant d’autres personnalités issues de cette Communauté Banyamulenge étaient là, lors de cette affligeante   commémoration.    

Principales revendications

‘’Presque deux  décennies après, nous continuons à demander que notre pays la RDC s’élève en première position pour nous rendre justice. Le Burundi ou la Communauté Internationale sont aussi compétents pour le faire. Prendre en charge les victimes qui sont toujours dispersées dans plusieurs pays de la région des grands lacs. Rétablir l’autorité de l’Etat sur les Hauts et Moyens Plateaux de Fizi, de Mwenga et d’Uvira. Eradiquer les groupes armés locaux et étrangers.  Identifier les commandants militaires « mafieux » ou haineux affectés dans cette zone et les remplacer par d’autres afin de favoriser l’implémentation de la vision du Chef de l’Etat visant la pacification de l’Est de la RDC. Organiser le retour des déplacés  internes notamment, toutes les communautés confondues, dans leurs villages, tout  en leur assurant la sécurité nécessaire ainsi que le minimum pour leur installation.  Assister la population en vivres et non vivres Condamner et sanctionner les auteurs des discours et actes d’incitation à la haine et à la violence’’, a-t-il précisé en termes des principales revendications.

LPM 

Allocution de M. Mukiza  M. Charles,   Président de la communauté Banyamulenge/Kinshasa

Honorables, Excellences, Distingués invités, Mmes et Mrs,

Ce samedi 13/08/2022, nous venons de totaliser 18 ans, jour pour jour, à partir du 13/08/2004, date à laquelle s’est commis le massacre de Gatumba au cours duquel des réfugiés Congolais au Burundi ont été cruellement tués. En effet, des membres de la Communauté Banyamulenge, mais aussi des Communautés Babembe, Bafuliru et Barundi se sont réfugiés au Burundi, en 2004 pour la plupart, fuyant des hostilités qui avaient élu domicile en province du Sud-kivu. Les autorités du pays d’accueil, le BURUNDI, ont installé ces infortunés dans différents sites dont celui de GATUMBA.

Dans la nuit du 13 au 14 août 2004, un commando génocidaire composé, selon les témoignages, des FNL Palipehutu, des Interahamwe et des Maï-Maï  a fait irruption dans le camp tuant à l’arme à feu et à l’arme blanche hommes, femmes et enfants et brulant leurs corps dans leurs abris de fortune. Ces bourreaux ont procédé à la sélection de leurs victimes jusqu’à atteindre un nombre de 152 morts et une centaine des blessés de la Communauté Banyamulenge. 14 autres victimes étaient des Babembe trouvés dans les mêmes tentes que les Banyamulenge. La manière dont les faits se sont déroulés au moment de l’attaque ainsi que les slogans scandés par les bourreaux prouvent que ladite attaque visait de manière distincte les Banyamulenge et répondait de toute évidence à des motivations ethniques et politiques.

Par la suite, le FNL PALIPEHUTU, groupe rebelle Burundais, a revendiqué ce massacre. Selon les témoignages, les tueurs ont traversé nuitamment la rivière RUZIZI vers la RDC après leur forfait. Des corps calcinés, comme vous l’avez vu dans les images, ont été inhumés en présence, notamment, du Président burundais, des représentants du Gouvernement de la RDC, des représentants de la mission onusienne au Burundi ainsi que du HCR. Plusieurs rapports y relatifs ont été produits entre autre le rapport conjoint de la MONUC, de l’ONUB (Opération des Nations Unies au Burundi) et du Haut-Commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme au Burundi, Rapport du 05/10/2004, dans lequel il ressort clairement (p.4) que les victimes directes ou indirectes, sont les membres du groupe ethnique Banyamulenge qui ont été visés uniquement parce qu’ils sont Banyamulenge.

Selon le même Rapport à la page 15, il y avait des signes avant-coureurs de ce massacre. Ce rapport indique que quelques jours avant le massacre des tracts avaient circulé « incitant à des attaques contre les Banyamulenge ». Les agresseurs auraient également scandé des slogans tels que « nous ne voulons pas que les Banyamulenge rentrent en RDC ».

Honorables, Excellences, Distingués invités, Mmes et Mrs,

Face à cette tragédie et au caractère sélectif de ces tueries, plusieurs personnalités ont condamné ce massacre et ont assuré aux rescapés de ne ménager aucun effort en vue de la mise sur pied d’une commission internationale d’enquête dans le but d’identifier les responsables et de les sanctionner.

Les déclarations et la détermination de différentes autorités, notamment le Président de la République du Burundi, le Vice-Président de la République du Congo et la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations-Unies au Burundi, témoins de ces évènements macabres, avaient suscité au sein de la Communauté Banyamulenge, victime des massacres à répétition, l’espoir de voir cette question prise en charge par la justice. Dix-huit ans après ce massacre, il est regrettable de constater que les attentes de la Communauté Banyamulenge en ce qui concerne la justice sont loin d’être rencontrées et, pire encore, elle assiste impuissamment à son déracinement et à l’extinction de son tissu socio-économique qui constituait les ressources d’un grand nombre des rescapés.

Honorables, Excellences, Distingués invités, Mmes et Mrs,

Au moment où nous commémorons cette tragédie, les hauts et moyens plateaux de Fizi, de Mwenga et d’Uvira continuent d’être objet d’actes de tueries et de pillages de bétail orchestrés par des groupes armés locaux, les Mai Mai en collaboration avec des groupes étrangers, les Red TABARA, avec la complicité des quelques éléments ou unités des FARDC.

