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Joseph Kabila repensé : Le Méta-Leader architectonique et la négation de son œuvre par ego-narcissisme politicien

Par La Prospérité
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Joseph Kabila Kabange, ex-Président de la RDC et Sénateur à vie

Imhotep Kabasu Babu K., Libre Penseur

*Extrait du chapitre 3 intitulé : « Le Profil Psycho-politique et la Socialisation Politique de Joseph Kabila ». Essai inédit intitulé L’Esprit du Pouvoir et le Pouvoir de l’Esprit en RDC. Tome II, du Libre-penseur I.K.B Katulondi.

Joseph Kabila Kabange est une énigme. Elle doit encore être décryptée en profondeur pour une meilleure intelligibilité de ses logiques du pouvoir ainsi que son mode opératoire, en tant qu’acteur historico-politique. Cette démarche est impérative surtout pour une meilleure compréhension de la prouesse des mutations architectoniques des dernières 18 années. En substance, J. Kabila est le méta-leader de la refondation de l’Etat Congolais républicain moderne (après la double catastrophe historique de 1960-1965 et la monocratie ruineuse de 1965 à 1997) dont l’économie a produit $40 milliards de richesses nouvelles en PIB en 18 ans – dans le seul pays africain qui avait atteint une croissance négative de – 13% en 1993. Cet accomplissement historique a été réalisé concomitamment avec la réalisation de la démocratisation que trois générations de politiciens avaient échoué de matérialiser. L’apothéose de son œuvre est l’alternance constitutionnelle et pacifique au sommet de l’Etat, après 58 ans d’indépendance. De 2001 à 2018, J. Kabila a été le méta-leader, l’agent propulseur transcendantal, d’une dynamique historique et politique reconstructive multi-systémique rarissime en Afrique. 

Au-delà du négationnisme découlant des irrationalités politiciennes et inepties partisanes aussi aveuglantes que « zombifiantes» (pour reprendre l’expression fort pertinente de l’illustre Philosophe et Théologien Congolais Ka-Mana), il s’impose un effort intellectuel et scientifique national de la théorisation de cet opérateur politique et ses accomplissements pour leur compréhensibilité universelle. Nous devons intelligemment nous expliquer à nous-mêmes et expliquer au monde (au-delà de nos propensions émotives abrutissantes) nos exploits dans un contexte où le Congo est capté, par imagerie internationale stéréotypée tel que le souligne Dunn (2003), comme la terre des catastrophes permanentes. Le pays de l’éternel désastre politique que les passionnés du « Congo bashing » maintiennent dans l’imagerie inoxydable du « Cœur de Ténèbres » (Heart of Darkness de Joseph Conrad). L’historiographie et la politologie négativiste, voire la narration journalistique caricaturale sur nos leaders et sur notre pays du genre de celle fournie par David Van Reybrouck (2014), méritent d’être éclipsées par nos propres démarches illuminatives puisant dans l’arsenal épistémique contemporain.         

A la lumière de ce qui précède, la question saillante est : comment Joseph Kabila à qui on ne donnait aucun fragment de chance en 2001 pour rester au pouvoir même pendant six mois, a-t-il su réaliser une si immense œuvre politique, économique et sociétale dans un pays qui était plongée dans les affres de la Guerre Mondiale Africaine ? 

A cet effet, ce chapitre va d’abord cogiter sur l’incompréhension dont J. Kabila est victime de la part de certains politiciens. A cet égard, le cas J. Kabila incarne la preuve la plus implacable et la plus cinglante du miracle politique, car ce qu’il a réalisé échappait à toute prophétie ou projection en 2001. Cet axe souligne que l’histoire et la politologie congolaise démontrent, au-delà du négationnisme politicien et populiste, que J. Kabila est un acteur politique refondateur dont les accomplissements sont restructurant au plan systémique. Le deuxième rayon du chapitre examine l’idiosyncrasie politique de J. Kabila. Il éclaire son profil psycho-politique en rapport avec sa mission historico-politique. Cet aspect est d’autant plus capital qu’il est argumenté dans ce chapitre que c’est aussi le fait qu’il n’a pas été un « sujet psycho-politique zairianisé », c’est-à-dire exposé au processus d’intériorisation de l’Esprit du pouvoir monocratique, qu’il a été en mesure de vaincre les pesanteurs des politiciens porteurs des tares du pouvoir zairoitique. Cela lui a permis de drainer la nation vers la réalisation de la démocratie régénérative.

