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RDC : la démocratie a besoin d’une Opposition

Par La Prospérité
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(Par Jean-Marie Mutamba Makombo, Professeur Emérite à l’Université de Kinshasa)

Un correspondant m’a posé une question d’actualité, la question de savoir s’il était légal que des députés qui venaient à peine d’être élus aux élections de décembre 2023 sur les listes présentées par l’Opposition tournent aussitôt casaque et déclarent soutenir le Pouvoir. De même des députés élus sur la liste du Pouvoir qui déclareraient embrasser l’Opposition parce qu’ils n’ont pas obtenu satisfaction auprès du Pouvoir. Je n’ai pas su quoi lui répondre, et me suis contenté de dire que c’était de la compétence de la Commission constitutionnelle. A elle de se prononcer et de statuer.

Pour moi, ces politiciens qui bradent la confiance des électeurs sont des gens sans conviction, de vils opportunistes à la recherche de prébendes et de mangeoires.

Ma conviction est que notre démocratie a besoin de « critiques constructives », bien que nos compatriotes congolais n’aiment pas la critique, ni la contradiction. Formulez une critique objective, et vous vous serez fait un ennemi juré.

Tirant les leçons du passé, le Constituant a retenu dans l’article 8 de la Constitution une loi organique pour déterminer le statut de l’Opposition politique. La loi a été faite.

Mais, pensez-vous qu’on a désigné « chef de l’Opposition » le chef du parti qui a le plus d’élus ? Nenni.

On a préféré des concertations entre les partis à l’Assemblée nationale en vue d’un vote. Finalement on n’a pas réussi à désigner le chef de l’Opposition.  Et actuellement, c’est le parti Ensemble de Moïse Katumbi qui a le plus d’élus dans l’Opposition ; mais certains d’entre eux viennent de faire défection. Et,  lui-même n’a pas postulé à la députation nationale, et il est contesté pour les raisons que l’on connaît.

Si Muzito a été élu, le poids politique de son parti pose problème. Certains de ses députés ont d’ailleurs déclaré quitter le parti. Fayulu n’a aucun député, et lui-même n’a pas postulé. Que faire ?

Je me félicite que dans son discours d’investiture, soucieux de la cohésion nationale, le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo ait déclaré qu’il exhortera le Parlement d’assurer l’effectivité du rôle de « Porte-parole de l’Opposition » qui sera désigné conformément à la Constitution.

A mon avis, cet homme ou cette femme qui conduira l’Opposition devra jouer un rôle autre que celui de Mende Omalanga avec Joseph Kabila et de Patrick Muyaya avec le gouvernement Sama Lukonde.

Certes, les deux ont été brillants dans leur rôle de porte-parole du gouvernement. Mais le chef de l’Opposition devra constituer un contre-pouvoir. L’Opposition n’est pas une sinécure.

Si minoritaire soit-elle, l’Opposition parlementaire doit être intelligente, courageuse, persévérante, courtoise. Elle doit proscrire les insultes et les coups au bas de la ceinture.

En observant la vie politique française, j’ai toujours été agréablement surpris de voir comment le Gouvernement et l’Opposition se rencontraient à certaines occasions pour échanger et résoudre des problèmes lancinants qui engageaient l’avenir de leur pays. Sera-ce possible chez nous ?

En étudiant la vie politique de la Grande-Bretagne, j’ai été subjugué par l’institution du SHADOW CABINET.

Le Cabinet fantôme organise la stratégie parlementaire de l’Opposition, et permet aux députés d’acquérir de l’expérience. Chaque membre du cabinet fantôme est chargé de surveiller et critiquer l’action d’un ministre du gouvernement. Les membres du cabinet fantôme sont généralement appelés « ministre fantôme du ministère surveillé ».

Cette institution pourra-t-elle nous inspirer ?

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