Dès la dernière commémoration à ce jour, plusieurs dizaines d’attaques armées conduites par les groupes précités ont été dirigées contre les villages de Kabingo, Monyi, Gakenke, Kwirumba, Biziba, Rugezi, Bwegera, Mutalure, notamment, au cours desquelles plus de 50 personnes ont été tuées et d’autres blessées. Récemment, ce climat d’insécurité des Banyamulenge a pris une tournure désolante en embrasant presque toute l’étendue de la République. Vous avez suivi ce qui s’est passé dans des lieux tels que Kindu, Goma, Kalemie et même Kinshasa, la capitale, pour ne citer que ceux-là. En effet, suite à des discours de haine et d’intoxication contre les Tutsi dissimilés dans des médias et réseaux sociaux par quelques acteurs 4 institutionnels, sociaux et politiques, beaucoup de personnes à faciès nilotique ont été molestées, leurs biens détruits ou pillés.

Le lynchage du Major KAMINZOBE à Fizi, officier supérieur des FARDC, en mission de service et de Mr Ntayoberwa à Kalima, le cannibalisme dont leurs corps ont été objets après avoir été découpés en morceaux, calcinés et puis mangés ont constitué le comble de désolation de cette haine viscérale. A ce propos, notre Communauté a accueilli avec soulagement les mesures qui ont été prises par le Gouvernement instruit par Son Excellence Monsieur le Président de la République condamnant et sanctionnant les discours de haine ainsi que leurs auteurs dont certains ont été directement arrêtés et mis en prison, avec l’espoir que les informations faisant étant de leur relâchement ne soient que des rumeurs.

Nous déplorons le fait que beaucoup d’autres auteurs connus de ces discours de haine tribale continuent à trouver de l’espace dans les milieux politiques en s’appuyant sur la corde du populisme au lieu d’être marginalisés une fois pour toutes. C’est ici aussi l’occasion de rappeler la plainte rédigée par un collectif d’avocats congolais contre des personnes bien connues, plainte relative aux discours de haine et actes d’incitation à la haine tribale déposée auprès des institutions judiciaires de la RDC.

Nous demanderions que le Procureur de la République, notamment, s’en occupe sérieusement.

Nous félicitons aussi le courage de certains compatriotes des autres Communautés, notamment voisines, qui, face à l’extrémisme d’un grand nombre d’acteurs politiques et sociaux qui intoxiquent l’opinion tant nationale qu’internationale à travers les réseaux sociaux notamment, prennent des positions claires et conciliantes en assumant de partager notre croix et de prôner l’acceptation mutuelle. En effet, à partir de 2017, un plan de déracinement de notre Communauté a été systématiquement déclenché et se poursuit au jour d’aujourd’hui où le reste de la population Banyamulenge, à la suite de l’insécurité généralisée, ne vit que dans des îlots, le grand nombre des Banyamulenge 5 se retrouvant actuellement dans des camps des refugiés à l’étranger  notamment,  dans des pays limitrophes.

A ce jour, le bilan de ces évènements malheureux affiche des statistiques de pertes en vies humaines de l’ordre de 1000 personnes tuées, 480 villages incendiés, 500.327 têtes de bétail razziées, 132 écoles détruites, et 51 structures sanitaires détruites.

Depuis le 13/08/2004 jusqu’à ce jour, le grand étonnement de la Communauté Banyamulenge est le silence, l’inactivisme et voire même la complicité des Institutions nationales ou internationales sensées rendre la justice à la mémoire des victimes et des rescapés de massacre de Gatumba.

Honorables, Excellences, Distingués invités, Mmes et Mrs,

Pour terminer, nous disons que ce rendez-vous est une occasion qui nous est offerte nous tous qui y avons répondu d’élever nos voix qui disent NON et PLUS JAMAIS de tel massacre à l’endroit des Congolais, quels que soient leur appartenance tribale, le lieu où ils vivent ou leurs convictions. Il est à noter que malgré ces événements macabres qui arrivent à notre communauté, elle déclare demeurer loyale vis à vis du Gouvernement de la RDC.

Elle réitère encore son soutien aux Institutions de la République et compte sur elles pour le rétablissement de la paix dans les Moyens et Hauts Plateaux. Néanmoins, en cette commémoration, la Communauté Banyamulenge continue de demander ce qui suit :

1. Identifier les auteurs de massacre de Gatumba et les sanctionner. 6 Presque 2 décennies après, nous continuons à demander que notre pays la RDC s’élève en première position pour nous rendre justice. Le Burundi ou la Communauté Internationale sont aussi compétents pour le faire.

2. Prendre en charge les victimes qui sont toujours dispersées dans plusieurs pays de la région des grands lacs ;

3. Rétablir l’autorité de l’Etat sur les Hauts et Moyens Plateaux de Fizi, de Mwenga et d’Uvira ;

4. Eradiquer les groupes armés locaux et étrangers ;

5. identifier les commandants militaires « mafieux » ou haineux affectés dans cette zone et les remplacer par d’autres afin de favoriser l’implémentation de la vision du Chef de l’Etat visant la pacification de l’Est de la RDC;

6. Organiser le retour des déplacés, internes notamment, toutes les communautés confondues, dans leurs villages en leur assurant la sécurité nécessaire ainsi que le minimum pour leur installation ;

7. Assister la population en vivres et non vivres ;

8. Condamner et sanctionner les auteurs des discours et actes d’incitation à la haine et à la violence.

A travers ces vœux, la Communauté Banyamulenge dit qu’elle est résolument engagée dans la voie de la paix et de la réconciliation sans laquelle le développement ne saurait être envisagé.

Que le Tout-Puissant garde notre pays et ses dirigeants, qu’Il garde le peuple congolais et que la paix et la justice soient reconnues à tous.

JE VOUS REMERCIE.

Mukiza M. Charles Président de la Communauté Banyamulenge/Kinshasa

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