 Le troisième axe du chapitre se penche sur une dimension de J. Kabila qui a été sous-estimée : le processus de sa socialisation politique. Ce segment du chapitre argumente que J. Kabila a connu une structuration et un remplissage mental idéologique, psychologique, intellectuel et politique l’ayant apprêté à la complexe mission de la haute portée historique qu’il devait assumer au cœur de l’Afrique. Le dernier axe de ce chapitre est lié aux deux pistes précédentes. Il cerne le pragmatisme ou le réalisme de l’Esprit de J. Kabila comme étant à la fois le produit de son profil politique et de la socialisation politique exogène. La focalisation sur l’essentiel, le fondamental, est le trait de cet Esprit politique porteur de la passion sur ce qui est déterminant à la démocratisation, la refondation de l’Etat, la relance économique, sans se laisser plomber par les pulsions primaires des politiciens producteurs des crises infécondes.            

La philosophie de chapitre et des autres qui vont suivre sur l’acteur politique J. Kabila et ses accomplissements architectoniques, est qu’il existe des matériaux théoriques explicatifs de ces phénomènes. Rien ne s’est déroulé au hasard, par chance. Même l’expression « miracle » utilisée ci-dessus est une métaphore. Elle signifie un accomplissement dont nous ne comprenions pas la causalité. Nous ne pourrons accélérer notre navigation vers les autres phases des accomplissements meilleurs, que si nous produisons un entendement adéquatement intellectualisé, ou théorisé de nos expériences. C’est une nécessité épistémique pour en éviter les écueils, tout en capitalisant leurs valeurs ajoutées, sans état d’âme, sans parti pris partisan. 

3.1. Le méta-leader refondateur incompris à cause de l’égotisme politicien prédominant en RDC

Considéré à tort en 2001 comme un fugace néophyte de l’AFDL, J. Kabila s’est révélé un avatar politique Lumumbiste de très haute portée mutationnelle en RDC. D’un profond impact reconstructif polygonal, J. Kabila est entré dans l’histoire comme le seul président porteur de l’unique double impacte structurant et durable ayant traversé deux régimes de 2001 à 2018 et à partir de 2019 dans la dispensation de l’alternance. Il a impacté la psyché, l’intellect, l’histoire, le système politique, l’existence sociétale ainsi que la destinée de la nation. Le producteur indubitable d’un authentique miracle historico-politique de la reconstruction multi-systémique la plus durable en RDC.

 L’acteur politique J. Kabila est incompris, voire non apprécié à sa valeur historico-sociétale et reconstructive objective et juste, principalement à cause de l’égotisme-narcissique de certains politiciens Congolais. Dans le parler Kinois on entend souvent affirmer « Congolais a ndimaka mutu te » (le Congolais ne reconnait jamais le mérite de l’autre). Il leur est extrêmement difficile, dans ce nombrilisme débilitant, d’accepter qu’un congolais qu’ils considéraient avec impudence comme un « outsider » réalise ce que leurs pères ont échoué de matérialiser depuis 1960. Porteurs d’une illusion de messianisme politique, ils considèrent qu’eux seuls sont auteurs de bien. L’autre, qu’ils ne se donnent pas la peine de connaitre même en substance relative ; l’autre déjà pré-condamné au poteau de leur nombrilisme aveuglant, est sculpté dans la psyché collective comme l’incarnation du mal incurable. Ce stratagème politique, manipulant le populisme ambiant, surtout avec l’esclavagisme mental aux réseaux sociaux, est conçu pour se brandir comme le sauveur de la société, méritant seul le monopole du pouvoir – monocratique et expansif. Même après la célébration de l’alternance dans l’euphorie généralisée, scandant le miracle de J. Kabila qui a surpris les Congolais et le monde en acceptant qu’un membre de la tribu Luba du Kasaï accède au pouvoir, ce qui était une impossibilité, voire prohibitif dans l’imaginaire congolais, le négationnisme anti-kabila est revenu au galop. A cet égard, cet essai est une contribution à une (ré)conceptualisation de l’acteur politique J. Kabila, ayant la finalité d’aider à avoir un captage froid (une intellectualisation assainie) par le moyen des matériaux théoriques transversaux.

Cependant, contre le négationnisme politicien et populiste, dans une historiographie et une politologie objective, J. Kabila a fini par éclore comme l’architecte et le bâtisseur de la démocratie régénérative et le reconstructeur de l’économie replacée durablement sur la rampe du décollage vers l’émergence – à son époque projetée à 2030. Des accomplissements que trois générations de politiciens congolais de 1960 à 1997 échouèrent de réaliser – faut-il rappeler. Pourtant en 2001 lorsque le jeune Général-Major Joseph Kabila accédait à la présidence de la République, toute projection, voire toute prophétie, de sa production de l’alternance démocratique en 2019 aurait été taxée d’élucubration démentielle. Avec des préjugés dénués d’une exploration objective de la trajectoire formative idéologique, politique et militaire du nouveau président, beaucoup de Congolais ego-narcissiques et nombrilistes, et même la communauté internationale, le jugèrent au rabais.

 En effet, en 2001 qui aurait, même par un fragment d’imagination ou par un extraordinaire talent de fiction romanesque, envisagé une telle éventualité d’une portée historique architectonique inédite après 58 ans d’indépendance ? Cette projection aurait été qualifiée de chimérique d’autant plus qu’elle aurait porté la suggestion que J. Kabila allait détenir le pouvoir pendant 18 ans ! Une telle prophétie aurait fait bruler son auteur vif, le corps lacéré, sur le poteau de l’infamie par une fulminante opposition qui faisait déferler sur J. Kabila des imprécations furibondes. Mais, l’histoire et la société ont leurs propres alchimies. Après 18 ans de pouvoir J. Kabila a rendu possible l’accession de l’UDPS à la présidence de la République. Et, comble de l’ironie de l’histoire, c’est le fils du lider maximo Dr Etienne Tshisekedi, qui jadis ordonnait à ses militant chauffés à blanc : «bukanga ye buzongisa ye na Rwanda »[1], Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui est président de la République. Et cela après 38 ans d’opposition et 36 ans de combat de l’UDPS. Et plus que n’importe quel autre parti politique, voire n’importe quelle autre tribu, sous J. Kabila l’UDPS et les politiciens de la tribu Luba du Kasaï Oriental, pratiquement d’une même contrée, ont eu successivement deux premiers ministres (Samy Badibanga et Bruno Tshibala) et un Président de la République. Ensuite, en 2019, pendant plus de quatre mois la RDC a été gérée par un président de la République (F. Tshisekedi) et un Premier Ministre (B. Tshibala), tous deux Luba du Kasai et membres de l’UDPS ! Comme les Kinois le racontent, dans leurs abondantes anecdotes politiques, avec foisonnement imaginatif, même le Marechal Mobutu aura été complément surpris dans sa tombe au sujet du transfert civilisé du pouvoir à la tête de l’Etat après 58 ans d’indépendance avec un président et un premier ministre UDPS, tous deux membres de la tribu Luba du Kasaï Oriental, en début 2019 ! Mais, ajoute-t-on dans ces récits populaires, le léopard-maréchal aurait finalement secoué la tête (faisant même bondir sa toque de léopard sur son crane),  en s’exclamant : « apesi bokonzi na moluba ya solo?»[2] Il était impossible dans l’imaginaire des Congolais d’envisager un Muluba du Kasaï Président de la République.

 Cependant, il n’y a pas que la prophétie de l’alternance qui aurait été qualifiée de chimérique en 2001. La projection de la réalisation de la démocratisation reconstructive concomitamment avec la reconstruction remodelée d’un Etat effondré et disloqué (collapsed and dislocated state pour puiser dans la typologie du Professeur Robert Rotberg de l’Université d’Harvard) et la relance de l’économie, étaient également hors du champ du possible en RDC en 2001. Aucun élément, aucun facteur, aucun indicateur, ne permettait d’effectuer une telle projection en 18 ans ! Néanmoins, dans son ouvrage « Joseph Kabila et la Reconstruction Réinventrice du Congo : Défis et Prospective (L’ Harmattan, Paris, 2010) en 2010, l’auteur avait projeté un PIB de $50 milliards en 2020 (Katulondi, 2010 : 253). Mais en 2001, avec un PIB de $7 milliards, la possibilité d’un cheminement économique plaçant la RDC sur la piste de l’émergence en 2030 (réalisation devenue impossible avec les contradictions-contractions de l’ère de l’alternance) reposait sur la pointe d’une épingle. Avec une nation divisée, un Etat en faillite et disloqué, une économie en lambeaux, une société traumatisée et déboussolée par la seule « Guerre Mondiale Africaine », l’horizon d’une RDC démocratisée ayant réalisée trois cycles électoraux, une économie en évolution vers l’émergence, était absolument invisible…

Imhotep Kabasu Babu K

Libre-penseur et Ecrivain


[1] Arrêtez-le pour que l’on le retourne au Rwanda.

[2] Il a vraiment transféré le pouvoir a un membre de la tribu luba du Kasaï !

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